Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 14
(1993)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd6578. [1643] december 5. Aan J. de Wicquefort.Ga naar voetnoot1Monsieur, Le mal est tombé sur monsieur Ramsau,Ga naar voetnoot2 lequel estant à la veille d'estre faict marescal de France, après avoir pris Rotweil, passé le Danube prèz Ditlingue, mis vingt bonnes | |
pieces d'artillerie hors de la ville avecq les tonneaux de poudre pour n'estre pas surpris, cependant l'[a esté] le 25 de Novembre par les ennemis, qui en partie estoient delà le Danube, en partie ont passé la riviere si soudainement qu'à mesmes temps on a receu les advis qu'envoyoit le colonel Rosa,Ga naar voetnoot3 et les ennemis ont defaict le regiment de cavallerie qui devoit defendre l'artillerie, pris l'artillerie et ce qui en servoit, forcé monsieur de Ramzau, le marescal du camp Montausier, le colonel Ehm et tous les autres qui estoient dans Ditlingue, depourveue de canon et de poudre, de se rendre prisonniers. Tubadel et Rosa, voyant les grandes forces de l'ennemi, ont quitté leurs quartiers et se sont retirez à Brisac et aux Villes forestieres.Ga naar voetnoot4 Quelqu'uns de l'infanterie estoient demeurés dans Rothweil, qui n'y feront pas longue demeure. On dict à la cour que la perte a esté de mille hommes, autres disent bien plus. La mort du marescal de Guebrian, arrivée auparavant à cause d'un bras rompu au siege de Rotweil, a rendu le commendement incertain et causé des jalousies entre monsieur Ransou et les chefs wimariens, dont on croit estre venu le desastre. Le visconte de Turaine, à present marescal de France, allié aux princes allemans, connu dans cette armée, y va pour commander. On y envoye de l'argent et quatre mille hommes, pris de Champagne et d'autres provinces. On espere aussy que les Suedois, Hessiens et Hollandois en cette occasion ne manqueront pas à faire quelque diversion. La Motte-Odincourt, ayant esté accusé de n'avoir rien faict durant cette année estant beaucoup plus fort que l'ennemi, à present estant beaucoup plus foible que l'armée espagnolle qui assiege Monson, s'y est faict voir et trouvans les retranchemens si bien faits qu'il n'y avoit point d'apparence de les forcer, a presenté aux Espagnols combat, offrant de remettre Monson entre leurs mains en condition qu'on lui donne des ostagers avecq promesse de rendre la ville si la victoire du combat fust du costé des François. Les Catalans se mocquent des Espagnols pour avoir refusé le combat, estants plus forts en nombre. Mais les Espagnols prenans Monson se mocqueront et des Catalans et des Françoys. En Italie le chevalier de La Valette a faict des courses dans le Boulonnois. Icy on faict sourdement des levées pour Venise, la reine ayant defendu de ne le faire ouvertement, ny pour les Barbarins ny pour le parti contraire. D'Angleterre nous avons qu'à Londres le logis du comte d'Harcourt a esté pillé, quelqu'uns pris à cause de cela. Que l'escrit baillé par le comte d'Harcourt, par lequel il desiroit de sçavoir les causes qui avoient esmeu ceux du parlement d'avoir [recours] aux armes, pour [y remedier] par intercession amiable selon les loix, coustumes et ordonnances anciennes, a despleu aux parlamentaires, tout à faict resolus à chasser les evesques et introduire plusieurs nouveautés. L'archevesque de Cantelburi, desirant en cette conjoinction d'estre mené au parlement, s'est defendu par les advocats, soustenant n'avoir rien peché ny en la matiere, ny en la forme. On attend huict mille Irlandois, qui passeront la mer pour servir le roy. De Constantinople nous apprenons que les anciens traicttés avecq le Moscovite sont restablis, l'ambassadeur et le nazir, envoyez pour cela, bien regalez, comme a esté aussy qui a porté le tribut de Raguse. L'armée navale qui avoit esté sur les costes de Calabre, estoit revenu avecq quelque peu de prisonniers, et le bruict couroit que le Zulfihir, basse de Natolia, ayant des desseings de se rendre maistre de Cypre, avoit esté pris et assommé. A Francfort les deputés de la maison de Brunsvic n'approuvent pas la resolution prise, par laquelle on ne veut que les estats de l'Empire ayent immediatement part à ce qu'on fera à Munster et Osnabrug, et on doubte si on protestera à l'encontre. Les estats ont repliqué à la lettre du roy de Dannemarq sur l'affaire du Palatinat, mais toutefois resolu que si le roy de Dannemarq et le roy de la Grand-Bretaigne persistent à vouloir que ledict affaire se traitte en Westphalie, les electeurs ou leurs deputez y pourront consentir. Parmi plusieurs de ceux qui sont à Francfort l'esperance de la paix commence à s'affoiblir à cause des difficultés qu'on prevoist. Le comté de Bourgogne desire la neutralité, qu'on leur offre, en payant à la France un million annuellement. | |
On leve dix regimens nouveaux d'infanterie et deux de cavallerie et quelques-uns pour nettoyer les chemins hors et dans la ville. On parle de mettre deux mille livres contant, cent escus cy-aprèz par an sur ceux qui voudront avoir des carrosses, exceptées les personnes de fort haute condition. Des libraires, pris pour avoir imprimé des livres contre la cour de Rome, ont esté relachez. Pour faire de peuplades en Canade on envoye des femmes qui ont esté de mauvaise [vie], mais après les avoir faict garir du mal qui aux hommes en Jucatan sert de circonsision selon le dire de sieur de Laet.Ga naar voetnoot5 On defend icy les passements d'or, d'argent et de fil. Les jesuistes par certain escrit ont contenté messieurs les evesques sur le faict du livre du docteur Arnaud de la Frequente communion. On envoye icy un million pour les plenipotentiaires de la paix pour faire une despense honorable. Le marquis de Bressé a quitté [la mer] et est venu à Toulon, ayant perdu un grand navire. Le marquis de Mouy est icy pour le duc de Lorraine. Je demeure, monsieur, vostre tres humble serviteur. | |
5 Decembris.
On nous dict que les forces de l'ennemi près du Rhin sont à vingt mille hommes, les forces de la France n'ayant pas esté jusqu'à treize mille. Le gouverneur d'Uberlingue a pris le chasteau de Heiligeberg. Les Espagnols au Milanois font deux forts sur le Lac Maggior et sur le bord du Tecine. Les Barbarins en font aussi deux prèz de Perusia. Les troupes françoises dans le Piedmont hors des garnisons sont estimées à six mille [à] pied, deux mille chevaux. La dame de Balmond, guerriere en Lorraine, a chassé des Croats. En Angleterre le prince Robert assiege Northampton, le prince Maurice Plimuth avecq esperance d'en venir bientost au bout. Le comte d'Hollande, estant venu à Londres pour se remettre avecq les parlamentaires, leur a esté suspect et mis soubs des guardes. | |
Bovenaan de copie staat: A monsieur Vicquefort. |
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