Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend181. Aan zijn vaderGa naar voetnoot5). (K.A.)*En cette cour on va concepvoir de jour à autre des esperances de la descouverte des piperies d'Espagne, depuis que le gentilhomme qui a eu charge de par le Roy de pousser et negotier à Rome la dispense, la luy a portée tellement qualifiée de restrictions estranges et conditions impossibles, qu'on s'en est formalisé tres-asprement; à quoy se rapportant la continuation des hostilitez et invasions sur le reste du Palatinat, contre la foy donnée, durant le traicté de restitution, M. le Marquis de Buckingham, induit par le Prince d'nn costé, et d'ailleurs, ce semble, de son propre mouvement, a prins occasion dernierement à Windesore de s'agenouiller par trois diverses fois devant le Roy, pour le supplier de ne voulloir plus longtemps s'aban- | |
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donner à la tromperie d'Espagne, qui desormais s'en va estre par trop manifeste, ains de se prevaloir des forces que Dieu luy a données pour sa seureté propre et le restablissement des siens. Le Grand ThresorierGa naar voetnoot1) a suivi la dessus, à mesme intention, pour lever à S.M.té le scrupule des finances, en cas qu'il voulust serieusement se resoudre. Le Prince par apres n'a voullu nonchaloir de les seconder à son possible. De façon que, quoyque le Roy, sur les remonstrances de sa pauvreté, de la grand' puissance d'Espagne et autres considerations de son humeur, trouvast à propos d'en remettre la deliberation ulterieure à l'arrivée du premier courier de son ambassadeur à Madrid, ce procedé a esté capable de tellement l'esmouvoir, qu'à son arrivée à Londres - où il coucha jeudi dernier, 15e du mois - il envoya querir l'ambassadeur d'Espagne et Van MalenGa naar voetnoot2), agent de Brusselles, et à ce que rapportent des personnes fort qualifiées, les rencontra rudement, si qu'au sortir et depuis tout ce jour un chacun qui l'abordast eust part à son indignation. Nous ne sçavons jusques où engager nostre confiance en ces boutades, que je ne doubte l'Espagnol aura moien d'enerver, s'il juge le temps n'estre encor venu, qu'il puisse seurement rompre avec cette couronne. Toutefois une grand' partie de la cour est contente d'en opiner assez bien, à mesme, comme je crois, que les interests d'Espagne vont permettre que les finesses voyent le soleil. S'il y avoit moien qu'on tinst ce pied sans branler, vous jugerez bien que nostre Estat en debvroit esperer un soulagement signalé, et desjà je ne sçay comment soubs main quelques plus considerables du Conseil du cabinet ont eu soing de nous faire asseurer de leur affection pour le bien de nostre service, requerans serieusement qu'on ne vueille les soupçonner pour espagnolisez. Mais une autre fois peut estre, cet alleure continuant, j'auroy subjet de particulariser ces entrefaictes, qui pour encor doibvent demeurer tres-secrettes, n'y ayant que Son Ex.ce qui par tierce main en reçoive l'advertence. En nostre negotiation nous avons reglé en gros le point de la restitution, et par ce moien les interestz des particuliers, qui ont le plus criaillé, venans à cesser, nous allions nous promettre une plus prompte expedition au reste des controverses, mais certes en les trois conferences que desja nous y avons perduës, j'ay bien remarqué que n'en aurons aucunement meilleur marché. Suivant l'ordre des griefs, les Angloiz à leur tour ont formé leur complainte sur l'invasion et reduction des isles de Banda, exploictée par les nostres l'année passée, en quoy ilz alleguent mille outrages, injustices et inhumanitez leur avoir esté faictes, notamment pour se veoir depossedez de la place de Lontor en la plus grande desdites isles, laquelle ilz soustiennent avoir esté cedée à souveraineté par les inhabitans au Roy de la Grand' Bretaigne dès l'an 1619. Les nostres non seulement refutent et aneantissent cette cession pretenduë par une plus ancienne et generale dès l'an 1609, en vertu de laquelle ilz soustiennent n'avoir consideré en cette derniere invasion que le chastiment de leurs rebelles; ains aussi par reconvention pretendent le fournissement de la moitié des charges dudit exploict, qui suivant le traicté a esté resolu et | |
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executé par l'advis du commun conseil de defense aux Indes. Ce point est plus clair que le jour; si tasche-on de le confondre et embrouïller d'eschappatoires et contradictions si manifestement malignes, qu'à peine pouvons nous croire qu'on aye envie de rien conclurre avec nous. Les indignitez que nous souffrons et avons souffertes si longtemps par la conduitte de certains coquins, eslevez de la bouë aux grandes dignitez qu'à present ilz tiennent, ne se doibt, ni ne peut s'exprimer en ce papier. Tant y a, nostre foiblesse nous defend de rien relever, et pleust à Dieu qu'en fussions une fois dehors, de peur que n'aillons descouvrans de plus en plus. Sans le S.r de Sommelsdijck je ne sçay où nous en serions. Mais certes il est un personnage de grande conduitte, faisant paroistre fort à propos que c'est de sa capacité et discretion en ces secousses. Le publiq l'a tenu si occupé jusqu'à present que je n'ay eu occasion de l'entretenir sur mon particulier et celle que mon pere luy a escritte. Aujourdhuy il me delivra cette responce parmi un tas d'autres lettres à ses amiz; je pense qu'il s'y sera exprimé à vostre contentement. Le contenu de la vostre m'a bien contenté, s'il ne vous semble que vous nous y reconnoissiez par trop absolument redevables de mon sçavoir à luy seul. Mais c'est à luy que je le doibs le plus volontiers, s'il le faut à quelcun; outre ce que de m'approprier à luy de si près, c'est l'obliger plus estroittement à me continuer son soing, dont je ne fay aucun doubte sans cela. Londres, 19e de Septemb. 1622. L'ambassadeur qui est apres la negotiation à Brusselles mande au Roy, qu'il desire estre rappellé d'un lieu, où il void à l'oeil que jamais il n'effectuera rien pour son service’ ..... |
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