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* Lettre DCCCLXVI.
Ga naar margenoot+Le Prince d'Orange à Mr d'Espruneaux. Départ subit du Duc d'Anjou (MS. P. 8781. A.).
*** Cette résolution d'Anjou, assez inattendue, eut différents motifs: les négociations avec le Roi d'Espagne, qui ne lui plaisoient point; la difficulté de prendre un parti, puisqu'il étoit suspect, non seulement aux Réformés, mais également aux Catholiques; enfin la position de la France, où l'on sembloit craindre de nouveaux troubles de la part des Réformés. Le 27 le Sr d'Espruneaulx expose les raisons du partement de son Alt. pour la France, ‘estant la première cause le rappelGa naar voetnoot(1); la seconde, pour oster toute diffidence que l'on a commencé avoir de son Alt., laquelle n'at esté accommodée par deçà comme ses grandeurs bien le méritent, nonobstant quoi icelle toutesfois veut demeurer en la bonne affection qu'elle at apporté par deçà.’ - Le Prince n'en continua pas moins à recommander le Duc: celui-ci pouvant toujours, en France comme dans les Pays-Bas, étre ami très-utile, ou très-dangereux ennemi.
Son départ eut une grande influence sur les Mécontents; désormais ils se rapprochèrent de plus en plus du Prince de Parme: voyez p. 482, in f.
Monsieur, depuis vos lettres, j'ay reçeu aultres lettres de son Altèze qui m'ont esté fort nouvelles. Par icelles il m'escrit qu'il est résolu de partir après ces festesGa naar voetnoot(2), pour aller trouver le Roy, tellement qu'estant les affaires en tels termes et [tiens] ont soubdainement changés, je ne vois point que je puisse vous mander aulcune chose de ce que vous m'avez faict entendre par le présent porteur, jusques à ce que je sois plus amplement informé de l'estat que prendront
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Ga naar margenoot+nos affaires; seulement vous diray que j'ay esté et suis fort marry du département de son Altèze, sachant combien sa présence nous apportoit de faveur; mais je pense qu'il ne faict rien si non par bonne et meure délibération. Je ne lairray de luy demeurer très-humble serviteur, me sentant beaucoup obligé à son Altèze, pour l'honneur qu'il luy a pleu de me faire, et en vostre particulier seray bien prest de vous faire service... Escript à Gand, le 27 décembre 1578.
VostreGa naar voetnoot1 affectionné amy à vous faire service,
Guillaume de Nassau.
A Monsieur Despruneaulx, Ambassadeur pour Monsieur le Duc d'Anjou.
Deux Ligues se constituèrent en janvier 1579. L'une le 6, entre les Provinces Wallonnes, par le Traité d'Arras; l'autre le 23, entre quelques Provinces du Nord, par l'Union d'Utrecht; l'une pour le maintien du Catholicisme, l'autre pour l'introduction de la Réforme; l'une devant avoir une réconciliation, l'autre une abjuration pour résultat.
Les Etats-Gén., redoutant une séparation complète de la part de l'Artois et du Hainaut, y envoyèrent députés sur députés.
Le 4 janvier, ‘M. le Conseillier d'Estat Meetkercke a faict rapport de son voyage en Arthois, et dict qu'en passant par Tournay et Lille, il auroit faict toutz debvoirs vers les gouverneurs des dits villes pour empescher le Traicté de la paix particulière avecq le Roy; comme aussy il a faict le mesme vers Monsr de Capres et aultres nobles en la ville d'Arras, quy estoint bien mal contentz à cause que l'on avoit publié le religionscryt sans l'avoir communicqué à eulx et demandé leur advis, et que ce avoit causé toutz les maulx et misères depuis advenues, comme le chassement de gens
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Ga naar margenoot+d'église et pillerie et princeGa naar voetnoot1 des biens ecclésiasticques, disant que le lendemain le mesme luy avoit esté remonstré par plusieurs prélatz ecclésiasticques, quy dirent davantaige qu'ilz trouvoint mieulx pour eulx d'entrer avecq le Roy en telle paix qu'ils proposeroit, que tenir la partie de la généralité, veu que l'on respectoit ny foy ny serment, que l'on violoit à toutes occurrences, en mesprix de Dieu et disréputation des Estatz; mais ayant le dit Sr faict son rapport à la Commune le 27me de décembre, et remonstré les inconvéniens et dangiers qui procéderont d'une paix particulière, ilz ont unanimement déclaré qu'ilz n'estoint aulcunement intentionez de se désjoingdre de la généralité, ny faire paix particulière en préjudice d'aultres provinces, [requérans] bien instamment qu'il plaise à son Alt. et Estatz Généraulx d'avancher la paix générale, entamée par Monsr l'Ambassadeur de l'Empereur en toute diligence et célérité; d'aultant que la longeur de temps ameine souventesfois quant à soy plusieurs difficultez et changemens; présentans à l'avanchement de la ditte paix avecq le Prince de Parma au nom du Roy envoyer leur députez en [hastans] les pour l'assister de conseil et advis. De quoy le dit Sr Conseillier, faisant son retour par Lille et Tournay, auroit faict rapport à Monsr de Willerval et Monsr le Sénéschal, quy aussy ont promis de
faire toutz debvoirs à ce que les dits provinces ne se séparent de la généralité, à quoy la Commune estoit bien inclinée; et en passant par Gand, ayant faict rapport du tout à son Exc., luy a sa dite Exc. déclairé qu'il espére auszy tellement faire son debvoir vers ceulx de Gand et Wallons, que les différens seront de brief appaisées; ce que Dieu veuille. Et pour les bons offices que Monsr le ViscomteGa naar voetnoot(1), Monsr de Capres, et Beaurepaire ont faict vers la Commune pour les induire à raison, est ordonné de leur escrire lettres de remerciemens, et aussy aux Estatz d'Arthois ou leurs députez; les advisant aussy que tâcherons par toutz moyens de pousser oultre la paix avecq le Roy au plus grande seureté du pays qu'il sera possible, leur
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Ga naar margenoot+envoyant copie de la lettre que le dit Ambassadeur at dernièrement envoyé aux Estatz:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
On tâchoit de gagner les Chefs des soldats Wallons. Le 23 janvier, ‘le contentement que se donnera aux Srs de Montigny et de Hèze est remis à la disposition de son Exc. et du Conseil d'Estat, estans les Estats d'advis d'accorder à chacun d'eulx quatre mil florins de rente leur vie durant:’ l.l.
