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† Lettre DCCCXCIX.
.... a Mr de StralenGa naar voetnoot(1), Bourguemaltre d'Anvers. Negociations de Cologne: exigences des Réformés.
*** Cette Lettre est écrite par un Député des Etats-Gén. à
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Ga naar margenoot+Cologne: apparemment, ou par le Sr de Grobbendonck, ou, ce qui nous semble plus probable encore, par l'Abbé de St.-Gertrude (p. 637). Celui-ci écrivit en août à son frère, Amman d'Anvers, une Lettre très-intéressante, dans le même sens et, à ce qu'il nous semble, dans le même style, commençant ainsi: ‘Mon frère, je vous escrive itérativement, pour l'importance de la matière,... puisque trouvois la diffidence du traicté de la paix estre plustost imaginative que fondée en raison:’ v.d. Sp. II. 135. Peut-être avoit-il écrit la première fois en même temps à son frère et à M. de Stralen.
Monsieur de Stralen. Puisque nous envoions présentement aux Estats la dernière résolution et offres de paix des Princes et commissaires de l'Empereur, et médiateurs, n'ay vollu laisser de vous escrire conjoinctement et advertir de ce que m'en semble; qu'est en effect que les dit offres et articles, maintenant exhibés, sont bien plus approchantes à l'intention des Estats, en conformité de nostre instruction, mais non encores du tout conformes; n'estant toutesfois la différence telle qu'elle ne me sembleroit bien accordable et appoinctable, moyennant que la dénégation de l'exercice de la religion prétendue reformée hors de Hollande et Zélande, ne nous empêchast point; lequel poinct seul crains que causera que le tout sera rejetté d'ung volume, combien que à la vérité, du moins à mon jugement, les dits articles ne sont du tout refusables, ains plustot acceptables que de se mettre en nécessité de devoir continuer ceste calamiteuse guerre, de laquelle tout le monde en est jà tant lassé et dégousté; avecq juste raison, puis qu'elle nous menace une ruyne et confusion généralle, sans espoir de repos, jusques à ce qu'ayons vaincu et débelléGa naar voetnoot1 un si puissant ennemy que sera
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Ga naar margenoot+le Roy d'Espaigne, ou que nous mesmes par extrêmes misères soions mattezGa naar voetnoot1 et vaincus, que sera un long, dangereux, et malheureux [cure]. L'on trouvera par les dits articles qu'avons en effect de sa Maté obtenu liberté de conscience, assavoir impunité de la secrète herésie par la suspension des placcarts rigoreux, jusques à ce que par les Estats aultrement sera ordonné; semblablement absolute aggréation de la Pacification de Gandt, dont par Mr de Selles estoit mis doubteGa naar voetnoot(1), et finalement une ouverte restriction de l'authorité prétendue de sa Majesté par les privilèges du pays et par la
ditte Pacification, non obstant qu'elle soit demandée comme elle estoit du temps de l'Empereur Charles: qui sont poincts qu'on a tousjours demandé, avec la sortie des Espaignols et autres estrangiers et asseurance d'estre gouvernés par un Prince de sang royal et un Conseil d'Estat des naturels du pays seullement, comme sa Majesté l'accorde aussy par les dits
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Ga naar margenoot+articles, et puisque, seullement par faulte des poincts susdit, on at par cy-devant pris les armes contre ceulx qui vouloient mettre la patrie en plus grande subjection, sans que lors y aye esté question de la religion prétendue reformée, ny aussy depuis, quand la pacification de Gandt fust faicte, saulff en Hollande et Zélande, ayans les autres provinces déclaré au contraire et protesté de vouloir demeurer en la Catholycque Rom. et icelle maintenir, il sembleroit que par raison on s'en debvroit aussi de ce qui s'offre contenter, puisqu'en effect le faict de la religion, maintenant en debbat, n'est qu'une accession de la première querelle des Estats, et semble aux dit Princes-Commissaires estrange que le dit accessoire est de plus grand momentGa naar voetnoot1Ga naar voetnoot(1) en ce traicté de paix que le principal, et ont opinion, comme ils ont ouvertement déclaré en plusieurs fois en particulières convocations, que le Roy offre tout ce qu'en raison des subjects luy peuvent demander, et notamment au faict de la religion, plus qu'eux et autres Princes estoient obligés de faire ou admettre par leur religionsvredeGa naar voetnoot(2) d'Allemaigne, et mesmes qu'endroict l'exercice publicq n'y auroit illec obligation quelconque, inférens par ce n'estre raisonna- | |
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Ga naar margenoot+ble que le Roy d'Espaigne fut en cest endroict plus subject que le moindre Prince d'Allemaigne, réputans encores assez que Sa Maté le permet en Hollande et Zélande suivant la Pacification de Gandt, non obstant qu'icelle, voiant le mal succedé à cause de telle permission, s'en est repenti, et ceulx qui lors en ce l'avoint conseillez. Quoy non obstant n'ayant laissé, tant en général avec les autres députés que en particulier, de faire instance pour avoir le dit prétendu exercice, alléguant la pure nécessité et impossibilité de faire aultrement la paix, ont les dit Princes bien déclaré que, au regard de nostre ditte nécessité et pour nostre repos, ils eussent esté et seront tousjours bien contens si nous les pouvions obtenir de sa Maté, mais qu'ils ne trouvoient en raison fondé de en ce l'assubjectir ou constraindre, puisque sa Maté allégoit scrupel de sa conscience d'admettre publicq exercice d'une religion par luy réprouvé, mesmes portant le nom et tiltre de Roy Catholicq: parquoyGa naar voetnoot1 me suis aussi trouvé vers le Duc de Terra-Nova, et tenté vers son Exc., par toutes voyes possibles, non seullement de parolle mais par escrit, comme pourrai en temps et lieu monstrer, sans obmectre aussy le debvoir vers le Nunce
