Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre DLI.
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Ga naar margenoot+ceus en la ville de Ste. Geertruydenberch vostre lettre du 30 du mois passé, et depuis me sont encoires venues deux aultres du 4 jour du mois présent, toutes responsives à quelques miennes précédentes. J'ay veu tous les pointz touchez en vos dittes lettres, et par le discours d'icelles cognois de plus en plus vostre bonne affection, tant pour mon particulier qu'au regard des affaires communes, dont je vous remerchie très-affectueusement, vous vueillant bien asseurer que ce n'est de mes moindres regretz de veoir que, par la contrariété et injure du temps présent, les moiens me sont ostez de pouvoir recognoistre et déservir vers vous tant de bénéfices que m'avez si libérallement imparty, et le faictes encoires journellement. Et toutesfois vous debvez fermement croire que ce n'est faulte de bonne volunté, ou aultre occasion semblable, qui me retient; ains seullement, comme par diverses et réitérées fois je vous ay escript, les grans affaires qui, s'accumulans l'ung sur l'autre, nous surviennent icy tous les jours, m'empeschent de faire correspondre les effectz au bon et entier désir que j'en ay; et, n'estoit aussy pour mesme occasion, pouvez estre tout asseuré que, passé longtemps, les Estats et moy n'eussions failly de suyvre vostre conseil, et tasché à gaigner tous ceux qui au bien et advanchement de nos affaires eussent peu servir, mais nous trouvans en si grande courtresse d'argent, et nous voyants défavorisé de tout le monde, sommes esté contraints de nous ayder des moyens que le Seigneur Dieu nous a octroyez, et tant s'en fault qu'ayons le moyen d'envoyer pour tels ou semblables effects deniers hors du pays, que tout ce que pouvons practycquer ne suffist à beaucoup prez pour furnir aux charges et despences | |
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Ga naar margenoot+tant ordinaires que extraordinaires qu'il nous convient nécessairement porter, et dont ne nous pouvons aucunement passer, sans encourir ung évident hazard de la ruyne de tout nostre faict, et vous feroyent à ce regard grand tort ceulx qui vouldroyent dire que de ceste part vous eussiez receu quelques notables sommes d'argent, ainsi que vostre lettre du xxv du passé dict qu'on vous donne icy le bruyct; ce que je vous puis asseurer n'estre venu à ma cognoissance, ny en avoir oncques ouy parler à homme du monde. Et quant il y en auroyent aulcuns qui le vouldroyent soustenir, reste que les Estatz et moy sommes assez asseurez du contraire, et ne vouldrions pour tant souffrir qu'on vous portast telle renommée. Il est bien vray que quelques Franchoys, ayantz passé par icy, en ont voulu parler, et dire que vous aviez receu quelques cent mille florins des Estatz d'Hollande pour le service du Prince de Condé, mais comme c'estoit chose par trop hors de propos, et dont l'on sçavoit assez le contraire, il n'a esté prins regard à leur dire, et pour tant je vous prie ne vous donner aulcune payne de cela, car peult-estre que ceulx qui vous ont faict tel rapport, mennez de quelque mauvaise affection, en sont eulx-mesmes les inventeurs. D'aultre part j'ay veu, par une lettre qu'avez escript à mon Secrétaire Brunynck le xxve de mars susdit, la difficulté en laquelle vous vous trouvez aussy, à cause d'une debte que mon frère le Conte Louys vous a laissé, mon tant à la somme de quarante mille florins par luy levez de Monsieur le Conte Palatin Electeur, et desquelz ledit Sr Electeur demande le remboursement pour les causes par vous plus amplement spécifiées ès lettres susdict- | |
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Ga naar margenoot+tes, désirant à ce regard que, tant pour vostre respect que dudit Sr Electeur, qui de mesmes se treuve aussy en grande payne, je vouldroys tant faire vers les Estatz de ce pays que pour la St. Jéhan prochainement venant ledit Sr Electeur puisse recepvoir la somme de vingt et deux mille florins, et que de la reste luy fusse donné assignation à termes raisonables. Or, Monsieur mon frère, pour vous respondre à cecy, le Seigneur Dieu cognoist le grand marrissement de coeur que j'ay de vous veoir en ceste perplexité, et s'il estoit aulcunement en mon pouvoie de vous en relever, me pouvez fermement croyre que ne vouldroys espargner chose qui seroit en ma puissance, sachant combien libéralement vous vous estez tousjours employé pour [nostre] cause, n'ayant espargné peyne ou travail, ny vostre propre bourse; mais voyant les petits moyens d'argent que nous avons, ainsi que si souvent je vous ay escript, et l'aurez aussy entendu tant par Brunynck, que depuis par le Sieur de St. Aldegonde, je ne voys poinct par quelle voye je vous pourroys faire dresser de la somme susdite, car le peu qui vient en ma bourse ne suffist à beaucoup près aux despences nécessaires que journellement il me convient pourter tout seul; et quant aux Estats, je crains grandement que, pour les raysons susdicttes, ils n'auront moyen de satisfaire telles ou semblables debtes, et pour ce regard ne trouveroys convenir de leur en toucher présentement pour ne les mettre en aulcun désespoir; ainsi que j'ay respondu le mesme à Ruther van Ketwych, et aultres qui ont sollicité leur payement; de tant plus que les dit Estats sont sur le poinct de faire une ordonnance par tout le pays de ne payer plus aucunes vieilles debtes dedans quelques an- | |
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Ga naar margenoot+nées, estans à cela constraincts pour maintenir cy-après la gueurre. J'eusse bien désiré de me trouver en vostre compaignie et joyr de vostre présence pour amplement discourir avecq vous de tous les autres poincts contenuez en vos dernières lettres, mais puisque, pour les difficultés qui se présentent pour vostre passaige, cela ne se peult présentement faire, il m'en fault prendre la patience. Et cependant au regard de Mademoiselle Juliane nostre soeurGa naar voetnoot(1), comme m'escripvez que le mot est donné, et que les choses sont en termes pour les menner, avecq l'ayde de Dieu, bientost à fin, je vous prie tenir la bonne main qu'elle soit bien asseurée de son douaire, et de la reste on porra traicter ainsi qu'on a faict de ma soeur de Hohenloo. A quelle fin j'en ay parlé à nostre beau-frère le Conte de Schwartzbourch, afin qu'il face tant vers le Grand-Commandeur qu'elle puisse estre dressé des huyct mille florins qui luy sont assignez sur mes biens en Brabant. Le dit Conte de Schwartzbourch partira d'icy dans quatre ou cincq jours, et d'aultant que par luy vous entendrez bien amplement tout ce qui s'est passé à l'endroict le pourparler de la paix, et en quelz termes soit ceste affaire, joinctement la petite apparence qu'il y a qu'elle doibve encoires de quelque temps réussir à la fin désirée, je ne vous en feray icy aultre récit.... Dordrecht, 20 avril 1575. Ga naar voetnoot1 Monsieur mon frère, j'ay receu responce du faict dont Monsieur de St. Aldegonde vous ast parlé, et entens | |
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Ga naar margenoot+aultant qu'il n'y aurat aulcune difficulté, parquoy vous prie de voloir tenir la main, affin que ce que vous ay l'autre fois escript en ciffre puisse le plustost ester mis en exécution, puisqu'il tend au bien et réputation de eulxmesmes. Je prie à mon frère le Conte de Hohenloe de vous en parler, le quel pense serat de brief après de vous, à cause que le Conte de Schwartzbourg partirat leundi proschain. Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. |