Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij[1566]10.
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Ga naar margenoot+du Prince d'Orange affiché ung billet les requérant de ne permectre qu'il se feit; dont le Prince fut troublé, disant que cecy donnera cause que le Roy pensera que ce soit par eulx.’ 30 janv. Viglius au Cardinal. ‘La résolution sur ce que de rechef le Roy avoit escript de la difficulté que luy faisoit la clause restrictive en l'acceptation des décrets du Concile, v.i.S. verra par ce que est joinct; et certes, selon que nostre peuple est desjà embouché, il semble plus seur de passer la chose ainsi, pour non donner occasion à plus de garboulles et mectre le tout en dispute; car aucuns ausquels la Duchesse donne crédit, parlent bien avant et que le Roy ne se doibt mesler de Concile, et la joyeuse entrée et privilèges ne sont oubliez, et cela va parmy le peuple.’ 10 févr. Morillon au Cardinal. ‘L'on commence icy à prendre les images hors des églyses, et les ruer en la fange, avec aultres insolences ...’ 17 févr. Viron au Cardinal. ‘Ne sommes sans doubte de trouble, pourceque nulluyGa naar voetnoot1 ne veult souffrir le renouvellement des placartz [et que] les mauvais donnent à entendre que l'inquisition d'Espaigne vient par deçà.’ 17 févr. Morillon au Cardinal. ‘Berlaymont est en grande peine, véant ainsi les choses passées et la religion périr, et que Madame, qui le veoit fort bien, veult le tout passer par dissimulation; c'est merveille comme l'on parle icy de l'inquisition et comme l'on menasse les inquisiteurs, jusques à les jetter par les fenestrez, comme dit Hornes, et les Seigneurs publie que Granvelle, Arenberg et le Duc Erich ont intelligence par ensamble pour l'establir par deçà.’ 2 mars. P. Lopez au Cardinal. Conciliabule à Breda; on y a traité de la liberté du choix de religion pour les terres dépendantes de l'empire. Malgré cela ils font quelques démonstrations extérieures contre les Calvinistes. 12 mars. [Le Cardinal de Granvelle] à l'Archevêque de Cambrai. ‘Il me desplait bien fort d'entendre ce que vous m'escripvez, que toutes choses voysentGa naar voetnoot2 par delà si mal, et y a long temps que je me conforme avec vostre opinion que la venue de sa M., seroit plus que requise, et, sur ma foy, je tiens que, si il estoit présent, toutes | |
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Ga naar margenoot+choses s'accommoderoyent bien et paysiblement et au contentement d'ung chacun, grandz et petitz, et qu'il n'y auroit personne qui ne cherchast de gaigner le gré et faveur de sa M. par servir et pense[r] chascun d'y faire son mieulx, et qu'aussi l'on verroit combien plusieurs se mescomptent, se figurantz choses trop esloignées de la bonté et clémence de sa M.; et, pour l'affection que je porte au pays, je le désire, craignant les inconvénientz que pourroyent succéder en l'estat auquel présentement l'on se treuve là, et si j'estoye près de vous, je vous diroye quelz sont les inconvénientz et le hazart auquel l'on est; que je pense congnoistre comme ung aultre, ayant heu doisGa naar voetnoot1 si long temps part aux affaires de par delà, mais je suis icy trop loing pour donner grande ayde au remyde, et si n'en pense pas partir [peuGa naar voetnoot2] quelque temps....’ 24 mars. Castillo au Cardinal. Mauvais état toujours croissant des affaires. On a fait prévenir les villes que le Roi ne songe pas à établir l'Inquisition. 31 mars. Castillo au Cardinal. Perplexités de la Duchesse de Parme, qui ne sait plus à qui se fier, et ne peut se dissimuler les fautes qu'elle a commises. 