Catholicq et aulcuns Evesques se trouvans icy, pour, par leur moyen, gaigner le dit Ducq; mais tout ne m'a valu pour obtenir le dit prétendu exercice, ains font tous unanimement démonstration que plustôt se doibt hazarder le monde que de le permettre ex pacto; mesmes déclare le dit Duc n'avoir commission du Roy ou authorité si ampleGa naar voetnoot(1) pour
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Ga naar margenoot+permectre le dit exercice en dehors les provinces de Hollande et Zélande, èsquelles le permectront par la force de la Pacification de Gandt, sans le pouvoir ou vouloir eslargir davantaige, mesmes ne le veuillant permectre que aux termes de lors. De sorte, Monsr de Stralen, que nous nous trouvons, à cause de la ditte religion, voire pour l'exercice d'icelle seullement prétendue, oultre ce que par la Pacification de Gandt a esté stipulé et contre l'intention d'icelle, en ces termes de ne se pouvoir accorder et par conséquent de nous perdre entièrement, chose bien pitoiable, et que ceux mesmes qui sont de la ditte religion devroient regretter et pleurer, et jettans leur oeil de charité sur leur prochain, qui sont en plus grand nombre, ne le debvroint soustenir, ains plustot se contenter sans le dit exercice, comme cy-devant ont faict, avec la
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Ga naar margenoot+liberté offerte, ou plustot se transporter ailleurs librement avec leurs biens, que leur est permis, que de voir, à telle occasion seulle, aller en ruyne et combustion toute la povre Belgicque cy-devant tant florente. Et pour ce qu'en sollicitant tant aspérement le dit faict de l'exercice, on a quelque fois objecté que, quant on auroit extorqué quelque chose en cest endroict, on ne seroit pour ce du tout asseuré de la paix, et que par ce moien demeureroit avec la note de telle concession en ses royaulmes d'Espagne et Italie, sans en recevoir l'effect de son but, j'ay opinion que, si le cas estoit menable si avant qu'on fut d'accord en tous aultres poincts et articles, tellement qu'on pourroit à sa Maté asseurer la paix, à tel pris on pourroit bien encores tenter d'obtenir le dit exercice en quelques villes principallesGa naar voetnoot(1) comme Anvers, Gandt, Utrecht, et quelques aultresGa naar voetnoot1 on sembleroit inexcusable: mais, sans enthière
seurté de paix, ne seroit ny practicable ny proposable: dont, pour ne riens admettreGa naar voetnoot2 quil puisse servir à propos de paix, m'a semblé vous devoir aussi advertir, pour y penser selon que trouverez la matière disposteGa naar voetnoot3. L'on me dit que générallement tout le monde désire la paix, et peult estre que pour la obtenir se fera plus qu'on ne
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Ga naar margenoot+pense, mesmes pour eviter l'enthiere ruyne que tous préfigurent et présagent par la guerre, et dont le remède qu'on veult prendre du Ducq d'Alenchon, ne les préservera, ains les précipitera d'avantage, estant chose claire que le Roy d'Espaigne, estant oultragé de telle sorte, aura tant plus occasion d'emploier toutes ses forces que Dieu luy a donné, et trouvera plus de faveur par tout le monde que auparavant, estant chose en soy odieuse que de priver un Prince naturel de son patrimoine et commovant à commisération et indignation tous voisins, amys, et alliés pour la conséquence, et n'y sçauroi croire que les provinces ausquelles on a escrit pour advis, concurreront toutes en une telle résolution, ains je tiens plustot que ce sera cause nouvelle de séparation des provinces de la généralité des Estats, et que tant plustost accepteront les offres de sa Maté, pour ne venir en une telle dangereuse résolution, dont le corps de la généralité, de plus en plus démembré et débilité, pourra tant moins soustenir la force d'un si grand Prince comme est le Roy d'Espagne, et pourroit avenir qu'on se trouveroit cy-après constrainct de faire moins honnorable appoinctement, que pouvons faire maintenant; et, comme je vous tiens homme de bon jugement politicque et constitué en authorité, ne m'ay sçeu contenir de vous faire ce discours, comme fort désireux de voir une paix telle qu'on s'en pourroit contenter; car sans icelle je ne vois que ruyne et confusion sans reméde quelconcque. Ainsi m'ayde Dieu, auquel je prie
vous avoir, Mr de Stralen, en Sa sainte garde. Cologne, 20e de juillet.
Malgré la Lettre 898, les articles du 18 juillet furent mal reçus
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Ga naar margenoot+par la Généralité. L'Archiduc écritle 1 août aux Députés: ‘metuimus, nisi Commissarii Imperatoriae Majestatis amplius largiantur, tum super facto Religionis, tum politiae, vix est verisimile ut provinciae possint induci ad eos articulos acceptandum:’ Acta Pacif. p. 151. Et les Etats-Gén. le 3: ‘ex eorum articulorum tenore non videmur posse consequi bonam et securam pacem:’ p. 153.
L'influence du Prince d'Orange et des Réformés dicta ces réponses; du moins est-il certain que les articles ne déplaisoient pas aux Catholiques. On écrit de Cologne le 24 juillet: ‘Puto urbes in quibus Pontificii sunt potentiores, facile admissuras istas conditiones:’ Ep. secr. I. 2. 786. Et le 6 août: ‘tous les Catholiques recevront alaigremment ceste paix’ (T. VII. p. 41). Languet, le 31 juillet 1580, rapporte positivement: ‘Pontificii, qui tunc erant hic (Antverpiae) longe potentiores quam jam sint, eum viderent illis conditionibus sibi bene caveri, eas acceptandas esse censebant:’ Ep. s. I. 2. 827.
