Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 14
(1993)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd6249. 1643 juni 6. Aan [J. de Wicquefort].Ga naar voetnoot1Monsieur, J'ay leu par vostre bienfait tout le livre de monsieur Graswinkel.Ga naar voetnoot2 J'approuve et la cause du roy de la Grand-Bretagne et l'erudition de celuy qui l'a defendue, et souhaitte de tout mon coeur la paix en ce royaume avec conservation de l'autorité royale. Les nouvellesGa naar voetnoot3 qui courent icy tant de l'Angleterre que d'Irlande ne sont pas mauvaises pour sa Majesté, et le duc de Vendosme fait tout ce qu'il peut pour disposer la reine-regente en sa faveur; ce qui reussira sans doubte si on peut donner icy des asseurances que les mouvements de la cour d'Angleterre ne dependent point de ceux de la cour d'Espagne, qui jamais n'a eu bonne volonté pour le roy d'Angleterre et à present, quand elle auroit la volonté, n'a pas le pouvoir de luy estre utile. Le marescal de Guebrian ne fait rien encore et il y a de discours à la cour qui vont à une trefve. Mais je ne croy pas que la reine-regente fera rien sans ses alliez. Nous apprenons que don Melos a quelque quinze mille hommes près de Valencienne, le duc d'Anguien un peu davantage et attend du renfort pour assieger, ce dit-on, quelque place dans l'Hainault, ce qui peut-estre se pourroit faire si le prince d'Orange de son costé entreprend quelque chose digne de l'esperance qu'on a conceue icy. Ceux qui entendent les affaires d'estat et de la guerre jugent que don Melos a fait plusieurs fautes, premierement d'avoir commencé l'hostilité après la mort du feu roy de France, après de n'avoir attendu de renfort de Becq avant que de donner le combat, ou pour le moins, s'il le vouloit donner, ne l'avoir donné le soir auparavant lorsque les Fransois estoient las du voyage, mais surtout d'avoir offencé Buquoy et en sa personne toute la cavallerie. Le Grand Seigneur a un second fils et met en mer quatre-vingt galeres, trente autres navires. On croit que le faux bruict de la revolte des villes de Sicile est venu du cardinal Mazarin, qui estant Sicilien se veut rendre par de telles esperances plus considerable en France. Aussi dit-on que parmy les memoires du feu cardinal on trouve des moyens pour faire revolter Naples et Milan. Entre ceux qui iront à la paix on propose Bassompierre et Servien, sur quoy aucune resolution n'a esté prise encore. Les eremites qui cy-devant avoient deposé contre le duc de Vendosme, attestent avoir esté forcez à cela par la torture, sans qu'ils ayent eu autre subject de le dire que la seule contraincte. Monsieur d'Andelot, fils du marescal [de] Chastillon qui s'est donné à l'eglise romaine, a receu de la reine-regente douze mille livres et la charge de marescal du camp, et cela à la recommandation de monsieur le prince, qui jugeoit cela debvoir estre fait pour la consequence. Monsieur de La Millerai continue à se tenir aux eaux de Bourbon pour voir de loing les changements que la cour pourra recevoir. Mais le prince, qui a entrepris la protection de madame d'Esguillon, propose un mariage entre elle et le comte de Brion, qui est fort avant dans les graces du duc d'Orleans. La restitution du gouvernement d'Auvergne audit duc d'Orleans est verifiée au parlement. Le duc et sa femme sont logez au Grand-Luxemburg. On offre recompense au duc de Bouillon pour Sedan. La reine asseure ceux de la religion icy de vouloir observer | |
les edicts et d'en faire publier et verifier une declaration. On parle aussi de soulager le peuple d'une partie des impositions sur le sel et le vin. Les princes d'Italie ont fait sçavoir aussi au pape qu'ils se joindront ensemble si le pape ne s'accorde avecq le duc de Parme. Le prince Thomas au lieu de faire quelque chose pour la citadelle de Tortone est allé à Thurin, dont on s'estonne icy. Mais peut-estre il y a quelque trefve en Italie et en Espagne et dans l'Allemagne. Je demeure, monsieur, vostre tres humble serviteur. | |
6 Iunii 1643.
J'ay recommandé à monsieur le duc d'Orleans nos affaires et ceux des alliez. Son Altesse a respondu le mieux du monde. Il y a eu nouvelle conspiration en Catalagne contre les Fransois et mesme, ce dit-on, contre la vie du marescal d'Odincourt, plusieurs mis en prison, plusieurs bannis. On equippe à Barcelone dix galeres. Les Espagnols ont mis dans Tortose mille cinq cents gens à pied, cinq cents chevaux, à Fragues mille trois cents hommes. Le duc d'Anguien a pris les chasteaux de Barlemont et d'Aismery sur la Sambre. Les Espagnols renforcent la garnison de Cambray. Le duc Charles est à Siric et a envoyé un des siens icy. Le marescal de l'Hospital - c'est ainsi qu'on appelle celuy que cy-devant on a appellé monsieur du Hallier - se fait guerir icy de ses playes. |
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