Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCCXV.
Le Cardinal de Granvelle à Mr de Bellefontaine. Affaires des Pays-Bas (MS. B. B. I. p. 119).

...Quant à Madame de Parme, je la vois résolue, puisque ses apprestes¹ l'ont si longuement entretenu², et despuis la goute⁽¹⁾, d'attendre nouvelles lectres du Roy,

1 apprêts, préparatifs.

2 retenne.

(1) goute. Le Cardinal écrit à M. de Bellefont., le 23 janvier 1578 ‘...Elle estoit preste à partir, la goute la surprins aux deux piedz et s'en trouve à présent attachée au lict, et ayant tant tardé son partement, je tiens qu'elle actendra pour peu de jours responce du Roy... La tardance m'a donné et donne peinne, pour les occasions que se perdent et pour ce que je crains que les camps ne s'attachent, ou que entrant le S^r D. Jéhan dedens pays, il ne succède chose que rende les négociations plus difficiles.’ (MS. B.B. I. p. 111).

[p. 339]

⁺pour ce qu'elle ne sçait si la négotiation de Monsieur de Selles (que, comme vous sçavez, sa Majesté a envoyé aux pays d'embas), ou la victoire obtenu par le Seigneur Don Jéhan et ce qu'est succédé despuis, donneront occasion à ce que sa Majesté fit changement sur ce qu'elle avoit trouvé bon qu'elle fit le voyaige, et Dieu voulu qu'elle se fut trouvé près du Signeur Don Jéhan, au mesme temps de la victoire; peult estre se fussent plus rangez les Estatz, pour la confiance qu'ilz eussent prins plus de la dite Dame que du Signeur Don Jéhan, selon qu'ils ont déclaré, par leurs escriptz publiez, la grande diffidence que, oyres que ce fut à tort, ilz ont dudit Signeur; à qui les forces vont croissant de jour à aultre et luy croist aussi la voulonté tant plus, pour, si les Estatz ne se rangent à accepter la clémence que le dit Seigneur ouffre encoires, de part sa Majesté, à ceulx qui se vouldront recongnoistre¹, les constraindre par la force et les chastier. Dieu, par Sa grâce, les veulle inspirer à prandre bon chemin, devant que leur ruyne s'enchemine plus avant.

.... On disoit qu'ils avoient brabantisé M. de Champagney, ce qui ne me pleut quand je l'entendis; et maintenant l'ont exclu du Conseil, comme estrangier, disant aussi qu'il aye voulu empescher que le Prince d'Orange n'eust le Gouv^t de Brabant... L'Archiduc ne peult rien, et je suis en opinion que le Prince d'Orange, quelque bonne mine qu'il tienne, se doibt trouver bien empesché et

+ 1578. Mars.

1 repentir.

[p. 340]

⁺perplex; reposant sur ses espaules chose de si grand poix, et doibt craindre d'estre abandonné et de faire¹ malvaise fin, que tous ceux qui s'eslèvent contre leur Prince naturel et font fondement sur une Commune, ayant donné tant d'audace et d'auctorité au peuple pour le gaigner que à la fin vraisemblablement il n'en disposera à sa voulonté, et se pourroient ung jour trouver en ung tel estonnement qu'ilz le livreroient eulx-mesmes.... [Rome], 31 mars.

+ 1578. Avril.

1 aussi (ou un mot pareil) semble omis.