31 mars. Morillon au Cardinal. ‘J'entendz que Str.Ga naar voetnoot3 at attendu le Prince d'Orange à Malines, où ilz sont esté deux jours ensamble, et qu'il a prins trente mil florins à 20 pour cent. Madame s'est fort plainct à NamurcensisGa naar voetnoot4 des Seigneurs, disant qu'on l'a vendu et trahi, et qu'il n'at personne pour se fier. Si passez dix mois il l'heut fait, il ne se trouveroit là où il est, le Prince n'ast encores voulu manger avec [luy]: touteffois il vint le xxv, avec le Marquis de Berghes et Hoochstrate. Hier Hornes, Hoochstrate et Mansfeld y dinarent. L'on a esté continuellement au Conseil d'État, et tout vad sur la modération des placards, sub beneplacito du Roy et qu'il n'y aurat inquisition; mais je crains que l'on ne se contentera de ce, et l'on parle de la Confession Augustane et liberté de conscience.... Viglius at parlé librement et dit qu'il ne se trouveroit où l'on parleroit de changer la religion, mais il luy semble qu'il fault venir à la dite modération, et à Berlaymont pour ung temps.’ 31 mars. Morillon au Cardinal. ‘Les affaires sont en telz termes | |
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Ga naar margenoot+que l'hissue ne peult estre sinon telle que avons tousjours doubté; j'ay correspondu à v.i.S., chascun dimenche, et feray tant que je seray icy; mais, s'il est vray qu'ilz doibvent entrer iiiic gentilzhommes que avec leurs serviteurs seront plus de xiic mercredi prochain, pour présenter leur requeste et doléances, je délibére sortir d'icy mardi, et ne retourner que je ne veoys plus de clerté, et tellement poulront aller les choses que je me retireray hors du pays en lieu seur et touttefois presz d'icelluy, pour tant estre plus tost de retour et adverti de ce que passe. J'avois pensé de Bourgogne, mais c'est loing et je ne sçay s'il y fera bon, puisque l'on dit que [ne] y est allé par la poste pour y remuer mesnaige. Ce que le Prince, Hornes et Bréderode avoient dit d'aller à Allemagne, se veoit maintenant que ce at esté pour abuser... Quant est de parler honorablement d'Egmont, le Sieur de Silva m'a dit que Madame luy a plainct comme l'on chercheoit les mectre en jalousie, luy et le Prince d'Orange, et que ceulx qui le faisoient ne feroient service au Roy et pays: touttefois je l'ay faict avec tout moien que j'ay peu, véant que Granvelle le désiroit conserver par ce moien, mais je veoy qu'il perdt sa peine et qu'il est tant lyé avec les Seigneurs, qu'il n'y a moien de le retirer et pour dire vray, nutat in religione et ce qu'il dira en ce aujourd'huy, il dira tout le contraire lendemain; le Prince n'est content de ce que Granvelle est là et dit qu'il vat le [mat] vers Espaigne.’ 31 mars. Morillon au Cardinal. ‘Barlaymont m'a dit ce jourd'huy que les choses sont en ung terrible bransle: Madame de Parme luy monstre confiance, mais il ne s'y fiera, il l'appelle tempreGa naar voetnoot1 et tard, et hier Viglius quatre fois. Madame de Parme at lavé la teste à Hocstrate, qui touttefois vad au Conseil d'État avec ligue et parlent les Seigneurs, pour le dit Hocstrate mectre au Conseil, disant qu'il entend fort bien. Il dit qu'il at envoié en divers lieux pour sçavoir s'il y at assemblée et qu'il ne trouve apparence; il dit que le Prince est fort après, affin que l'on feit ung chasteau à Velissingue pour, par ce hoult, dominer sur la mer, et que passé trois ans, il dit que Mastrich estoit propice pour y faire le mesme de ce que lors se fai- | |
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Ga naar margenoot+soit à OrliensGa naar voetnoot1Ga naar voetnoot(1), il dict que Bréderode sera icy le iii d'apvril, que tous prétendent la liberté de pays et que Egmont et le Prince en auront grandz deniers et qu'ilz dient qu'ilz feront que le Roy aurat ce qu'il voudrat.... Il se plainct fort de Aerschot qui, nonobstant que l'on traicta hier choze importante, ne volut lesser le jeu de paulme, et at dict à Madame le luy dire, comme aussi il fera; le dit Sieur Berlaymont at fort bien pourveu à son Gouvernement, renouvellé les seremens, présente Madame. Si chascun en feit ainsi, nozGa naar voetnoot2 serions hors de paourGa naar voetnoot3; il dit que Meghe parle franchement, et que l'on l'at menassé d'ungne harcqbousade, pour ce qu'il hante Aerschot et Arenberg, qu'est icy et se porte bien. Il crainct fort Clivensem, et dit que Oranges at amené des Clévois et que, quant l'on at parlé de contremander les gentilzhommes, qui doibvent venir présenter leur requeste, qu'il a dit que c'est trop tard, et qu'ilz sont desjà pretz, et qu'il luy samble faire les choses plus grandes pour intimider Madame.’ 