Les Réformés ne pouvoient les admeitre.
En effet on ne leur accordoit rien, si ce n'est le temps de se préparer à l'exil. Or quitter le pays, sans même savoir où trouver un asile, est un ordre auquel rarement on se résigne, sans y être contraint. - Toute concession, il est vrai, sur ce point étoit considérée par les Catholiques et souvent même par les Réformés, comme étant de la part du Roi, non pas une obligation, mais une grâce. Enjuin les Députés à Cologne s'expriment ainsi: ‘In punctoreligionis Ordines... aliquid sibi cum gratiâ Regis permitti et concedi cupierunt:’ Acta P.C. p. 97. Et dans le 21 art. de l'ultimatum proposé en déc. par les Etats-G. il est dit: ‘Rex ad supplices preces subditorum suorum... tolerabit religionis... exercitia:’ p. 328. Mais il y a des situations contre lesquelles tout raisonnement se brise. En vain démontre t'on à quelques milliers d'hommes qu'on est en droit de les chasser. L'observation du Prince, en 1575 (T.V. p. 73), étoit en 1579 applicable à la plus grande partie des P.-Bas: ‘le nombre de ceux de la Religion est tellement augmenté... qu'ils se résouldront de mourir plustost les ungs après les aultres que d'abandonner leurs maisons.’ Ils ne pouvoient consentir à l'anéan- | |
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Ga naar margenoot+tissement de leurs Eglises: ‘Aengemerkt dat de saken so wijd sijn gekomen dat die van de Gereformeerde Religie geheelijk geresolveert sijn niet meer uijt den Lande te trecken, noch 't selve te verlaten, maer veel eer en liever het leven te verliesen dan te gedogen dat hij haar afwesen en
vertreck hare kerken verstroit en geruineert worden, is daer bij lichtelijk te concluderen dat den inheemsen krijg geschapen is meerder te sijn als oit te voren:’ Bor, II. 131b Le départ des Réformés, dans la plupart des Provinces, eût entraìné la ruine du pays. ‘L'estat de vostre Pays est tel que sans l'exercice de la religion il ne peut consister trois jours. Vous voyés le nombre miraculeusement accreu, la haine contre le Pape s'est enracinée au coeur de tous les habitans du Pays... Qui est ce donc qui pourra se vanter d'aymer le Pays, et conseillera qu'on chasse un tel nombre de Peuple... Mais quand ils ne vouldront sortir, qui est-ce qui les pourra contraindre de le faire?’ Dumont, V. 1 405a. Le Prince affirme: ‘de Artikulen van Vrede strekken tot egeenen anderen einde dan tot verderf en verwoestinge van de Gereformeerde Religie en van den Lande:...’ Bor, II. 132a. Et Languet écrit en 1580: ‘tanta facta est in his regionibus mutatio religionis ut, sine ipsarum exitio, non possit Papatus restitui:’ Ep. secr. I. 2. 826.
Pour la Hollande et la Zélande, on ne changeoit rien aux termes de la Pacification de Gand. Mais il étoit à prévoir qu'après l'expulsion de la Réforme dans le reste des Pays-Bas, le tour de ces Provinces alloit, et probablement bientôt, arriver. ‘Belangende de Religie is klaer en notoir dat deselve alleenlijk in H. en Z. op seer onredelijke conditien toegelaten sijnde, uit den anderen Provincien wordt verdreven, waerdoor alle de Kercken opgericht en nu ter tyd florerende in Braband, Vlaenderen, Gelderland, Vriesland en elders worden geheelyk geruineert, met vaste hope die de vijanden hebben dat die van H. en Z. bij al sulken middel ontblotet sijnde des te lichtelijker en met minder moeite daer naar in haren handen sullen vallen:’ Bor, l.l.
Par conséquent Languet, prévoyant les résultats de cette proposition nouvelle, affirme avec raison:.., ‘urbes in quibus Evangelici plus possunt, nequaquam eas admittent; nam etiamsi magistra- | |
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Ga naar margenoot+tus eas admittere vellent, non paterentur id fieri Theologi, quorum in plerisque urbibus est major anthoritas ad populum quam ipsius magistratus:’ Ep. secr. I. 2.
Disons plus encore. Les Réformés devoient craindre de poser les armes, même en obtenant hors de H. et Z. l'exercice du culte public. Bonne paix sans doute, mais assurée nullement.
Et qu'on ne croye pas que c'eùt été porter la défiance à l'excès. Dans l'esprit de leurs adversaires, et même dans celui de leurs alliés Catholiques, la tolérance étoit un détour pour arriver au but. Dans une Note très-intéressante adressée au Roi d'Espagne, par quelques Députés des Etats-G. à Cologne (T. VII. p. 38) ils lui conseillent ‘eenige exercitie van de Geref. Religie toe te laten, om daerdoor den vrede te treffen ende alsoo middelen becomen om weder te weeren 't ghene dat men voor een lijdt toelaten soude:’ van Meteren, 155a.
