Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 145] [p. 145] Le Bal. Oh! then remember me. Th. Moore. Jouissez des plaisirs du bal, ô jeune fille! De ses plaisirs si beaux, Avant que l'aube fasse arrêter le quadrille Et pâlir les flambeaux; Avant que le soleil luise, et que votre mère, Aux clartés du matin, Vous apporte, rompant votre douce chimêre, Le manteau de satin. Dans les plaisirs du bal que votre ame se noie, Belle blonde, parmi Les cercles où la valse et s'élance et tournoie Et se brise à demi. [pagina 146] [p. 146] Que tout vous soit bonheur et joie, ô jeune fille! - Mais, vous parlant tout bas, Si quelque beau danseur, à la fin d'un quadrille, Vous retient à son bras; S'il fixe bien long-temps ses regards sur les vôtres, S'enivrant de vous voir, Oubliant piès de vous le sourire des autres Et leurs yeux sans pouvoir; Si, toujours moins timide et d'une voix plus tendre, Il cherche à vous charmer Avec des mots si doux qu'on pleure à les entendre Et qu'on se laisse aimer; Si, d'un souffle brûlant, en sa folle démence, Effleurant vos cheveux, Il interrompt vingt fois et vingt fois recommence Ses soupirs, ses aveux; N'ou bliez pas, tandis que mon luth chante et veille Et gémit dans mes nuits, Combien chaque heure est longue et combien chaque veille Loin de vous a d'ennuis. Car l'absence est si triste; et ma Muse, jalouse De ravir votre coeur, Vent placer à vos pieds quelque fleur de Toulouse, Quelque laurier vainqueur. [pagina 147] [p. 147] Elle veut qu'un rayon de son front sur vous brille Et luise sur vos pas, Et sauver de l'oubli votre nom. - Jeune fille, Ne m'oubliez donc pas. Quand la mort aura clos du doigt notre paupière, Et que le flux des ans De nos tombes aura lavé l'étroite pierre De ses flots jaunissans, Dites-moi, qui saura dans ce monde quel être Vos regards ont charmé? Et plus d'un, en lisant mes vers, saura peut-être Que vous m'avez aimé. Avril 1830. Vorige Volgende