7 avr. Morillon au Cardinal. ‘L'on voit clèrement qu'il y a grande dissimulation, car les Seigneurs parle desdaigneusement de ceste compagnie; et dit l'aultre jour Montigny que c'estoient cinq ou six qui avoient brasséGa naar voetnoot4 cecy, et s'il les avoit en son chasteau, qu'il les accoustreroitGa naar voetnoot5, dont Hornes ne fut content et Hames luy parla si oultrecuydement et le rembarraGa naar voetnoot6 de telle sorte que Montigny ne sceut que dire ...’ 20 avr. Lopez au Cardinal. Les Chevaliers dont les réunions continuent chaque jour, paroissent se défier du Roi. Quelques concessions, faites à propos, pourroient ramener les esprits, par ex. le maintien des privilèges et la promesse de ne point établir l'Inquisition. 28 avr. Morillon au Cardinal. ‘Maintenant ung monde de ceulx | |
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Ga naar margenoot+qu'on cognoist infectez, hantent l'Église; comme feit le Prince d'Orange cum uxore et tota familia die pascali’ 2 mai. Lopez au Cardinal. Les habitans des villages ne sont occupés que d'exhumer de vieux privilèges dont ils réclament le maintien, et font trembler ceux qui naguères étoient leurs maîtres. Il est bien à désirer que le Roi soit conseillé par des hommes qui trouvent moyen de remédier à tout, sans en venir aux moyens de rigueur. 12 mai. Morillon au Cardinal. ‘Non seullement dict on que le Cardinal debvoit aller à Espaigne, mais encores publicquement et à présent se dict que c'est luy qui a conseillé et conseille au Roy touttes choses contraires au bien de ce pays, et en est l'impression telle que je ne veoy aulcunement qu'il sçauroit estre icy seurement, ny que d'ung seul poinet le mescontentement soit diminué, mais plustost s'enaigrit et augmente chasque jour, et fault que les amys de Granvelle, si peult qu'il en y at, souffrent mesmes [meins] à Malines et mon beaulfrère à Louvain, et sont les affaires en telz termes et le masque si avant hosté, qu'il n'y a moien de contenir en estat ce pays, que par la briefve venue de sa Majesté, comme Hornes et Morillon discouroient hier par ensamble, et que passant elle polroit adviser ce qui touche Granvelle, qui, nonobstant qu'il n'est allé à Espaigne, porte le mesme gré comme s'il y estoit; et pour monstrer comme l'audace croît par icy, il y at une des neuf nations de ceste ville, que n'at esté honteuse de donner pour opinion, passé ung mois, que, si le Roy ne gardoit ce qu'il avoit juré, que aussi n'estoient-ilz obligez de l'obéir, et, comme le magistrat fut si saige que de dissimuler la dite opinion, sans souffrir qu'elle fut leue, la pertinacité et oultrecuidance fut si grande que la dite nation ne voulut opiner en aultre chose que premièrement la dite opinion ne fut enregistrée et leue en présence des aultres nations, ce qu'il at convenu faire pour luy donner contentement.’ 19 mai. Morillon au Cardinal. ‘Léoninus ast tenu long propos jeudi dernier à Morillon de Oranges, et dit qu'il s'est déclaré à luy plus que oncques et qu'il le treuve soucyGa naar voetnoot1 des partialitez. Dieu doint que ainsi soit, et qu'il n'y ayt de la couverture; il luy samble qu'il y auroit moien le réconcilier avec Granvelle et at fort pressé | |
