1004 A Madamoiselle, Madamoiselle Tiresia Constantia Pijnssen van der Aa.
1Madamoiselle, ma Cousine,
2Avant que recevoir vos lettres du 10e Decembre, qui ne me furent 3 rendues que le 3e du mois present, j'avois entendu les tristes 4 nouvelles du decez de Monsr mon Cousin vostre Pere; dont je sens 5 une plaije profonde dans mon coeur, tant a cause d'un trepas si 6 soudain, que pour la perte d'une personne, en laquelle relujssoijent 7 une singuliere benignité, sincerité, prudence, et d'autres vertuz 8 plus rares en nostre siecle. Toutesfoix, si nous quittons les respects 9 mondains, et tournons l' oeuil vers la volonté divine, tousjours 10 fondée en raison tressolide, nous pourrons de ce mesme subject de 11 douleur tirer nostre consolation, en considerant, qu' aijant conti-12nuellement vescu comme prest à partir de ce monde, il n' á peUEstre 13 surpris par la mort, en aucun mauvais estat de sa conscience, et 14 cependant n' á esté travajllé des longues angoisses, qu' on rencontre 15 ordinairement en ce passage lá: outre qu' il faut croire, au regard 16 des vertuz susdites, que son Createur l' ait absolu, et mis au rang 17 des ames plusheureuses; et ne lairrá jamais d'avoir soing de vous 18 et de toute la posterité d'iceluij. Et en cette confiance je vous 19 supplie de souffrir Chrestiennement ceste affliction avecques moij, 20 qui, en vous baisant treshumblement les mains, demeureraij 21 eternellement,
22Madamoiselle ma Cousine,
23Vostre tresaffectionné cousin
24et treshumble serviteur
25P.C.Hóóft.
26Ma femme et enfans compatissent grandement a vostre douleur, et 27 se recommandent a vos bonnes graces, et a celles de Madamoiselle 28 nostre tante Hellemans, comme moij; qui vous prie aussi de me faire 29 scavoir ce que feu Monsr vostre Pere peut avoir desboursé pour 30 nous a cause de nos proces.
d' Amstredam, ce 5e Janvier, 1640.