Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend177. Aan Dorothea van DorpGa naar voetnoot6). (K.A.)*Songetgien, Vostre voyage de KenenburghGa naar voetnoot7) m'aggrée pour la mesme raison qui vous l'a rendu moins agreable; il est bon d'avoir à faire parfois à des gens d'opinion contraire à la vostre pour se roidir à la defense de chascun la sienne et, par voye de dispute, se descouvrir soy mesme à soy et sçavoir combien c'est que l'on sçait. Puis on aiguise sa trenche à la frotter à l'acier de l'obstination des ignorans; c'est ce qui a donné occasion aux premiers disputes d'escole, ou elles s'appellent les espluschements de la verité. Mais aussi apres l'avoir acquise, il reste le grand point de la pratique qui s'enseigne hors des escoles, ès lieux où pleust à Dieu que jamais la methode scholastique n'eust esté mise en avant, ou au moins exercée avec moins d'aigreur. Cette pratique, comme en touts les chefs de nostre foy, ainsi notamment en ces dernieres controverses, doibt estre la visée et le but de l'exercice, afin que l'ame, s'estant eslancée de tout son pouvoir jusques au plus haut degré de l'election absoluë de Dieu, se regarde par apres au dedans et, asseurée de ce qui est de la racine de l'arbre, en vienne par apres aux fruits, esquelz la dependance du haut avec le bas luy doibt fournir tout le subjet de sa consolation et l'asseurance de son salut. Si apres vostre retour à la Haye mes soeurs vous ont esloigné les apparences du mien, elles vous ont fidelement communiqué mes derniers adviz, que je ne sçauroy desdire pour encores. Le temps de neuf moiz à la verité est tres-long pour une ambassade extraordinaire, mais encor nous consolerions nous en la misere commune de vostre sexe, si au bout de ce terme peussions nous descharger le ventre d'un fardeau si importun. Je n'y voy nulle apparence et en mon particulier toutefois m'appaise des raisons que vous ay souvent alleguées. Cependant de | |
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loing je considere comme spectateur l'effroyable estat de ma patrie et, ne fut que j'esperasse en la providence de l'Eternel pour le regard de la manutention de sa propre cause, la representation de noz mauvaisetez me feroit desesperer de sa merci. Je le prie de coeur, qu'il vous la continuë en vostre particulier, comme je suis d'affection interne vostre ami tres-ami Den Song. Mes baisemains à Mad vostre hostesse avec tous les siens, 't schoone kint devant tous. Je m'attends à la promesse que me faictes de m'aviser des amours de mon bon frere; il me contente infiniment d'entendre l'heureux estat auquel à present se rencontrent tous les troiz vostres. Londres, ce 11e de mon mois (Sept.) 1622. |
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