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Ga naar margenoot+Morillon pour sçavoir si Granvelle y vouldroit sérieusement et sincèrement entendre; il at dict que, à son advis, ouy, et qu'il est bien asseuré que de son costel n'y at heu acerbité et qu'il at tousjours faict profession, comme il faict encores, de vouloir faire plaisir et service à Seigneurs, voulut-il ou non, sans luy imputer de la malveillance qu'il at monstré, mais à aulcuns petitz gallantz ambitieux et intéressez qui, pensans du trouble faire leur prouffit, ont faict mauvais offices pour persuader mensonges et choses par Granvelle jamais penséez, mais que moy je doubte si Oranges y vouldra entendre sincèrement, et s'il osera pour les autres. Il dit qu'il luy samble que si, et que, s'il veult, personne ne le sçauroit empescher, et qu'il luy a dit jusques là qu'il vouldroit qu'ilz feissent [inducias] pour ung mois entre Granvelle et luy, et qu'il pense que, avant l'expiration d'icelluy, ilz seroient plus grands amys que devant, et qu'il luy a représenté la félicité en laquelle tous deux seroient, s'ilz fussent demorez amyz et qu'ilz gouverneroient le monde absoluement, et qu'il luy semble que l'aultre le cognoit, dont Morillon at grand doubte. Il adjoustoit que Oranges se treuve en peine et qu'il délibére se retirer vers Alemagne, ne fût qu'il crainct que, en ce faisant, il y aurat plus grand trouble par icy, comme aussi luy sambloit-il bien qu'il sera, encores qu'il demeure. Morillon feit tant que Léoninus vint devant hier avec luy icy en son chariot, pour mieulx l'arraisonnerGa naar voetnoot1 et [enfoncerGa naar voetnoot2] de la cause que le Prince donne de la malveillance; il dit que c'est pour aultant que, le veuillant faire les Estatz de Brabant leur chief et superintendant, dict au Conseil d'État, présent Madame et Egmont, que l'on debvroit copper la teste à tel superintendant; que Granvelle a dict pour son excuse qu'il ne nommoit personne, aussi qu'il avoit dict à Egmont et Oranges, avoir entendu d'ung gentilhomme qu'ilz estoient après pour l'oultrager en sa personne et que le leur nommant à leur requeste, et eulx parlant au dit gentilhomme, il ast affirmé par serment ne l'avoir jamais dict. Morillon at répondu, quant au premier poinct, que c'estoit au feu sieur de [Jasse] que Granvelle en avoit, pource qu'il mouvoit beaucop des choses aux Étatz de Brabant et, que, quant au second, que le gentilhomme ne povoit faire aultre chose que de nier ce qu'il avoit | |
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Ga naar margenoot+dict, et venant plus avant en propos, j'ay assez descouvert que le Prince se treuve en peine du serment conceu en sa présence pour la modération; tous officiers et ayans Gouvernement jureront la foy Catholicque et d'exécuter les Édictz, et qu'il offre trop bien satisfaire au premier poinct, mais que pour rien il ne fera le second, nolens sevire in uxorem et familiam, quae constat ex plerisque d'Allemagne, et que plustost renunceroit à son Gouvernement, ne soit que l'on change le second poinct; que Léoninus, ne se doubtant de mauvaise mesure, est après pour solliciter vers Madame, aiant aussi requis Morillon d'y faire bon office vers elle; ad ce que Morillon at répondu qu'il luy samble que c'est bien tard, aiant esté, comme chose tant juste et raisonnable, approuvé par tous au conseil d'État, luy présent, le double envoyé à Oranges et desja proposé en Arthois, Hénault, et Flandres, et que je n'y veoys moyen, n'est par singulière dispense pour Oranges seul, pourveu que au surplus il l'exécute en son Gouvernement, ce que ne desplaisoit à Léoninus, mais je suis seur que Oranges ne le vouldra ainsi avoir: aussi Madame est résolu que, qui ne vouldra jurer, ne pourra servir icy: d'advantaige que Oranges parturit longam et artificiosam epistolam ad Regem, accusatoriam sui ipsius et etiam purgatorïam, prétendant d'estre déporté avec la bonne grâce du Roi, en ce qu'il y at aussi bonne raison luy gratifier, comme l'on a faict à [Hornes].’ 