Dans plusieurs Provinces la Réforme ne triomphoit qu'à l'aide des Magistrats, des bourgeoisies armées, et des garnisons. ‘De ketters en de Prince van Or. hadden haer saecken seer ghevordert met allenskens alomme Officieren van haer Ghesintheijdt in te stellen, waerdoer sij den gemeijnen Man tot alle haer voornemen verwillighden, oock om hem bij te staen met wapenen:’ l.l. La paix faite, on licencieroit les troupes, on désarmeroit les bourgeois, on changeroit peu à peu les Magistrats. Les Catholiques seroient à même de manifester alors leurs véritables dispositions. ‘Sij dorsten wel verseeckeren dat het meestendeel van de Staten Catholijcx ghesint waren, en dat hetselfde wel alsdan blijcken soude, als sij haer ghesterckt en gheassisteert saghen met de authoriteijt van den Coningh:’ l.l. De même le Pr. d'Or. faisoit dire en 1582, par Mornai, à ceux de Gand: ‘Chacun sçait que par une paix il sera tousjours dit, Que les armes soient posées, les forces licentiées, les garnisons mises hors, les bourgeoisies desarmées, le commerce remis en son entier... Il est trop certain qu'il n'y a guères villes en ce pays, et nommément en Flandres, en laquelle les ennemis de nostre Religion ne soient encore aujourdhui en plus grand nombre, et qu'ils ne sont retenus que par l'authorité du Magistrat et la force de la garnison; joint que quand ces inégalités seront ostées, est à craindre que plu- | |
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Ga naar margenoot+sieurs, qui ores se feigncnt estre des nostres, ne se déscouvrent tout autres, et que des plus affectionnés ne se refroidissent:’
Mém. de Mornai, I. p. 76, sq.
Les Catholiques, au contraire, ne pouvoient désapprouver les articles. On leur avoit tout accordé. Languet écrit: ‘Interea orientur magnae distractiones, et ubique Pontificii deponent studium defendendi libertatem patriae adversus Hispanorum tyrannidem, et judicabunt nostros de Religione suâ propagandâ potius cogitare quam de defendendâ patriae libertate;’ Ep. secr. I. 2. 786.
La défection de beaucoup de Catholiques avoit déjà devancé ces offres.
Pour eux la guerre désormais étoit sans but. Soit à Cologne, soit dans le camp du Prince de Parme, on ne se refusoit à aucun de leurs désirs.
Aussi la coalition de 1576 n'existoit déjà plus. Il y a loin, en 1579, de cet accord universel.
Maintenant on demande la réconciliation avec le Roi, partout où le Catholicisme est prépondérant. Tous la veulent dans les Provinces Wallonnes; en Flandre et en Braband, le Clergé et la Noblesse; dans les Provinces-Unies, un parti considérable, comprimé par la force. Les Chefs les plus ardents de la résistance aux Espagnols, ceux que le Prince d'Orange avoit eus pour admirateurs, pour confidents, pour amis, sont contre lui et les Etats-Gén. en opposition directe. La Motte est serviteur zélé de Philippe; Montigny est prêt à suivre ses traces. Hèze et Glimes, eux qui avoient poussé l'audace jusqu'à saisir le Conseil-d'Etat, se soumettent. Champagny, qui avoit rendu à la cause du pays d'éminents services, expie en prison ses efforts en faveur de la religion Catholique; Egmont, ‘qui se montroit des premiers’ (p. 116), veut livrer Bruxelles aux Mécontents; le Vicomte de GandGa naar voetnoot(1)
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Ga naar margenoot+accable ceux qui tiennent le parti des Et.-G., de reproches et de menaces; le Sgr de Willerval, après s'être opposé à l'accord avec D. Juan (T.V. p. 620), contribue à l'accord avec le Prince de Parme; le Comte de Lalaing, qui montra longtemps au Prince d'Orange un respect filial, suit l'entraìnement universel. Dans une Lettre du Comte Jean de Nassau, écrite en juillet 1579 (T. VII. p. 36), il dit que le Prince n'avoit aucun Seigneur en qui il pût se fier, excepté celui qui peu de mois après devoit l'abandonner, le Comte de Rennenberg.
On accuse les Catholiques d'inconstance et de trahison.
Examinons, d'abord, si leurs engagements étoient encore obligatoires; ensuite, s'ils les ont en effet violés.
Les choses, en moins de trois années, avoient encore plus changé que les hommes.
En 1576 les Pays-Bas s'unirent pour chasser les Espagnols et fonder un régime national. C'étoit, pour la plupart des Catholiques, le but véritable et le terme de leurs efforts. L'existence politique et religieuse, selon eux, devoit rester la même. Bien au contraire, tout avoit été bouleversé, et les Provinces Catholiques, dirigées auparavant par le Clergé et la Noblesse, se trouvoient presque sous la dépendance de la Hollande, du Peuple, et des Protestants.
A Gand l'on s'étoit allié avec la Holl. et la Zél. et le Prince d'Orange leur Chef. Cette alliance, contractée non sans scrupule, n'accordoit aux deux Provinces aucune autorité quant aux intérêts propres du reste des Pays-Bas.
Et cependant cette autorité devint de plus en plus prépondérante.
En temps de troubles ce qui n'est pas accordé s'obtient. Sous l'impression d'une frayeur subite, les Députés de H. et Z. furent admis aux Etats-Gén. Après une opposition longue et vive, le Prince d'Orange fut accueilli en Belgique. Le concours de ces nouveaux Alliés dans les affaires des autres Provinces, concours qui devoit être nul, devint décisif. Véritable grief! En 1578 les Etats de Hainaut s'indignent que cette influence embrasse même la religion: ‘Het is onverdragelijk dat die van H. en Z. pretenderen en willen
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Ga naar margenoot+hebben vois in 't Capittel op 't debat van dit feit, om also te confunderen onse partie:’ Bor, I. 993a. Selon plusieurs la Hollande n'avoit en vue que sa sureté et son intérêt particulier: elle vouloit se faire un boulevard de Bois-le-Duc (v.d. Spiegel, II. 244), de la Gueldre (ci-dessus, p. 550). L'Abbé de St. Gertrude écrit, le 29 nov., que ‘Diest se fust tousjours tenue unie avec la Généralité, si l'on n'eust traicté la dicte Ville comme ennemie, à cause qu'elle ne vouloit.... se subjecter à ceulx d'Hollande:’ v.d. Sp. II. 244, sq. Accusations quelquefois injustes et hasardées! Toutefois la suprématie de cette Province, puissante par ses ressources, par le souvenir et la conscience de ses services, se faisoit déjà péniblement sentir, pressentir du moins, dans l'arrogance de ses réprésentants: ‘de Commissarissen van H. en Z.,’ écrivent ceux de Malines, ‘hebben hen dikwijls niet geschaemt tot diverse stonden en plaetsen te seggen dat men om hals behoorde te brengen die van peis souden vermanen, met verklaren dat hun genoeg was dat die van Antwerpen met henlieden gekomen waren in particulier verbond, niet achtende alle omliggende steden.’ Bor, II. 81.
