Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 95]
| |
Ga naar margenoot+* Lettre DXXIII.
| |
[pagina 96]
| |
Ga naar margenoot+ReligionGa naar voetnoot(1), et singulièrement pour la grande deffiance que, non sans cause, ilz ont de la procédure de leurs adverses parties, estantz advertitz de plusieurs endroictz et de bonne part que, encoir qu'ilz soyent contrainctz à entrer en appoinctement avecque nous, si tascheront-ilz par tous moyens du monde de nous tromper. Ce qui est d'aultant plus croyable que les moyens des Estatz et d'autres se trouvent plus difficiles et plus eslongnés de l'intention des parties. Et pour tant vous prie croire et vous persuader fermement que je ne seray jamais celluy qui vouldra empescher une bonne et seure paix, voire tascheray mesme de l'advancer de tout mon pouvoir, moyennant seullement qne l'on propose telles conditions et si raisonnables que le peuple de par deçà ait occasion d'avoir quelque repos et contentement, tant au regard de la liberté politicque que pour le faict de la conscience, afin que j'aye aucun apparent fondement et raison de leur persuader. Et ce poinct particulier que me proposez de l'ung des filz de l'Empereur, si par aventure l'on le vouloit | |
[pagina 97]
| |
Ga naar margenoot+establir au Gouvernement de ce pays, ne vous sçauroye donner responce absolute; seullement que l'affection de ceux de par deçà est si bonne vers la maison d'Austrie que je me persuade fermement qu'ilz en seroient bien contents, pourveu qu'on leur donnast bonne asseurance de la liberté de leurs privilèges et de la Religion, auquel cas j'estime qu'ilz choisiront tousjours ung de la maison d'Austrie par devant tout aultre, quel qu'il fut. Et quant à ce que touchez de vostre venue par deçà, oires que de tout mon coeur je désiroye vous veoir et seroy très joyeux de jouir de vostre présence, si est-ce que considérant de plus prez les dangiers ausquelz polrés tomber, tant en allant qu'en retournant, pour les ruses, malice, et perfidie de nos ennemis, taschants par quelque bout que ce soit de parvenir à leurs desseins, et me proposant en quel estat nostre Maison viendroit à estre réduicte en cas qu'il vous mésadvint, que Dieu ne veuille, je me résouldz qu'il vauldra mieulx éviter les occasions et remectre nostre entreveue à quelque aultre opportunité meilleure, si ce n'est que vous fussiez d'advis de prendre le chemin de la mer, lequel, à cause des glaces, se rendra doresnavant difficile et doubteux. - Touchant Schonenberg, je vous prie d'insister à ce qu'il déclaire ouvertement et résolutement de quoy il se vouldra contenter, ayant esgard à nostre estat présent, lequel je ne vous dissimule ne pouvoir supporter grands frais; qui est particulièrement cause que vous vous pouvez bien asseurer que les reitres ont esté mal informé, quant ilz ont cuidé qu'en Zeelande j'aye empesché qu'ilz ne parvinssent à leur payement; vous certiffiant pour vraye vérité que il n'y avoit pas assez, à beaucoup prez, pour satisfaire seullement à ce | |
[pagina 98]
| |
Ga naar margenoot+que l'on debvoit aux matelots et soldatz qui estoyent là présensGa naar voetnoot(1) et prêts à susciter une bien dangereuse mutinerie, si on ne les eut contentés; de façon que pour leur payement nous nous trouvasmes en arrière près de cent mille florins, tant s'en fault qu'il nous ait demeuré quelque chose pour furnir aux payemens d'eux hors du pays, et de fait vous entendez assez et vous prie aussy le réprésenter de ma part aus dis capitaines et reitres, qu'il n'y a chose au monde que je désirerois plus que de veoir que ce pays eût bons moyens de leur satisfaire, veu que par là nous accroitrions grandement nostre crédit, et polrions exploiter plus grands effets que ne faisons à présent, mais veu l'estat auquel [moyen] retrouvons et qu'il est impossible de furnir à leur satisfaction, si ce n'est que nous vueillons du tout abandonner ceste cause, et par ce moyen mectre le pays en proie à l'ennemy, et quant et quant retrancher aus dits capitaines et reitres toute espérance de jamais pouvoir parvenir à leur dit payement, considéré que le Roy d'Espaigne, estant une fois icy le maistre, ne fera jamais estat de les contenter; j'espère qu'eulx-mesmes, selon leur discrétion et prudence, considéreront qu'il vault mieulx encor ung peu temporiser et avoir patience avec le dit payement (puisque semblables dilations surviennent bien souvent, mesmes aux plus grandz Monarques et Princes du monde) que non pas, en nous voullant précipiter, nous amener à une ruine totale, et quant et quant se forclore eux-mesmes de toute espérance d'estre payé à jamais; vous priant de leur monstrer cecy de ma part, ainsy que sçaurez bien faire, et comme je me confie en vostre prudence et dis- | |
[pagina 99]
| |
Ga naar margenoot+crétion, et les prier qu'ilz s'asseurent que là où aucunement les moyens du pays s'estendront à pouvoir furnir leur dit payement, ne fauldray à y tenir la bonne main de tout mon pouvoir, selon l'envie et désir que j'ay de reconnoistre envers eux les bons services qu'ilz ont fait à moy et à tout ce pays. Touchant le Roy de France, je luy ay depuis nagaires escript une lettre de congratulation, et mesmes prié Sa Majesté, s'il luy plait que je luy envoye ung Gentilhomme Franchois, pour luy déclarer choses concernantes son service, qu'elle m'envoye ample saufconduict à cest effect; dont je vous envoye la copie de la lettre et son Instruction, sur laquelle je n'ay encoires receu nulle responce. Quand au prisonnier, j'ay permis de le donner en eschange de M. de JumellesGa naar voetnoot(1), de Seniske, et de Wanpach; si vous le trouvez bon, vous vous pourrez arrester à cela. Et pour ce qu'icy Schenck et ung aultre prétendent droict sur luy et à ceste occasion demandent grand rançon, je vous prie me mander ce qui en est, à la vérité, affin que je sache comment m'y pouvoir reigler... De Delft, ce xxvje jour de novembre 1574. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. |
|