26 mai. Morillon au Cardinal. ‘Morillon at adverti Granvelle de ce qu'il at entendu de [Ga naar voetnoot1] touchant le Prince d'Orange, qui est in summo metu et s'est déclaré à Aerschot qu'il n'attendra la venue du Roy, n'aiant en trois ans delà lettres du Roy, et qu'il délibère se retirer pour quelque temps, disant qu'il espargnera xxx [mil] par an. [Le Comte d'Egmont] ne trouve bonne ceste délibération et en at regret, mais le Prince persiste et en at parlé à Madame, qui ne le peult divertir. Je ne sçay si Madame en est marri à bon escient; Morillon pense que non, et que, se donnant garde le Prince que Madame se deffie de luy, que cela le fait enrager, et que voit les Estatz tenir fermes pour le Roy et la religion, et faict d'Egmont syncère debvoir .., et hoc urit le Prince, qui se plainct de la diffidence | |
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Ga naar margenoot+que l'on luy monstre et aux Seigneurs, et dict le Prince à Egmont beaucop de choses comme les affaires ont esté mal menées.’ 16 juin. Lopez au Cardinal. L'irritation de la classe inférieure est extrême. 23 juin. Morillon au Cardinal. ‘Viglius multum conqueritur de l'insolence de Hornes et des Seigneurs, qui perpetuo conqueruntur de diffidentia Regis et quod nolit mutare odiosa religionis, ce qu'il dit premièrement leur avoir esté miz en teste par Swendy.’ 30 juin. Lopez au Cardinal. La privation de travail, conséquence de la défiance générale, irrite extrêmement la classe pauvre. 7 juillet. Morillon au Cardinal. ‘Le chanoine d'Utrech, Bresius, at compté à Morillon, qui l'a dit à del Rio, que le second de ce mois le Conte Louis répondit à ung gentilhomme de longue robe, sur la remonstrance qu'il luy feist que plusieurs se donnoient merveille comme il s'empeschoit tant des affaires de pardeçà, estant estrangier, qu'il le faisoit pour ayder à son frère, qu'il sçavoit qu'on avoit tellcment dénigré vers le Roy que à Espaigne l'on douneroit aulcuns millions pour avoir sa teste et que le corps demeureroit icy, mais qu'il avoit si bien faict vers Allemagne, qu'estant la venue du Roy avec armes, il auroit, par le moien des Ducz de Saxe et Mechlebourg, des Lantgraves et Palatins, xm hommes contre ung et qu'il en feroit venir en moings de trois sepmaines cinquante mil, et aultres tant en 15 jours, après que nostre païs seroit joyeulx les gaiger; mais que, si la venue du Roy fut paisible, que l'on ne se bougeroit, et qu'il vouloit bien que l'on dit que le Conte l'avoit dict, et qu'il avoit requiz Berges le dire ainsi au Roy, ce que Morillon ne croit poinct et moings qu'il le sçauroit faire; car jusques ores ne dit-on que Saxe ayt faict grande ayde à son genreGa naar voetnoot1 le Roy de Dannemark, et si auroit-il bien à faire de passer sur les terres des deux Ducz de Brunswig, et que s'estant tenu si longuement coy le Lantgrave, il voulsut sur la fin de ces jours emprendre garboille pour ung sien subject, tel qu'est le Conte et les siens, et si l'on avoit volunté de le faire, je pense que l'on ne se descouvriroit jà tant; Oranges n'en parle pas ainsi et est plus rusé et couvert, continuant tousjours sa retraicte vers Allemagne et de | |
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Ga naar margenoot+lesser son Gouvernement, ce ne seroit l'ung et l'aultre le plus grand mal que noz polroit advenir.’ 