Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 137] [p. 137] Le Nuage. Wo zieht das schône Wölklein hin? Von Stolberg. Beau nuage que rien dans ta course n'arrête, Qui franchis grands déserts et monts à haute crête, Et qui marches toujours, Sourd aux cris de douleur, sourd aux rires de fête, Ainsi que vont nos jours; Comme un oiseau qui vole et jamais ne se lasse, Qui t'a lancé parmi les sphères dans l'espace, Et d'en haut t'a dit: ‘Va’? Dans l'Océan des airs n'es-tu qu'un flot qui passe Aux pieds de Jéhova? Es-tu l'esquif errant où balancent les fées, Avec des chants d'amour et des voix étouffées, Quelque jeune ame en pleura Ravie au monde, hélas! pour garder leurs trophées De perles et de fleurs? [pagina 138] [p. 138] Le char dont Mab conduit les rênes argentées, Cherchant à l'Orient ces rives enchantées Qu'ignorent les hivers, Par Moore le poète et sa Muse hantées, La Muse des beaux vers? Ou l'île voyageuse, empire de Morgane, Délos magique, où luit le palais diaphane Qui surgit un matin Sous les doigts d'Ariel dont l'aile de spargane Ressemble à du satin? - O! je voudrais savoir, nuage solitaire, Quel nocher dans le ciel te guide avec mystère; Quelle invisible main, Quelle voix inconnue aux échos de la terre, Te montre le chemin; Et savoir où tu vas, aux débris de Palmyre, Au golfe où Jagrenat de sa pagode mire Les sommets radieux, On bien à Bénarès qui parfume de myrrhe Les autels de ses dieux. Vas-tu t'asseoir au haut de quelque pyramide, Et bercer dans tes plis, comme en un voile humide, L'image d'un Emir Aux yeux de la Sultane ornant son front timide Des lis du Bendemir? [pagina 139] [p. 139] Ou, frêle nef, penchant au mistral ta misaine, Cingles-tu vers le cap qui recueillit Misène, Ou vers ce bon Paris Avec son Louvre assis sur le bord de la Seine Qui lave ses ponts gris? Mais n'importe, n'importe où le destin t' envoie, Pourvu que le soleil répande sur ta voie Ses rayons éclatans, Et qu'un regard de femme, en souriant, te voie Et t'appelle long-temps; Et qu'à te voir venir du nord, ô beau nuage! Un coeur aimé palpite, et vole à ton passage, Et d'un mot caressant T'invite, comme si tu portais un message De son amour absent. Avril 1831. Vorige Volgende