Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij70
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Ga naar margenoot+ne prétendons, au nom de s.M., chose qui soit de vous aultre que de vous veoir à vostre repoz et anchiennes fachons de faire, ne vous imposer telles tailles, comme ceulx qui, aians emprunté le nom des Estats-Généraulx, vous demandent pour mener la guerre à vostre Prince et Seigneur naturel, mais vous joindre avecq nous, qui vous offrons la paix et repoz, en conformité des lettres de s.M. apportées par le Sr de Selles, dont le double va cy-joincte imprimé, vous aiant faict envoyer l'original, et si ne l'avez receu, ceulx qui ne désirent vostre bien l'ont caché, comme ils ont faict plusieurs aultres choses, par où povez veoir s'ilz sont si bons amis de leur patrie qu'ilz font profession, vous célant et cachant ce qui concerne le propre bien d'iceluy, et pour ce nous vous prions de rechef vouloir peser et considérer ce que vous est mieulx séant et convenable, et choisir la voye de paix et repoz, obéissant aux commandemens de vostre Prince si clément et béning, comme vous mesme savez. Et comme peult-estre par nostre approchement aulcuns vous vouldriont mectre garnison et vous persuader que venons pour vous assaillir, nous vous asseurons que nostre intention n'est telle, mais de vous garder et préserver, en ne recevant par vous en vostre ville gens des dits Estats ou Prince d'Orenges, comme aussi ne prétendons vous en donner, ains que vous conservez vous mesmes, comme avez faict du passé; ce que vous disons tant plus, pour la pitié que nous avons de ceulx de Maestricht et Malynes, qui sont esté circonvenuz par telz et semblables moyens. Ceulx du dit Maestricht, pour leur avoir faict entendre que le Baron de Hierges, qui alloit pour le ravitaillement de Ruremonde, les vouloit assiéger, et soubz mesme prétext depuis dix jours ençà, ont bruslé tous les faulxbourgs et environ vingt villaiges des meilleurs là entour; et quant à ceulx de Malynes, le Sr de Bours, voiant tous les bons bourgeois de la ville bien intentionnez à ne recevoir garnison de la part des dits Estatz, s'est accompaigné des plus séditieulx qu'il a peu trouver en icelle, et en aians assemblé le nombre de deux ou trois cens, a forcé les aultres de recevoir premièrement des bourgeois d'Anvers et de Bruxelles, pour par leur moyen introduire, comme il a faict, des Escossois et aultres gens en garnison; depuis ont mis la main sur le président du grand Conseil et quelques Conseilliers du Roy et aultres notables personnaiges de la dite | |
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Ga naar margenoot+ville, et en après bruslé, non seulement tout le béguinaige, lieu si fameulx de longtemps pour sa dévotion, mais encoires trois ou quatre cloistres et rasé toutes les Eglises dehors la dite ville, qui sont choses abominables et détestables, et, si désirez de nous quelque chose pour vostre satisfaction, pourrez envoyer quelques ungs et ilz nous seront les très-bien venuz, ausquelz promectons libre allée et retour, et leur donner plus de satisfaction et contentement que peult estre ne pensez, et si avez quelque doubte de leurs personnes, plustost vous donnerons nous hostaiges, attendant qu'ils soient de retour prez de vous. Davantaige, ne faisant doubte que par delà l'on fera courir ung bruict que fismes avant-hier donner assault à la ville de Nyvelles, après l'avoir battue la matinée, et qu'y aurions laissé beaucoup de gens, nous vous voulons bien advertir que, aiant esté faicte quelque peu de bresche à la dite ville, pour veoir la contenance de ceulx de dedens, la fismes par les François estans en noctre camp recognoistre et veoir s'il n'y auroit moyen d'emporter la dite ville, lesquelz ont esté repoulsez avec quelque petite perte non d'importance, comme il advient souvent en cas samblable, et si ceulx de la dite ville ne se veuillent recognoistre, il nous desplaira d'estre constrainctz d'y entrer de force et en faire faire le chastoy que mérite une telle désobéissance, et ce avant peu de jours. Très-chers et bien amez, Dieu vous ait en Sa saincte garde. De , le 11 de mars 1578. Don Juan. Le Vasseur.
Post data. Depuis ceste escripte et l'assault donné, ceulx de Nyvelle, aiant entendu nostre arrivée, se sont renduz à nostre miséricorde, et, oires q'avions matière et occasion de les traicter aultrement que bien, si leur avons nous saulvez à tous la vye et retenu ceuls qui ont voulu servir, et les aultres les laissé aller, à condition de ne servir plus contre s.M., comme vous fera entendre plus particulièrement nostre Cousin le Conte de Reulx, auquel vous requérons croire, en ce et toutes aultres choses que luy avons enchargé vous dire de nostre part.
Noz très-chers et bien aimez les Baillis, Prévost et aultres Officiers de la ville de Mons. |