13 juillet. Morillon au Cardinal. ‘Avant que me retirer à Namur, où je veoyGa naar voetnoot1 dedans ung jour ou deux, je suis venu en ce lieu, où j'ay communicqué avec Léoninus; qui me dict ouvertement que le Prince, Hornes, et le Conte Louis sont désespérez et qu'ilz jecteront leur venin; il dit qu'il y avoit grand oportunité de tout remédier, lors qu'il me parla et [KGa naar voetnoot2], pour ce qu'ilz estoient en perplexité extrême et que [K] et aultres serviteurs de Oranges regrettent que le Roy n'at respondu à la lectre si humble qu'il luy a escript, dont recepvrez le substantial escript de la main de Morillon, qui l'at monstré à Viglius, qui dict ad ce que luy at compté Madame, qu'il y avoit plus que Léoninus ne sçait, mais m'esbahiz comme l'on demande si tost réponse, puisque Montigny l'at porté à Espaigne, duquel méritoirement l'on debvroit actendre lectres, avant que mouvoir d'advantaige; mais l'on ne veult lesser passer aulcune occasion, laquelle touttes les fois que elle s'adonnerat l'on la prendrat, et il n'y aurat fauste de querimonieGa naar voetnoot3 contre le Roy ce pendant; mais la dite lectre de Oranges, en quelque sorte qu'elle soit, elle luy polroit quelque jour couster chier, car il est obligé par icelle à son debvoir, et faict le contraire, sans actendre la réponse de son maistre. Léoninus revient fort de l'opinion qu'il avoit de sa preudomie et veoyt bien que doibs que l'on aurat moyen de mal faire, l'on passera [carreireGa naar voetnoot4]; les domestiques de Oranges dient clèrement que Louis de Nassau est aucteur de tout ce que passe, dont je les croy, sed fratre auctore: l'on dit qu'il faict venir deux mil chevaux de Westphale et qu'il y at force François à Calaix, que le Sieur de Liège doibt donner passaige ad ce que doibt venir vers son costel; mais je croy que ce sont bruictz, mais tant-y-a que l'on est peu informé de ce que passe de tous costelz, par faulte d'argent, dont l'on at faict si grande largesse à peu de propoz à Mansfeld et Hocstrate, et ailleurs où il n'estoit besoing.’ ‘Léoninus dict qu'il fault qu'ilz aient grande assistence et confidence, il impute tout au Marquis de Berges.’ | |
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Ga naar margenoot+13 juillet. Viron au Cardinal. ‘Le tardement de la venue de nostre maistre donne l'audasse ... et abisme les coeurs des bons, quilzGa naar voetnoot1 sont désespérez, et crains qu'il ne viendra jamais qu'il ne luy couste deux millions et du sang.’ - On ne parle plus des papistes, mais seulement des Cardinalistes. 4 août. Morillon au Cardinal. ‘Léoninus est fort après pour retenir Oranges en la Religion, et de renvoyer à Allemagne le Comte Louis, ad ce qu'il y at honeste prétext, sed vereor ne parum promoveat.’ 10 août (de Rome). Le Cardinal à l'Archevêque de Cambrai. Il déplore le piteux estat des Pays-Bas, qu'il a prévu, ‘et ont les pays bien peu d'obligation à ceulx qui en sont cause: Dieu par sa grâce leur veuille pardonner.’ 18 août (de Louvain). Morillon au Cardinal. ‘J'avois dict par mes précédentes que Egmont avoit envoié à Oranges le gouverneur de son filz, qui demeure icy, pour l'admonester de garder la Religion et l'auctorité du Roy, ad ce qu'il at répondu que l'ung et l'aultre luy avoit esté tousjours chier et bien recommandé, et que l'on le trouveroit à jamais bon et ferme en la Religion, et que l'on luy poroit commander en icelle, aultant qu'il touche à luy, mais qu'il ne povoit ny vouloit forcer les aultres et qu'il vouloit estre excusé du serement; et que l'auctorité du maistre luy avoit esté et seroit tousjours très-recommandée; que luy parlant de Granvelle, Oranges auroit répondu que, en son particulier, il ne luy vouloit aulcun mal, qu'il l'avoit tousjours admiré et observé, et que la dissention entrevenue est sur ce qu'il at pensé qu'il faisoit contre l'auctorité du Roy et bien du païs, et que peult-estre il at esté abusé et peult-estre que non, adjoustant quelle chose l'on diroit, si Granvelle auroit de bref escript au Roy que l'on regardit comme les choses estoient allé de son temps et comme alloient maintenant, quasi magna hoc esset injuria et ipsa res non loqueretur; touttefois qu'il n'avoit jamais nuict à Granvelle ny aux siens, et ne feroit encores, mesmes en quelque chose que le Marquis de Berges se seroit resentu contre Granvelle et l'auroit sur ce appellé avec aultres en ayde, qu'il ne sy estoit voulu joindre, mais l'avoit refusé et qu'il auroit | |