A Gand l'on avoit, en second lieu, promis de respecter les droits de tous; spécialement du Roi et de la Noblesse.
Et cependant la résistance au Roi avoit pris chaque jour un caractère plus direct et violent. Pour preuve il n'y a qu'à se rappeler la manière dont on avoit traité D. Juan, la déclaration de guerre ouverte, l'acceptation de Matthias, les rapports avec Anjou, les relations avec Casimir et Elizabeth, enfin, symptôme plus inquiétant peut-être que tous les autres, la nature des conditions qu'on tâchoit d'imposer au Souverain. La force des circonstances avoit entraîné à ces démarches; en 1576 on n'en eut guère admis la possibilité.
L'influence de la Noblesse étoit considérablement diminuée. La véritable force du pays avoit passé dans les Communes. Leur pouvoir s'étoit accru des pertes de la Noblesse, du Clergé, et du pouvoir royal. Chose déplorable; on en étoit venue au point de devoir le plus souvent déférer à la volonté du peuple, de la bourgeoisie, et même de la populace. A Bruxelles (p. 266), à Gand
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Ga naar margenoot+(p. 463 et passim), à Anvers (p. 531, sqq.) ce despotisme nouveau s'étoit manifesté; son influence étoit grande, même sur les résolutions des Etats-Généraux.
Enfin à Gand on avoit stipulé en faveur du Catholicisme.
Et cependant tous ces graves sujets de mécontentement et de plainte quenous venons d'énumérer, disparoissent auprès des griefs relatifs à la religion.
Le maintien de la Religion Catholique avoit été garanti par les assurances les plus positives et les plus multipliées. Ces engagements les avoit-on tenus? Suspension des Placards, impunité des réunions particulières, liberté du culte public, égalité parfaite, et puis enfin proscription du PapismeGa naar voetnoot(1), telle étoit la marche qu'avoient rapidement suivie, la force en main, les partisans de la Réforme. De persécutés devenus persécuteurs, ils s'attiroient l'indignation même des Théologiens de leur parti. Leur conduite, selon ceux-ci, n'étoit pas exempte d'ingratitude et de mauvaise foi: ‘Hoca Pontificiis beneficii accepimus quod illi nos exules in patriam revocârunt, nosque suis armis adversus exteram vim atque tyrannidem tuendos eâ conditione
susceperunt, ut ne nos vicissim quicquam vi vel armis vel illegitimâ ratione contra eorum religionem tentaremus. Quae certe, nisi propulsatâ ab eorum capitibus ac fortunis omni vi, caede, ac sicariorum audaciâ, nos illis diligenter et bonâ fide praestiterimus, non videmus quomodo perfidiae ac
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Ga naar margenoot+violati nominis divini crimen simus a nobis derivaturi:’ Gerdes, Scrin. Ant. I. 1, 116. Si l'on ne peut plus se fier aux Catholiques, c'est, disent-ils, aux Réformés qu'en est la faute: ‘Quod dubia Pontificiorum in foederibus conservandis hoc tempore facta sit fides, nonnullorum certe insolentiae tribui potest, qui vel immoderato zelo, vel forte animi impotentiâ, vel denique cupiditate aut rerum novarum studio commoti, omnem iis occasionem cur nobis fidem servandam ducerent, videntur praeripuisse. Quos enim, contra pacta sacramento solenni toties firmata, suis sedibus et aris ac focis ejecerunt; eos vix est ut non et ultionis cupidos, et ad fidem datam vicissim rescindendam promptos paratosque reddiderint:’ l.l. p. 118.
Il n'est donc pas surprenant que beaucoup de Catholiques s'écrioient avec l'Abbé de St. Gertrude: ‘Vous sçavez comme je me suis tousjours employé pour la Patrie quant j'ay veu qu'on a prétendu se défaire de la tyrannie des Espaignols, de maintenir la Rel. Cath., les Privilèges du Pays, et l'authorité due à s.M., selon nostre première Union si solennellement jurée, et me debvront pardonner quiGa naar voetnoot1 me voiant de ce frustré, je soustiens ce que m'a semblé tousjours et semble encoires raisonnable, et si me trouvant abusé des promesses qu'on m'a faict, et voiant que ny Religions-vrede, ny serment, ny promesse vault, pour empescher la furie de ceulx qui faisant profession de la Religion Réformée, veuillent oppresser et enchasser, du moins maltraicter, non seulement les Ecclésiastiques, mais tous Catholicques, je m'en desgouste et m'excuse de me trouver entre ceulx qui, à mon advis, veuillent soustenir non fundée cause:’ v.d. Sp. II. 246. On marchoit droit au renversement des institutions monarchiques, au changement de Souverain, à l'anéantissement de la Noblesse, à l'extermination du Catholicisme. Les Catholiques, puisqu'on ne tenoit aucun compte des obligations contractées à leur égard, ne pouvoient-ils se croire réciproquement libérés? ne devoient-ils pas reculer dans une carrière dont ils ne pouvoient sans horreur envisager le terme, et faut-il leur imputer à crime si, pour sauver leurs intérêts les plus sacrés, ils abandonnent la cause commune,
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Ga naar margenoot+tellement dénaturée; si, à l'anarchie populaire et aux violences des iconoclastes, ils préférent la tyrannie Espagnole et le despotisme royal?
