Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend87. Aan zijn vaderGa naar voetnoot1). (K.A.)*Apres cette derniere audience de Mons.r l'ambassadeur je suis entré en communication avec luy sur le dessein de mon voyage de France. Il m'a dit qu'à raison de la longueur, incommodité et mesmes du danger des chemins, il ne pouvoit croire de faire chose agreable à mes parents en me le consentant. Qu'en tout evenement il trouvoit bon que je l'accompagnasse jusqu'au logis, la ou il avoit intention de faire entendre à Mess.rs les Estats Generaulx et à son Exc.e, comment en cette ambassade il s'est servi de ma personne, avec quantité de bons rapports à mon advantage. Qu'au cas que nos ambassadeurs pour France ne soyent partis à nostre arrivéeGa naar voetnoot2), il fera bien que de par Mess.rs les Estatz je soye nommé secretaire encor de cette ambassade, par ou j'auray occasion de me satisfaire pour ce qui est de la France. Que selon ce qu'il avoit proposé à la Seigneurie pardeça, ilz estoyent entierement portez à une ambassade ordinaire d'un costé et d'aultre, ayants desiré qu'on leur voulust envoyer quelque gentilhomme de bonne maison, qualité, experience, etc., comme de leur part ilz avoyent resolu de faire. Suivant quoy il voyoit moins d'apparence à mon advancement qu'il n'avoit esperé - je remarquay toutefois qu'il ne le tenoit si entierement pour chose inouïe, bien qu'à la portée de ma propre ambition je m'en tienne esloigné, comme sont hauts sur la terre les cieux - et ce à raison de mon bas aâge, etc. Mais que en cas d'agent, il avoit eu tousjours l'oeil sur moy, avec confiance de pouvoir avoir demené cette affaire à mon contentement. Je respondis, comment je consideroye bien que souvent pour entrer en une grand' sale il faloit se baisser par un petit portail, et que pourveu que je peusse me veoir honoré d'une ou d'autre telle petite charge par le publiq, j'en seroye fort content, pour avoir seulement la main à la paste, esperant que, par le moyen de sa bonne faveur et adresse, ce pourroyent estre des commencements honestes à quelque plus grand advancement. Il loua mon dessein et intention la dessus et m'asseura cordialement de son assistence en ce qui se pourroit presenter. Me parla beaucoup sur les apprentissages des jeunes employez en des charges comme cela, etc. A la fin me descouvrit un petit point qui | |
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merite bien la consideration; il me demanda pourquoy je ne voudroye un peu jetter l'oeil sur la place de CaronGa naar voetnoot1) en Angleterre; que la charge en estoit plus aisée que d'aucune autre ambassade, qui seroit justement l'entrée qui me duiroit, notamment au regard de la langue qu'il sçavoit m'estre bien cogneuë; que puisque ni le jugement, ni la capacité, ni la volonté me manquoit, il falloit tacher de se mettre de bonne heure aux affaires à son exemple, etc. Nostre discours fut interrompue par l'heure du disner. Tant y a que je me presume d'avoir acquis en luy un patron et Mecaenas par ce voyage ici, estant venu à cette occasion, comme je luy dis, au bout de mon dessein principal, d'avoir ce bien que de me mettre aucunement en sa cognoissance. Mon pere pourra un peu alembiquer tous ces projets à par soy, jusqu'à tant que soyons de retour; puis nous aurons moyen d'y songer à bon escient. Ne laissons pas de bien esperer et hautement, quanto si può, honestement, car selon la methode de cet homme ici il faut desormais renoncer en ce monde au petit souhait du povre coeur, à qui desire se faire valoir. Dieu pourvoirra à tout. Le negotiation qu'avoit faicte Mons.r l'ambassadeur par devers ces Mess.rs à la requeste et en faveur du Roy de BohemeGa naar voetnoot2) estoit en fort bons termes, et avoit le Senat deliberé de faire declaration de sa bonne volonté sur le secours qu'il avoit dessein de donner à sa Ma.té, quand l'inopiné incident d'une dispute que, par le moyen du premier visir de Constantinople, la Maison d'Autriche mouvoit à cette Republique, ce bon dessein a esté interrompu. Car le Turq ne leur dispute pas seulement les confins de la Dalmatie, mais leur demande promptement six cent mille sequins et une isle pres de Candie, et au refus les menace de guerre. Par ou il n'y a apparence que pour encores ils se desnuent de leur[s] propres moyens au secours dudit roy, à quoy toutefois ilz sembloyent fort portez par les vives remonstrances que leur a faites Mons.r l'ambassadeur sur la consideration de leur propre interest. Rien est à esperer qu'apres avoir surmonté ces difficultez du Turq, ils reprendront serieusement cette matiere en main. Dans le duché de Milan il y a presentement douze mil hommes, la pluspart venuz de Naples, en partie levés sur les lieux. Ilz publient de voulloir passer vers la Flandre; les plus judicieux estiment qu'ilz ont dessein de former un corps avec les trouppes que Spinola doibt lever pour entreprendre le PalatinatGa naar voetnoot3). Arcana horrenda, dum redierimus. |
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