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Ga naar margenoot+souvent répété qu'il n'avoit voulu mal, ni vouloit encores à Granvelle, en son particulier; que au retour du dit Gouverneur de Bréda, où il auroit esté pour argent, que prenant congé de Oranges il luy auroit enchargé de faire ses recommandations à Léoninus et le mercierGa naar voetnoot1 de ses bons advis, ausquelz il avoit pensé depuis et qu'il le trouveroit quelque jour gratGa naar voetnoot2. Velà comme il les sçayt endormir tous deux, estant trop fin pour leur bouticleGa naar voetnoot3, mais cela ne se peult dire encore à Léoninus, qui en est par trop abusé. Morillon demanda ce qu'avoit répondu touchant de renvoyer Louis de Nassau en Allemagne, ce qu'avoit esté advisé; répondit qu'il n'en at esté rien touché, pour ce que se contentant d'avoir heu bonne audience sur les dits trois pointz, il remeict ce dernier à son retour de Bréda, et que lors il y trouva le Comte Louis; quae sunt verba, quia aut non est ausus, aut non est auditus; il dict d'avoir semblablement parlé à Louis de la Religion et du Roy, sed quod is ilico sermonem alio convertit.’ 20 août. Max. de Berghes, Archevêque de Cambrai, à Granvelle. ‘La perplexité en laquelle [sont] tous bons catholiques et tous ceulx qui en ce pays se portent bien, est si grande que l'on ne sçauroit dire; et vienne le Roy quant il vouldra, il viendra trop tard et ne se remectra en 50 ans comme il a esté. Dieu veuille qu'il n'empire.’ 6 sept. Morillon au Cardinal. ‘Léoninus ha esté mandé de Oranges, qui luy at monstré une fort bonne lectre que le Roy luy at escript de sa main, oùGa naar voetnoot4 les autres sont de la main de secrétaire; il at aussi lectres de Montigny, qu'il s'est bien gardé de luy monstrer, mais bien la réponse qu'il y faisoit, aultant vile et basse que Léoninus en avoit honte, véant en quelle gloire il le mectoit, le merciant très-humblement de ce qu'il luy avoit pleu escripre à son serviteur, avec aultres submissions indignes, luy attribuant son repoz, que touttefois il [debvoit à Madame]; tant peuvent les passions aveugléez et ambition; [Léoninus] at retranché la response en une demye feuille de papier, qu'estoit en quattre ou cincq. Morillon vouldroit qu'il se fut passé de ce travail, mais il est trop bon et aisé à tromper; il y at royé tout ce que Oranges escripvoit de la Religion, pour | |
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Ga naar margenoot+monstrer qu'il ne vouloit dissimuler, mais parler franchement en ce que concerne le service du Roy; aussi faict-il, car il y pert et qu'il at profétisé la vérité. Aussi luy at-il restrainct la réponse qu'il vouloit donner par escript sur la requeste des geus fort libre, il fut esté mieulx de lesser comme il estoit. Morillon at veu ung billet que Oranges luy escripvoit avec grandz merciementz et offrez, sur ce que Léoninus me dict modestement qu'il estimoit bien qu'il luy donneroit pension; qu'il donne à divers, jusques à ix mille florins par an.’ 29 sept. Morillon au Cardinal ‘Morillon a été fort joyeulx de ce que Granvelle at heu si bonnes lettres du Roy et quod etiam meminit rerum privatarum quarum merito rationem habere debet, et vad bien qu'il entend et considère mieulx ad ce [dot] que aucuns n'ont faict; quoyque Madame recoipveGa naar voetnoot1 etGa naar voetnoot1, il ne faict samblant de Inquisition ny Evesques. Oranges at mandé Léoninus, luy communicant les lettres du Roy et se monstre content, et dit qu'il envoyra Louis ou le rendrat obsequentem regi, et Léoninus dict l'avoir trouvé fort modeste et sombre, et ilz le trompent; Léoninus at plus avant parlé de Granvelle à Oranges qu'il ne veult dire à Morillon, craindant que Granvelle le polroit à quelcun donner à cognoistre, que ne seroit bien prins des Seigneurs, et at volu que où Oranges avoit dit simpliciter qu'il estoit ainsi, que Morillon mectroit il povoit estre ainsi.’ 