Mais cette supposition n'est pas fondée.
Ils n'abandonnèrent pas la cause commune Ils se tinrent, avec bien plus de fidélité que leurs antagonistes (p. 524 et 536), aux bases sur lesquelles on avoit traité; de sorte qu'ils pouvoient dire: ‘la pacification de Gand, seul fondement de l'Union Générale, a esté punctuellement observée par nous mesmes, en ce que debvons sur tout maintenir la Religion saincte Cath. R. et la deue obéissance de s.M., qui sont les deulx principaulx poinctz, avec celluy qui concerne les Privilèges des Pays de la dicte Union, .... et tous ceulx se voulans exempter de deux conditions si peremptoires de la dicte Pacif. ne peuvent véritablement estre appellés membres d'icelle:’ v. d Sp. II. 202. Ils obtinrent même plus qu'on n'avoit primitivement demandé. Ils stipulèrent pour les autres Provinces la faculté de faire leur paix avec les mêmes avantages. Dans l'accord du 17 mai il y a là-dessus un article spécial: Bor, II. 100a. C'est dans cette intention que les Etats d'Artois écrivent, vers la fin de février 1579, aux Et.-G. qu'ils se proposent ‘d'entrer en réconciliation genéralle avecq le Roy, en conformité de la pacification de Gand, l'union et édict perpétuel, sans admectre chose quelconque au contraire, requérans que ne négligions l'occasion quy se réprésente, ou aultrement que la nécessité les presseroit de passer plus avant, demandans la résolution ouverte et finale sur ce pour le 15e de mars.’ Rés. MSS. d Et.-G. Et ceux de Malines affirment avec raison;
‘Ne pouvons estre tachez de nous avoir disjonctz de la Généralité ...; ny ceulx d'Arthois, Haynault, et aultres Alliez, ny aussy tous qui sommes de meisme intention, ne compescherons la Paix Généralle, ains l'avanchons généralement à toutes Provinces qui la désirent, en conformité de la Pacification de Gand.’ v.d. Sp. II. 203.
Ils ne se livrèrent point, comme plusieurs se l'imaginent, pieds et mains liés, aux Espagnols, L'épithète de Spaanschgezind chez nos historiens, celle d'Espagnolizé dans les lettres et
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Ga naar margenoot+actes du temps (p. 484, et dans l'Apologie, Dumont, V. 1. 401a et passim) est une désignation peu conforme à la vérité. La haine contre les Espagnols étoit universelle, en 1579 comme auparavant. Assonleville désire la paix, pourvu que l'État soit bien gouverné, ‘et sans passions d'estrangiers, en quoy consiste tout le cas’ (p. 514); Montigny, au milieu de ses hésitations, espère ‘bien encoire estre cause de la ruyne des Espaignolz’ (p. 607), et son courroux envers ceux de Gand ne lui fait pas oublier que ‘les Espagnolz taichoient, et ont encores taiché jusques ores, de nous traitter comme esclaves’ (p. 638). - Dans la rédaction des articles de paix rien ne fut oublié en fait de défiance et de précautions. Les troupes étrangères durent quitter non seulement les Provinces Wallonnes, mais toute l'étendue des Pays-Bas, et, si les dangers de la guerre en firent désirer en 1582 le rappel, l'influence des Espagnols fut hannie à jamais.
Il n'étoit pas question de pouvoir absolu et illimité. On représente les Catholiques prosternés devant le Souverain. ‘Onbepaald ontzag voor de Goddelijke Konings-Majesteit en huivering voor hare schennis herleven met de opgewekte Roomschgezindheid:’ Broes, F.v. Marnix, p. 348. ‘De Poenitenten liggen daar geknield om gratie te ontvangen en met de gratie een rijksambt:’ l. l p. 324. Ce tableau est peu conforme, soit à l'esprit général de l'époque, soit au cas particulier qui nous occupe. Le respect outré de la Majesté Royale n'étoit à l'ordre du jour, ni dans la France, ni aux Pays-Bas; ni parmi les Réformés, ni surtout parmi les Catholiques. Le Pape nerecommandoit l'obéissance due au Souverain, ni par ses rapports avec la Ligue, ni parses menées contre Elizabeth, et les auteurs Catholiques sapoient ouvertement les bases du pouvoir royal dans leurs écrits. Qu'on examine l'accord avec les Provinces Wallonnes, qui, en général, servit de base aux autres négociations. Amuistie complète; confirmation des actes de l'Archiduc, des Etats, et du Conseil d'Etat; obligation de nommer des Gouverneurs agréables aux Etats, de ne pas introduire des garnisons sans leur avis, de choisir un Conseil dont les deux tiers devoient avoir pris part à la résistance et y avoir persévéré: ‘die de partije der Staten gevolgt hebben van den beginne der oorlogen tot nu toe:’ Bor II. 99, sqq.
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Ga naar margenoot+M. Ranke a raison de s'écrier: ‘Zu welchen Bedingungen mueste sich der König verstehen! Es war eine Restauration seiner Macht, die aber nur unter den strengsten Beschränkungen statt hatte:’ F.u.V. III. 101. La relation du Souverain et des sujets périclite en face de stipulations pareilles, et ce n'est pas avec une attitude suppliante qu'on les obtient.
