Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend193. Aan zijne ouders. (K.A.)*De brieven heb ik gekregen door Jacob Moll. ‘Le subjet de sa subite depeche a esté touchant la flotte espagnolle, de laquelle nos maistres desirent avoir au plustost tout ce qu'en avons peu apprendre de plus special. Cela n'est que tres-peu, car depuis le premier alarme pour tout debvoir qu'ayons peu faire, il n'a esté celuy qui nous en aye peu continuer aucune asseurance. Dont on va soupeçonner que les grands orages l'ayent ramenée en Espagne - qui me semble peu apparent par les vents du Ponent qu'il a faict - ou bien les navires Marseillois avec les Maltois et Florentins, passant par le destroict pour faire service devant la Rochelle, ayent abusé l'oeil des passans, ou peut estre les 30 galeons d'Espagne, qui attendent le retour de nostre flotte du Levant devant Gibraltar. Aujourdhuy | |
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certes il vient nouvelle par le rapport de certain homme de marine eschappé de la prinse de son vaisseau, que 30 grands navires espagnolz à son depart leverent l'ancre de devant Belle-Isle en Bretaigne, tenans la routte de la Rochelle. Je m'en rapporte à peu de jours de patience, pourveu qu'on ne desseigne (?) rien adversus Batavos meos, comme il ne semble. Je vous reconnoy grandement curieux de ce qui se resoult en cette cour. De cela quelques miennes dernieres vous pourront avoir satisfaict. Le Roy se retient grandement depuis ces derniers mouvemens et va esquivant le discours de ces matieres envers tout le monde. Le Prince demeure tres-animé à mener l'armée en personne, et sur ce subject n'a cessé de conferer avec ceux du Conseil durant l'absence du Roy, son pere, qui, selon l'advis de partie du Conseil, n'entend rien remuër davantage, premier que PorterGa naar voetnoot1) revienne d'Espagne. Iceluy par certain desastre survenu, s'estant arresté quelques jours à Calais, n'a laissé de poursuivre son voyage, accompagné de certain autre gentilhom me, pour si sa foiblesse ne lui permettoit de passer outre. Voilà où on en est pardecà. S'il faut que j'y adjouste mon advis, c'est que si l'Espagnol ne trouve l'heure à propos pour rien rompre avec ces couronnes, il ne manquera de pretextes à la filer à son appetit, selon que desjà le specieux rapport de l'agent CottingtonGa naar voetnoot2) a commencé à operer dans la cervelle du Roy. Nostre negotiation est aux termes que passé trois jours je vous manday. Si avons nous apprins par documens palpables que le Roy est porté à nous en porter à une fin, qui me faict esperer, qu'un jour ce bonheur nous arrivera. Ma constitution particuliere me le faict grandement desirer; je manque d'argent et d'habits, et ce parmi une trouppe de jeunes gens, miens semblables, qui s'accommodent terriblement bien contre l'hyver, avec leurs draps d'Angleterre couverts de clinquants et gallons, les manteaux à près de l'espaule, et je ne sçay quelles extravagances encor. Les livrées des varlets en vont à l'advenant, voire au parangon d'aucun seigneur à la Haye. Les parents auroient de la peine à reconnoistre leurs filz. Mais helas vous ne trouverez point nullement de ces masques sur le vostre, qui seroit tres-content de ne point trembler en sa disette, où les autres suent soubs le faix de leurs superfluitez. Je me soustiens donc du mieux que je puis, esperant de pouvoir patienter jusqu'à tant que soyons de retour, et apres liquidation de compte puissions veoir s'il y restera rien de mes travaux qui suffise à m'affranchir de la necessité. De Londres, ce 4e de Novembre 1622. |
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