Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 155] [p. 155] Le Vallon de.... Lasst, o lasst mein stilles Leben Hier entflieh'n. Louise Brachman. Oui, la vie est plus douce en ces vallons tranquilles, Au bord de ces ruisseaux qui, de fleurs parfumés, Découpent vos jardins en riantes presqu'îles, En golfes embaumés; Et sur ces frais coteaux d'où vous aimez à suivre, Comme prête à voler aux sphères d'Ariel, Quelque nuage errant dont les reflets de cuivre Jaillissent dans le ciel, Lorsque la lune, aux pieds de vos sveltes tourelles, Comme un ballon d'argent, surgit à l'horizon, Et que les blancs lychnis, odorantes ombrelles, S'ouvrent sur le gazon. [pagina 156] [p. 156] Oui, la vie est plus douce ici que dans nos villes. Là, tout s'agite au bruit de nos dissensions; Ce ne sont que clameurs de discordes civiles, Que sourdes passions, Quand, prêt à déchaîner les flots de sa colère, Sous l'Europe, long-temps déçue en chaque voeu, Gronde toujours plus haut le volcan populaire Avec sa lave en feu; Quand la France déjà, dans sa large frontière, S'éveillant en sursaut, comme au son d'un beffroi, Au cri de liberté, ramasse, haute et fière, Le gant de son vieux roi; Quand s'indigne Madrid aux fers; quand l'Italie De ses tyrans s'essaie à rejeter le poids, Et que coule le sang, dans Lisbonne avilie, Pour Miguel aux abois; Quand, à l'entour de nous, tout remue et fermente Pour replacer les droits au niveau des devoirs, Et que des nations va souffler la tourmente Sur l'arbre des pouvoirs. - O! loin de ces rumeurs le poète s'exile; Il faut à son amour le silence des champs. Comme l'oiseau des bois, il cherche un vert asile Pour y chanter ses chants. [pagina 157] [p. 157] Aussi j'aime, le soir, en ces molles retraites Vous guider, jeune femme, en vous disant tout bas Mes longs voeux de bonheur et mes larmes secrètes Et mes tristes combats; Et, dans ces entretiens où s'égare mon ame, Oublier, près de vous, et la vie et ses maux, Tandis que des parfums de rose et de cinname Descendent des rameaux. Août 1830. Vorige Volgende