Le même jour, ‘pour s'acheminer vers Arthoys et induire les Estatz de la Province de demeurer en l'Union et ne rien traicter en particulier, sont dénommez le Prélat de St Bernard, M le Marquis de Havrech, et le Conseillier Mectkerke, lesquels se conduiront suivant l'instruction que sera dressée par les Sr d'Aldegonde, Lisfelt, Metkercke, Louvigny, Iman, et de Greffier de Brabant: l.l.
La Noblesse, dans l'Artois et le Hainaut, étoit assez d'accord; mais il y avoit dans les Villes de la divergence d'opinions, et, à ce qu'il semble, malgré les information données par M. de Willerval (p. 523), une grande partie du peuple avoit beaucoup de répugnance à rompre avec les Etats-Gén. Le 23 déc., ‘Lettres de St Omer du 6me advertissans des lettres et patentes que le St de la Motte leur at envoyez, pour les tirer à sa cordelle, mais ilz n'ont à rien voulu entendre sans préallable advertence et communication à son Alt., à ce qu'il donne le remède et soulagement aux misères et calamitez quy les pressent, et à la conservation de la Pacification de Gand et Union sy solemnellement jurée, laquelle ilz n'entendent contravenir en chose quelconcque, contenans les dits lettres qu'il y a trois choses par lesquelles seules l'estat des provinces et républicques peult estre maintenu, assçavoir l'observation de la religion, la police tant civile que militaire, et la conduicte des finances, faisant sur ce notable discours:’ l.l.
Le 8 janvier, ‘Lettres de Valenciennes du 3me, advisans que ceulx d'Arthois leur ont envoyé les articles pour entrer en pacification avecq le Roy, demandans que à telle fin ilz veuillent envoyer leurs députez aux Estatz d'Arthois; surquoy ayants délibéré les notables et aultres du premier membre, ont trouvé bons les dits articles, et que l'on les debveroit accepter, et à icelle fin envoyer leurs
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Ga naar margenoot+députez aus dits Estatz; mais le second membre et menu peuple du dit Valenciennes n'ont rien voulu déterminer sans que le tout soit préallablement communiqué à son Alt., Conseil d'Estat, et Estatz-Généraulx, pour entendre leur advis, désirans toutesfois que l'on avanche le traicté de la paix:’ l.l.
Le 29 janv., ‘L'acte que se donne aux Provinces d'Arthoys, Haynault, Vallenciennes, Lille, Douay et Orchies, Tournay et Tournesis, de la part de son Alt. et Estatz-Gén., pour ne rien innover ésdites Provinces en l'exercice de la religion CatholicqueRomaine, est aresté par pluralité de voix:’ l.l.
A Arras, comme à Utrecht, on protestoit s'en tenir à la Pacification de Gand.
Les Provinces Wallonnes pouvoient le mieux justifier cette assertion. ‘Sy beswoeren te Atrecht de Unie, de Catholycke Religie, den Coning, en de Pacificatie van Gent te maintineren, en teghen te staen alle die den Religions-Vrede wilden inbrengen:’ v. Meteren, 148c. A Gand on s'étoit joint pour chasser les Espagnols, promettant, d'une manière expresse ou tacite, obéissance au Roi et maintien du Catholicisme; la stipulation à l'égard de la Holl. et de la Zél. étoit tout à fait exceptionnelle et provisoire. L'Union de Bruxelles et l'Edit Perpétuel étoient rédigés dans le même esprit. Conséquemment, s'opposer à la paix de Religion, accepter une Paix avec le Roi, où les bases de 1576 seroient admises, ce n'étoit pas trahir la Généralité, c'étoit revendiquer ses principes.
Selon les Catholiques, elle même se renioit en les repoussant. Les Chefs des Mécontents disoient: ‘Indien eenige Stad of Provincie de aanbiedinge van eenen goeden vrede niet en wilde aennemen, die de geheele Generaliteit sullen werden gepresenteert, en soude men daerom niet laten die te omhelsen, geensins denkende haer in dien gevalle af te sonderen van de Steden en Provintien, maer wel van die dese aanbiedinghe weigeren, directelyk tegen haer trouwe en eed, gemerkt hare vereeniginge en Unie generalyk tot genen anderen einde gemaekt ware:’ Bor, II. p. 35b. |
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