La paix étoit bonne; en outre elle étoit assurée. - L'Abbé de St. Gertrude écrit: ‘Je vous demande comment le Roy nous peult tromper, après la retraicte des Estrangiers (de laquelle on se peult bien asseurer), nous donnant l'entier gouvernement du Pays ès noz mains, ... de sorte quoy qu'on dict qu'il y peult estre tromperie, nous ferez singulier plaisir de nous escripre en quelz poincts il y auroit faulte:’ v.d. Sp. II. 237. La suite des temps a fait voir que cette confiance n'étoit pas de la témérité. ‘Die Provincen bekamen eine Selbständigkeit, wie sie nie gehabt... Auch die unterwürfene Provinzen behaupteten alle ihre standische Vorrechte mit dem gröszten Eifer:’ Ranke, l.l. Et M. Meyer observe que l'aristocratie dans la République fut bien plus oppressive que le gouvernement monarchique dans les Provinces qui restèrent au Roi d'Espagne:’ Institutions Judiciaires (la Haye, 1819), IV. 128.
Si pour les Réformés, il étoit imprudent d'accepter la paix, pour les Catholiques il étoit absurde de la repousser. Après avoir atteint et mème dépassé le but, à quoi bon de nouveaux efforts? Falloit-il absolument contraindre le Roi à accorder une liberté, qui leur sembloit scandaleuse, et dont les Réformés faisoient le plus déplorable abus?
Ce qui surprend, ce n'est pas l'entraînement de la plupart des Catholiques vers la paix, c'est bien plûtôt les hésitations de plusieurs, malgré une telle abondance de motifs.
Les Etats-Gén. n'abandonnoient pas encore tout espoir de ramener les Provinces Wallonnes. Encore le 1 juillet: ‘M.M. du Conseil d'Estat ont prins à leur cherge de minuter une lettre pour les Provinces d'Arthoys, Haynault et Lille, Douay et Orchies, affin de les persuader d'entrer en une union générale et de conti- | |
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Ga naar margenoot+nuer la négociation de paix avecq la Généralité, et en faulte de bonne conclusion et survenant la rupture, se préparer à une bonne guerre.’ Rés. MSS. d. Et-G. Et le 8 juillet: ‘Lettres des Députez des Estatz de Haynnault advisans qu'ilz ne fauldront employer toutz moyens pour le deschargement de la servitude Espagnole, ne désirans aultre chose que de veoir le tout estre conduict et remis par main commune en bonne intelligence et conjonction réciprocque, assopissant les causes de diffidence et mal entendu d'un costé et d'aultres:’ l.l. Aussi le Prince de Parme, écrivant au Duc de Terra-Nova le 21 mai, quatre jours après l'accord préalable avec les Provinces Wallonnes, ne se fie-t-il pas à la durée de leur résolution: ‘cognito maligno statu rerum nostrarum, redibunt ad suam unionem.... Neque enim certo adhuc mihi persuadeo Hannonienses et Artesienses procedere eo zelo quo divulgârunt; sed potius contrarium credendum est, si verum est... Matthiam hunc nostrum tractatum cum iis divertisse, suis ad eos missis litteris et technis quibus usus est medio Comitis à Lalain et aliorum:’ Acta Pacif. Col. p 89. Eucore en août ‘toonde de Grave van Lalaing noch eenige
gheneghentheijt tot een Generale reconciliatie oft vereeniginghe te hebben, meer dan d'andere:’ v. Meteren, p. 163c.
Voici quelles semblent être les causes de cette lenteur dans la détermination.
Une haine violente et une défiance excessive envers les Espagnols. ‘Plerique Nobilium...., conscii quid adversus Regem moliti essent..., Hispanos non jam belli socios considerabant, sed uti Regis ultores pertimescebant:’ Str. II. 64. Encore en 1582 la Comtesse de Lalaing disoit au Prince de Parme: ‘timeri posse ne rursum in Belgio Comitum Egmontii Hornanique exempla spectarentur:’ l.l. p. 255.
Le sentiment que, si des tentatives d'oppression venoient à se manifester, on pourroit avoir besoin de l'énergie et du dévouement des Réformés.
La conviction qu'en séparant leur cause de celle des Réformés, les Catholiques, ayant la paix avec le Roi, auroient une longue guerre civile à soutenir. Les Etats-Gén. disoient en nov. 1579, et
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Ga naar margenoot+on ne pouvoit le nier:’ Plane necessarium est circa Religionis Reformatae et Confessionis Augustanae exercitium connivere..., si modo sua M. ditiones suas cupiat pacificas et sub suâ obedientiâ conservatas:’ Acta P.C. p. 310.
Enfin l'influence du Prince d'Orange, ses talents, ses efforts. Nous reconnoissons volontiers les qualités du Prince de Parme; capitaine habile, adroit politique, usant à propos de fermeté ou de douceur, tendant sans cesse au but, par une grande variété de moyens, opposant au Prince d'Orange la prudence et l'audace, et, pour tout dire enfin, sous plus d'un rapport, son digne antagoniste. Seulement qu'on n'apprécie pas les combattants uniquement par le résultat de la lutte. D'après le cours naturel des choses, les Provinces où le Catholicisme n'étoit point abattu, devoient revenir à l'Espagne: donc le Prince de Parme n'avoit que peu d'obstacles à écarter, pour qu'elles vinssent implorer sa faveur, son appui: le Prince d'Orange au contraire voyoit chaque fois, après les difficultés vaincues, de plus grandes s'avancer. - Combat admirable du génie contre les revers! Languet écrit le 16 mars: ‘Non possum satis mirari prudentiam et equanimitatem in tantâ negotiorum mole sustinenda, et ferendis tot injuriis, quibus interdum etiam gratiam refert...: obsecro, respice ejus virtutem et ne deterreat a colendâ cum eo amicitiâ ejus fortuna, quae tandem etiam forte magis laeta affulgebit:’ Ad. Sydnaeum, p. 358. ‘Judico non esse praestantiorem virum in orbe Christiano.’ l.l. p. 363. ‘Non puto in orbe Christiano inter homines illustres vivere quenquam Auraico principe prudentiorem:’ l.l. p. 402. Mais la renommée contemporaine demande, par-dessus le mérite, encore le succès. Heureux qui, se dévouant, comme le Prince, à la cause de la
vérité Evangélique, accepte avec calme, et la gloire, et le mépris des hommes, par ce qu'il recherche, en sincérité de coeur, la gloire impérissable de l'Eternel! |
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de Stralen: probablement fils du Bourguemaitre d'Anvers, décapité en 1568 par ordre du Duc d'Alve: voyez T. III. p. 113, sqq.
