Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 5
(1966)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd2083. 1635 mei 9. Aan Manasse de PasGa naar voetnoot11.Monsieur, L'attente de l'arrivée de monsr. le grand chancelierGa naar voetnoot12 en ce royaume après sa venue en cour, sa négotiation icy, son séiour à Paris et après son partement d'icy vers la mer m'ont fait différer le remerciement que ie vous devois à cause de la lettre que m'aviez escrite.Ga naar voetnoot13 Mes instructions à la vérité ne m'ont pas permis de me conformer du tout à ce que m'escriviez. Mais l'événement a bien montré que vous avez l'esprit clairvoyant aux affaires, puisque le traitté a esté faict à vostre modelle, excepté que nostre cour avoit perdu l'appetit pour Benfeld. Je suis résiouy tout à faict que le plain pouvoir de monsr. le chancelier a esté si grand qu'il y en a eu de quoy contenter le royGa naar voetnoot14 et que ce temps présent requiert pas dessus tout a esté ajusté qui est de ne faire point de paix qu'ensemble. Ce qui présuppose que vous voulez aussi venir en guerre ouverte, à quoy non seulement les Allemans, mais aussi les Hollandois s'attendent. | |
Monsr. le chancelier ne pouvant avoir des navires de guerre que d'Hollande sera forcé de prendre son passage par les pays de ce puissant estat-là, et comme j'espère ne lairra pas en passant d'y laisser quelques offerts de ses bons conseils. De cette conjonction de deux couronnes et une république bien vigoureuse ne pourront réussir que des très bons effects, c'est à dire ou de grandes victoires ou une pais universelle. Pour moy ces difficultez et disputes sur les traittés de HeilbronGa naar voetnoot1 et de ParisGa naar voetnoot2 estants tenus à cesser par la sage conduite de monsr. le cardinalGa naar voetnoot3 et de monsieur le chancelier, je me voy en beau chemin de n'estre pas beaucoup travaillé d'affaires, si ce n'est pour amollir l'esprit dur de monsr. de BulionGa naar voetnoot4, afin de nous payer à la fin ce qui est deu dès si long temps. En quoy toutefois i'espère que i'auray tant moins de peine pour ce que ie sçay que par vostre autorité vous m'assisterez en cecy pour acquitter avec la promesse du roy, aussi la vostre. Ce qu'estant faict ie me remettray aux estudes, et pour divertissement iray quelquefois en cour pour recommander à la cour les affaires des Allemans vos amis, qui à la vérité ne sont pas de si grand nombre. Comme ie voudrois j'ay veu avec grand plaisir la réception de monsr. le chancelier, son audience, le traittement et présents qu'on luy a faict, signes et de la magnificence de vostre cour et de la bien veuillance du roy envers ses bons alliez. Je suis logé à cette heure vis à vis du Louvre au mesme logis, où cy devant a esté logé l'ambassadeur d'Angleterre. J'espère que vous n'aviez rien perdu à l'eschange. Il y a encor un autre bien que l'ambassadeur d'EspagneGa naar voetnoot5, à l'heure que ie suis venu icy, s'en est fuy, sans mesme prendre congé du roy. C'est à vous, monsieur, de iuger s'il a eu si grand peur de moy, pour ce que ie suis Hollandois ou pource que ie suis au service des Suédois. Je croy plustost le premier, d'autant que tous les dons castillans prétendant d'estre issus du noble sang des Gots qui faisoient et font encore partie de la Suède, ne devoient pas avoir tant d'horreur de leurs ancient parens. Vous me pardonnerez, monsieur, s'il vous plaist, si ie m'esgaye un peu, estant au bon air de la première ville de la France, ie me sçaurois faire autrement et principalement me voiant icy bien receu des ceux qui soubs le roy gouvernent ce grand royaume en quoy ie recoynois de bon coeur que vos recommandations favorables m'ont bien applany le chemin. Ce que ne pouvant pour asteure recoynoistre autrement ie vous prieray de me croire, Monsieur, Vostre très humble serviteur. | |
A Paris, le 9 du May 1635. |
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