Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCCXCVII.
E. de Lyere au Comte Jean de Nassau. Nouvelles diverses.

Monseigneur. Suivant l'instruction de v.S. j'ay faict

[p. 656]

⁺mon rapport à son Exc., le 7^me de ce moix, de tout ce qu'elle m'avoit enchargé; mais, comme les affaires de grande importance dont sa dite Exc. est journellement empéschée, sont notoires à icelle v.S., je n'ay peu obtenir si prompte responce ainsy que je le désiroy et que l'urgence des affaires le requéroit; non obstant que j'aye translaté les poincts contenuz en mon instruction en langue françoise, pour les communiquer avec M^r de Villers⁽¹⁾, afin qu'il tenisse¹ la main à la responce sur iceulx; comme j'espère que v.S. en sera satisfaict par la lettre de son Exc., sinon de tout, au moings en partye sur aulcung poinctz les plus pregnantz, priant très-umblement que je soye excusé, si les inconvénientz susnommez ont empêché l'effect de ma diligence.

Les affaires de par-deçà ne sont en trop bon poinct, pour le peu de respect que le peuple porte au Magistrat supérieur, jusques à dégorger des injures par trop diffamatoires, notamment à la ville de Gant où qu'aulcuns, suivantz leur train accoustumé, ont depuis peu de jours en çà faict sortyr honteusement de leur ville M^r de la Noue⁽²⁾, après

+ 1579. Juillet.

(1) de Villers: Tom, III. p. 102. Chapelain du Prince, il étoit un de ses confidents les plus intimes.

1 tint.

(2) de la Noue. ‘Ny le respect de sa vertu, qui estoit en admiration à tout le monde, excepté à ces insolens, ny l'autorité que lui donnoit sa charge... ne servirent de rien:’ Vie de de la N. p 251. On voit ici que dans cet ouvrage on reporte mal à propos ce traitement indigne aux désordres du 9 mars.

[p. 657]

⁺qu'il y estoit arrivé quelques heures auparavant, pour les avertyr de choses concernantes leur prospérité, et pour récompense luy myrent deux cent bourgeoix de guarde à l'entour de sa maison, dont il fust environné jusques à ce qu'on le fyst sortyr de la ville. - Quant au mariage d'Angleterre, il semble que le traicté en soit ung peu refroidy, à cause que l'on dispute encor sur les moyens du voyage du Duc d'Alençon, et qu'il demande, entre aultres articles au traicté de mariage, que les Catholiques ayent exercice de leur religion en troix églises à Londres... Donné ce 13^me de Juillet l'an 1579, par

le très-humble et très-obéissant serviteur de v.S.,

Emmery de Lyere.

A Monseigneur le Comte Jean de Nassau, Gouverneur de la Duché de Gueldres.

+ 1579. Juillet.