Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 11
(1981)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd4691. 1640 juni 14. Van Ch. MariniGa naar voetnoot1.Monsieur, J'ay receu en un mesme temps vos deux lettres du 15 et 29 de MayGa naar voetnoot2 et veu par d'autres lettres la confirmation de ce qu'il vous a pleu me communiqer touchant la dissolution du parlement d'Angleterre. C'est un mauvais affaire, mais dont Dieu pourra tirer plus gran bien que nous ne pensons pas, voulant au préallable desployer ses jugements sur ce pays-là, auquel à mon advis on peut fort à propos accomoder ce que nous lisons au livre de Juges au chapitre 9 touchant Abimalec et ceux de Sichem et le tenté en est du tout considérable. Je veux bien croire qu'il y a de la faute de l'un et l'autre costé, mais si tout cela est vray que les Escossois ont escrit n'y a guerre aux pasteurs et ministres des esglises reformées en SuisseGa naar voetnoot3 déduisans fort amplement la justice et nécessité de leur cause, il semble, qu'ils ont assez de suject de défendre leur privilèges et prévenir le mal qui les menace. Ie tâcheray d'en avoir une copie pour l'envoyer en Suède, l'affaire estant digne de cognoissance. En un mot ils concluent que les évesques introduits en Escosse auroyent tâche d'introduire peu à peu non seulement les cérémonies et l'hiérarchie papales, bastir des autels, insinuer l'union avec la papauté, mais s'attacher aussy au gouvernement d'estat, ius utriusque gladii sibi arrogando et, ut verba sonant litterarum, in sanctioris consilii senatu dominabantur, ius in foro dicebant, vectigalibus et fisco regio praesidebant, ut tandem et ad cancellariatus vestigia pervenirent. Telles choses certes on ne devroit point permettre aux gens d'église protestante moins les défendre en la possession d'icelles come mal convenables à leur estat et personnes. On escrit pourtant d'Italie, que l'alliance entre les rois d'Espagne et d'AngleterreGa naar voetnoot4 soit desià conclue contre les Escossois, lesquels estant domtés le roy de la Gran Bretagne doit avoir promis de se vouloir déclarer contre la France pour la forcer à la restitution de la Lorraine et de ce qu'elle tient en Allemagne. Mais c'est de bastir des chasteaux en air, car ie crois qu'on aura bien de la peine de pouvoir domter si tost les Escossois, nation plus belliqueuse que celle d'Angleterre, comme elle est à ceste heure. Le temps nous apprendra, cequi en sera. Les Espagnols avec 14 mille combattans se sont approchez de Turin pour secourir icelle ville, où le prince ThomasGa naar voetnoot5 la défend fort bien ayant 4 mille combattans au dedans et deux mille bourgeois en armes et prétend de pouvoir consumer l'armée françoise devant icelle place, cequi luy pourra bien réuscir, si les François ne la prennent bientost par force, ayans faute des vivres, qu'à gran peine ils font conduire dans leur camp, qui croît des gens qu'on leur envoye de France. Les Grisons ont donné le passage aux trouppes de Tyrol par la Voltoline, qui passent dans le Milanois soubs la conduite du marquis de DoglianesGa naar voetnoot6 qui est passé par icy vers | |
Inspruck la sepmaine passée. L'ambassadeur d'EspagneGa naar voetnoot7 qui est à Lucerne travaille aussy fort pour obtenir quelque levée des gens des Suisses cattoliques, mais il n'en a fait encor aucune ouverture en public, parce qu'il craint qu'on cela luy refuse, sçachant que les Suisses devant que le permettre veulent estre payés de leur arrière gages et pensions conforme la ligue, oultre ce qu'ils se pleingnent que leur pays est fort vuidé des gens. Je crois bien que ces messieurs n'ayent leu le MachiavelGa naar voetnoot8, mais quand ie considère leur façon de procéder tant envers les cantons protestans que les princes estrangers, ie vous asseure qu'ils prattiquent mieux ses maximes qu'aucun homme de la cour, sçachans si à propos jouer de toutes mains et mesurer l'amitié de tous par l'utilité et bien parfois deshoneste. Vos espérances, que vous me donnés, sont bonnes, mais i'en voudrois plustot voir les effets, qui tardent tant à comparoistre et lesquels i'attens avec mille chagrins et incommoditéz incroyables. BanierGa naar voetnoot9 a chassé les impériaux de leur postes et les tient comme bloqués. Ie demeure, monsieur, vostre serviteur très humble
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De Zurig, ce 4/14 de Juin 1640. | |
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 28 Iunii. En in dorso: 14 Iuny 1640. Marin. |
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