Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend80. Aan Dorothea van DorpGa naar voetnoot7). (K.A.)*Ga naar voetnoot8)SongetgenGa naar voetnoot9). Je me trouve esloigné de vous de beaucoup de journées. Cependant je vous asseure du dedans de moy, qui vous demeure perpetuellement affectioné apres ceux que Dieu | |
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et nature me font honorer autant qu'aimer, je trouve mon grand contentement au resouvenir de vostre amitié, laquelle je voudroye vous pouvoir exprimer combien j'estime. L'occasion ne veut pas que j'en jouïsse en presence; au lieu de cela je desire que les miens en puissent tirer contentement et proufit. Ce sont mes bonnes soeurs que je vous recommande et supplie de leur vouloir servir de salutaire exemple, continuants tousjours parensemble cette honeste amitié que je me vante d'avoir gardé quelques années avec vous. Je souhaitte qu'elles puissent tirer de vous ce que j'eusse desiré qu'eussiez proufité de ma conversation. Prestez leur la main au chemin de la crainte de Dieu, qui est la source de toute vertu, et je m'asseure que vous les trouverez sorties de l'apprentissage de deux honestes et soigneux parents qui n'y ontrien planté que bonnes herbes, qui doibvent s'avancer quelque jour en des fruits saints et salutaires. Je ne touche point au soing que devez avoir de vous mesme, car de vous mesme vous le sçavez; en un mot, faites moy l'honneur de vous resouvenir quelquefois de ces exhortations à gravité et modestie dont je vous ay battu les oreilles si souvent. Si les plus avisez ne s'y conforment, je veux qu'à tousjours mais ma parole soit hors de credit chez vous. Or, ThehenGa naar voetnoot1), Dieu sçait que je soigne de bon coeur à l'avancement de vostre bonne reputation, pour vous aider à la rendre impenetrable à toute sorte de calomnie. Je suis vostre sincere ami, donc je vous parle rondement; si cela vous deplait, j'en dois estre adverti en temps. Voici des pieces mal cousuës que je verse en toute haste environ minuit, mais le contentement de parler avec vous m'oste tout autre souvenir. Kint, ne vous alienez jamais de moy, et que pour si peu de mois je ne puisse trouver du changement en vostre coeur; c'est cettuy la seul que je m'approprie; resolvez du reste comme maistresse du logis, je n'y pretens rien. Mais encor, si peut estre en mon absence l'envie vous prend de vous engager à quelque autre-vous, je supplie, choisissez le un peu selon mon humeur, et vous reglez au petit contentement de celuy qui fait estat de vous continuer une immortelle amitié, mesme apres le jour qui vous aura rendu proprement propre à un mari, car, Thehe, ce me sera un des grands plaisirs de vous pouvoir aller trouver en vostre mesnage, si notamment le chef en soit tel et qualifié comme je vous le souhaitte. Je remets tout à vostre discretion et apprens mon scel desasteure à tout ce que resoudrez. Adieu Kint, j'attendray de vos lettres à Venise. Si vous desirez nouvelles de nostre voyage, enquestez en vous chez nous ou à la Plate, de buermeytGa naar voetnoot2). Den TrelloGa naar voetnoot3), den Van SantenGa naar voetnoot4), den DimmerGa naar voetnoot5) et toute la cabale soit saluée s'il vous plait tres affectionnement en mon nom. Devant touts Mad.e d'EussumGa naar voetnoot6), etc. Mandez moy si avez receu le pourtrait. Adieu, adieu. En haste de Stutgard, au païs de Wirtembergh, ce 18e de May 1620. |
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