Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre DCXCVI.
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Ga naar margenoot+docteur Schwartz d'aller vers les députez du Westfélissche Creys. J'espère que son voyaige ne passera sans fruyctGa naar voetnoot(1), vous priant me tenir par après adverty de tout le succès; joinctement tenir la main vers ceulx du dit Creyts, afin qu'ilz escripvent lettres aux Estatz-Généraulx du Pays-Bas, les exhortant à leur debvoir, et qu'ils ne se laissent mener par les parolles abusives de Don Jehan d'Austrice, qui ne tend qu'à les tromper à la fin, quelque mine qu'il face maintenant du contraire, n'estant son intention aulcunement d'entretenir la pacification, naguerres faicte en ces pays, et moins encoir de faire sortir les Espangnolz, avecq lesquelz il tient la plus estroicte correspondence qu'il peult, comme, tant par lettres interceptées qu'aultrement, on découvre tous les jours; et de toutes les belles promesses faictes au commenchement de sa venue, il n'a pas mis en effect le moindre poinct: mais, pour tousjours tirer les choses en longeur, il a désiré de venir en communication, tantost avecq quelques ungs des Seigrs, tantost avecq quelques députez des Etatz-Généraulx, et depuis avecq ceulx du Conseil d'Estat; et cependant tous sont retournez de devers luy sans résolution, bien qu'il commenche à braver et les menasser de parolles, mectant en avant les grans moiens qu'il dict avoir pour leur faire bien rude guerre, s'ilz ne veullent | |
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Ga naar margenoot+condescendre à tout ce que de la part du Roy il leur commandera. Je suis présentement adverty de Bruxelles que les Ambassadeurs de l'Empereur y sont arrivez le xxxe du passé pour modérer les affaires, et l'Evesque de Liége y est aussy depuis venu en personne à la mesme fin. Quelques Seigneurs du pays et aultres particuliers m'ont requis par lettres de me transporter en Brabant pour y assister à la conduicte de ces affaires; mais, ne voyant encoir la finale résolution du dit Don Jéhan, je ne me suis aussy du tout résolu de ce que j'auray à faire. De tant plus qu'il y a plusieurs aultres qui ne demandent guerres ma venue, comme vous verrez par le double d'une lettreGa naar voetnoot(1) que lesdits Ambassadeurs de l'Empereur m'ont escript de Bruxelles, me priants par icelle de ne m'y point trouver, pour ne donner empeschement par ma venue à la pacification qui est sur main. Il ne peult faillir que ne voyons de bryeff à quoy le tout terminera, dont je vous advertiray à toutes occasions; ce pendant il n'estoit besoing de faire les excusesGa naar voetnoot(2) contenues en la vostre pour l'ouverture par vous faicte des lettres de notre beau-frère le Conte de Schwartzbourgh, car vous, m'estant frère tant affectionné, amy si vray et entier et qui avez participé à tant de travaulx miens, et faict si bons offices en mon endroict, la familiarité est bien si grande entre nous que je ne vous pourrois ny vouldrois jamais sçavoir mauvais gré de cela, vous priant que, quand telles lettres vous tomberont encoir cy-après en mains, de les ouvrir hardiment; car je ne vouldrois traicter aulcune chose dont vous n'auriez point la cognoissance. | |
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Ga naar margenoot+D'aultre part, Monsieur mon frère, se présentans icy quelques aultres choses d'importance, lesquelles je vouldrois extrèmement communicquer avecq vous, et n'estans à confier à la plume et au papier, aussy que je vous en pourrois beaucoup mieulx et particulièrement informer de bouche en communycquant en personne avecq vous, que par escript, y joinct que par telle communication pourrions plustost sur tout nous résouldre, j'ay bien voulu vous prier par ceste que, si vostre commodité s'addonne aulcunement, il vous plaise vous trouver pour quelque temps icy devers moy. Et, comme ma femme est continuellement avecq grand désir de veoir une fois Madame ma mère, et Madame ma soeur vostre compaigne, et ma fille Marie, je leur escript aussy présentement à cest effect, afin que, s'il ne leur vient à discommodité, elles nous facent cest honneur que de nous venir veoir par deçà pour le temps de l'accouchement de ma femme, et se peuvent asseurer qu'elles ne pourroyent se trouver en lieu du monde où elles seront mieulx venues et recueillies que par deçà. Ce néantmoins, en cas que pour le grand eaige de Madame ma Mère, ou pour quelque aultre empeschement, elle n'y pourroit venir ny Madame ma soeur aussy, je vous prie toutesfois que vous vuellez venir, menant avecq vous mes deux filles Marie et Anne, et que vous veullez mectre en chemyn au commencement du mois de mars advenir.... Escript à Middelburch, ce 6e jour de febvrier 1577. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur le Conte Johan de Nassau, mon bien bon frère. |
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