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- affoibli, réduit à ne pouvoir continuer la guerre (debellare).
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doubte: voyez p. 2S3, sq. Toutefois Philippe II, en agreant la chose, se flattoit qu'on pourroit un jour revenir sur cette approbation: Str. II. 100. Faire approuver en Espagne le traité de Gand n'étoit pas facile. Dans les papiers de Granvelle il y a une Note en Espagnol, où le Cardinal se rappelle à lui-même que, le 14 août 1579, il a demandé au Roi, vu l'importance de la sortie des troupes Espagnoles et de la confirmation du traité récemment conclu avec les Prov. Wallonnes, qu'il lui permit de se rendre à Madrid, pour en conférer avec le Conseil d'Etat. Le Roi a refusé, craignant que le Conseil, faute de connoitre suffisamment l'état des affaires de Flandre, ne desapprouvât le traité de Gand; ajoutant qu'il valoit mieux ne lui donner communication de cette affaire que lorsqu'elle seroit définitivement conclue (MS. Gr Brux. II).
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moment. Déjà en 1578 Languet écrivoit: ‘Res jam sunt eo deductae ut controversia de Religione sit longe majoris momenti quam reliquae omnes:’ Ep. secr. I. 2. p. 757.
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religionsvrede. De même le Roi de France faisoit observe raux Princes d'Allemagne ‘duas religiones citra dissidia et seditiones in eodem regno tolerari non posse... id pervidisse et Imperii principes qui Augustanam confessionem amplectuntur, id et
ser. Anglorum reginam, apud quos uni tantum relligioni locus:’ Thuan. III. 189c.
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si ample. D'après son Instruction secrète, le Duc pouvoit tout au plus, et à la derniere extrêmité, accorder quelque adoucissement des Placards: Str. II. 101. Il venoit de recevoir une Lettre du Roi du 12 juin, où celui-ci, réitérant ses ordres, recommandoit de conférer, sur le point de la Religion, non avec les Commissaires-Impériaux, mais avec le Nonce du Pape, et défendoit d'admettre la Paix de religion à Anvers et à Gand: ‘posse, temporum iniquitate, haereticos earum urbium incolas tolerari ad certum definitumque tempus’ l.l. p. 123. Le Duc croyoit apparemment avoir déjà beaucoup fait: ‘aliquanto liberalius, non sine tamen Apostolici Nuncii consilio, quantum ad Religionem spectat, indulsit:’ p.125, in f. - Bor rapporte avoir vu une Lettre de Brunynck au Magistrat d'Arnhem, ‘inhoudende dat Graef Johan een brief getoond had daer in stond dat Terra-Nova hem beklaeghde.... omdat hy den uyttersten last die hy van den Conink hadde, niet hadde nagekomen, daer in dat hy in poinct der Religie niet so veel hadde ingewilligt als hy eenige van den H. Staten Gesanten selve toegeseid hadde te sullen verwilligen:’ 135b. Les paroles du Duc, si toutefois il en prononça de pareilles, avoient subi
peut-être, avant de parvenir à Bor, une sensible modification.
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v. principales. C'étoit l'opinion et le conseil de plusieurs. Il existe un Dialogue très-intéressant, écrit par Schetz, sur les moyens, en 1579, de parvenir à la paix (Burm. Anal. I. 117-244). L'interlocuteur, qui semble exprimer les idées de Schetz, y dit ‘gravem et justam existere causam cur, supra libertatem adversariis Gandavensi Pacificatione concessam, in aliis quoque paucis civitatibus in quibus id tunc non licebat, ipsis nunc permittatur Conciones et sacra sua publice celebrare:’ p. 158.
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Il semble y avoir ici une lacune. Le sens paroit-être: en n'acceptant pas de telles conditions, on s.i.
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Vic. de Gand: ‘qui videbatur non esse alienus a puriore Religione et arctiorem amicitiam colebat cum Orangio quam quisquam ex Belgicis Proceribus:’ Lang. Ep. s. I. 2. 779. Voyez cependant ci-dessus p. 107, in f. Peut-être Languel le confond-il avec son frère: p. 601, in f.
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proscr. du Papimse. Encore le 28 mai, à la fête de l'Ascension, on avoit insulté, à Anvers, une Procession dont l'Archiduc faisoit partie, et le Prince d'Orange n'avoit pu rétablir l'ordre: ‘de Prince was met syn hofwachte uitgekomen, hopende door syn autoriteit de Gemeente te stillen; maer hy en hadde noch gehoor, noch ontsich:’ Bor, II. 67a. Malgré lui tous les Ecclésiastiques Cathoques-Romains furent expulsés. Aussi menaça-t-il le lendemain de se démettre de ses charges ‘en dat hij des niettemin altijd met zijnen persoon in 't particulier den Vaderlande soude dienen...., so verre hunne geliefte sulx ware, en so verre ook niet, dat hij van hier soude vertrecken: l.l. Ce ne fut que le 12 juin qu'une paix de religion fut publiée.
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