Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend182. Aan zijn vader. (K.A.)*Je pense que par mes derniers adviz vous aurez apprins comme quoy nous nous trouvions accrochez sur le faict de l'invasion de Banda; ce mesme subjet nous a faict perdre plusieurs sessions pour neant, si qu'à la fin, considerans que jamais n'en viendrions à bout avec ceux du Conseil - qui ne nous ont encor aidé à terminer un seul point - nous nous sommes advisez de recourrir au Roy, à fin d'obtenir la mesme faveur de son entremise que dernierement il nous octroya avec si bon succez. Pour cet effet nous eusmes audience devant hier, qui fut Dimanche, le 15/25 de ce mois, à Theball, où S.M.té fut contente de nous faire presentement entrer en conference avec les commissaires. Le different y fut plaidé avec tout ce qui d'un et d'autre costé chascun croyoit s'y pouvoir apporter de motifs peremptoires, et ne dura le debat moins de deux heures et demie, jusques à ce que le Roy, considerant la suffisance des preuves par nous produittes pour la cession que soustenions nous avoir esté faicte par les insulaires depuis l'an 1609 et reïterée par diverses fois, par où nostre exploit ne se pouvoit entendre qu'une subjugation de noz rebelles, sans qu'eussions besoing de reconnoistre en ce faict les Angloiz - qui en ces isles suivant le traicté ne pouvoient maintenir ni forteresse, ni factorie apart, et pour ce regard seul se rendoient coulpables et punissables - d'avanture lors de l'invasion s'estants meslez parmi noz ennemiz et peut estre par ce moien renduz ancunement participans aux desordres du combat par la chaleur des assaillants, sans que toutefois il se puisse dire qu'il en soit assommé un | |
[pagina 124]
| |
seul; considerant d'ailleurs par certain extraict des resolutions du commun conseil de defence aux Indes, comme nostre general avoit formellement communiqué son dessein aux Angloiz, à ce qu'ilz eussent à l'assister de leur possible pour le bien commun des deux Compagnies, qui ne se pouvoit, si jamais les nostres eussent eu intention d'endommager les Angloiz; qu'aussi sans nulle exception de prejudice ilz avoient approuvé l'exploict, ne s'excusans que sur le manquement de navires, il pleust à S.M.té de donner lieu si avant à la justice et la raison, que peremptoirement elle improuva le soustenu de ses subjets, declarant qu'ilz auroient avec les nostres à remettre toutes choses en l'estat où elles se trouvoyent à la conclusion du traicté, comme si en effet il n'avoit rien esté de tous ces malentenduz, qui fut nous renvoier avec une aussi pleine victoire que jamais n'en pouvions esperer aucune. Le Grand ThresorierGa naar voetnoot1) - c'est l'homme que j'ose nommer la seule cause pourquoy n'avons vuidé le tout depuis 6 moiz, le plus effronté malignateur que la terre porte - par cet evenement receut un terrible coup d'affront, s'il eust eu du sentiment de honte. Car desjà devant que le Roy se declarast, tous ceux du Conseil le redargoyent en barbe et plaidoyerent en nostre faveur; mais il n'est compagnon pour gueres s'en soucier, et ne doubte qu'il en trouvera sa revenche en l'un ou l'autre point. Mais nous tascherons d'encor retourner au mesme expedient, et desjà le Roy nous a promis une autre semblable conference dans peu de jours, où je m'imagine que ferons encor quelque grand saut de haye. Ainsi je commence à veoir le jour au travers de ces brouïllars et m'asseure que par ce moien les surmonterons en bref. Restera le faict des pescheries grande et petite. Mais ce sont choses qui ne nous font apprehender le coup des represailles, comme ces premieres. Pour le publiq les instances se continuent journellement au Roy par ses plus favoriz pour la guerre contre l'Espagne, et semble qu'il a retranché le terme de ses ambassadeurs à fort peu de jours, pour se veoir esclarciz du faict de la restitution du Palatinat, sur quoy une lettre declinatoire et dilatoire du Roy d'Espagne dernierement arrivée l'a grandement piqué. Dieu vueille que ces esperons luy percent si bien la peau qu'il s'en sera resveillé à bon escient, comme on va esperant de jour à autre. Londres, ce 27e de 7b. (Sept.) 1622. J'adjousteray ici les particularitez de mes nouvelles sur les mescontentements de cette cour au faict de la procedure d'Espagne. C'est que le Roy d'Espagne de sa main propre a escrit à ce Roy qu'il taschera de tout son possible à disposer l'Empereur et l'Infante, sa tante, à la restitution du Palatinat, esperant qu'ilz voudront avoir esgard à ses prieres. En tout esvenement qu'il espere que sa Ma.té sera contente de son debvoir qu'il aura soin de luy continuer pour le bien de son service, n'ayant au reste de soy nul pouvoir dans l'Empire. Voila comment pour comble de la finesse on voudroit volontiers distinguer la maison d'Autriche en l'Empire d'avec celle d'Espagne, asseuré qu'on est que ce royaume a bien moins de pouvoir de faire la guerre à cette là qu'à celle cy. Mais le Roy Jaques n'est pas si ladre qu'il ne sente cette piqueure. Suivant quoy il a chargé son ambassadeur à Bruxelles de sommer l'Infante de faire lever le siege de Heidelberg dans les premiers 7 | |
[pagina 125]
| |
jours et d'arrester la suspension d'armes dans les 7 prochains, et si on y manque, de prendre congé avec declaration que le Roy, son maistre, sçaura se ressentir de cette tromperie. Puis le double de cette depesche s'est envoyé en Espagne, où on mande au S.r DigbieGa naar voetnoot1) que jamais le Roy n'entendra à aucun mariage sans restitution du Palatinat. Plusieurs sont apres à presser le Roy à ce qu'il aye à se prevaloir encor de la saison pour attenter quelque chose sur la flotte d'Espagne à venir des Indes, mais il attend la response de Madrid. Ainsi la cour est ensemble en alteration et irresolution. J'apprehende tousjours que l'Espagnol ne trouve moien de divertir cette fougue, s'il lejuge à propos. Ceci sont adviz de cabinet, et qui en leur qualité vous ferontjuger, qu'il n'appartient d'aucunement les faire esclatter. J'en vriendroy en question, et n'est il en nous d'en haster ou retarder le succez, dont la conduitte est en la main de Dieu. |