6 oct. Morillon au Cardinal. ‘Hopperus at grande opinion de Oranges et Egmont, luy semblant que l'on leur doibt beaucop que, povant mal faire et tout perdre, ilz ne le font. Lequel propos Morillon trouve fort estrange.... Hopperus fait grand doubte de Clivensi... Il dit qu'il n'a pas ung homme de bien en son conseil.’ 6 oct. Morillon au Cardinal. ‘Depuis le retour de Léoninus d'Anvers, Morillon at entendu quelques particularitez de luy, et dit que Egmont et le Prince confessent de n'estre plus malcontentz de Granvelle. Morillon réplicquat que povoit estre que c'estoit à cause quod tanti eum non facerent ut vellent cum eo exercere inimicitias, comme Hochstrate at aultrefois dit, ad ce que Léoninus réplicqua qu'il parloit à bon escient, et qu'ilz estoient desabusez, et qu'il avoit faict bon office avec Wilbourg, qui est gouverneur du filz de Orange et qui | |
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Ga naar margenoot+parleroit à Morillon, ne fut qu'il le lesse pour son respect; et qu'il n'estoit question de faire nouvelle amitié, mais de retourner à l'ancienne, délessant les offenses entrevenuez depuis, qu'il falloit mectre en obli; ad ce que Morillon réplicqua, si l'on heut voulu ouyr les justifications de Granvelle, lorsqu'il offrit les donner, que le voile fut esté plustost hosté des yeulx. Léoninus dict que cela se cognoit et dict cum multis suspiriis que Orange est fort maigre et défaict, qu'il ne dort poinct, et que il faict grande pénitence pour ses faultes, et que Egmont et luy sont en grande craincte et doubte, pour ce qu'ilz ne sçavent s'ilz se peulvent fier au Roy, qui at escript à Oranges aussi amiablement qu'il heut peult désirer, mais qu'ilz n'estiment Madame ung festu, disantz que luyGa naar voetnoot1 ne se soucie qu'ancores tout le Pays se perdroit, pourveu qu'il peut ravoir Plaisance et faire ses besoignes, et qu'il ne se fault fier en luy, puisqu'il at osé escripre à Hochstrate, que son cousin monsieur Oranges avoit traicté avec ceulx d'Anvers contre Dieu, contre raison, et contre l'auctorité du Roy, et que quant Oranges luy en at tenu quelque propos par sa lettre, par manière de doléance, Madame at répondu avec grandes asseurances ne l'avoir pensé; touttefois Oranges garde la lettre de Madame que Hochstrate luy at miz en mains; aussi dit Oranges que Assonleville dict partout que Madame at esté forcée à l'accord et que partant il n'est tenu à l'obéissance; où touttefois Assonleville, lorsqu'il fut question d'accorder, se mict à genoulx, affin qu'il le passit, pour ce qu'il le refusoit. Léoninus dict d'avoir admonesté Oranges du mauvais bruict que le Comte Louis luy donne, et qu'il luy monstrat ce que le Roy luy en avoit escript, affin qu'il le renvoyit, le remectant touttefois à luy, et que partant Oranges luy avoit répondu qu'il avoit receu ses lectres, depuis le pardon général faict à la noblesse, que polroit trouver estrange si le Comte Louis se retiroit maintenant; et qu'il luy povoit beaucop ayder au lieu où il estoit, d'aultant que plusieurs avoient grande confidence en luy, touttefois qu'il le remect au bon plaisir du Roy.’ Nov. Morillon au Cardinal. ‘L'on m'asseure que c'est chose incroiable comme Egmont est devenu blancq et vieil, et n'en suis esbahi; consciencia [nulli lesser]. Il ne dort, s'il n'at ses armes et pis- | |
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Ga naar margenoot+toletz devant son lict.... L'on dit que le Roi, entendant le saccagement des Églises s'est tiré la barbe, jurant par l'âme de son pêre qu'il coustera cher.’ |
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