Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+et qui [semble] que tels soubçons que l'on luy a voullu donner pour le passé ou en aucunes sortes, porte préjudice à ces affaires, les mectant mesme à l'azard de les précipiter, n'a à ceulx icy trop presté l'oreille [et me] monstre, à ce que j'entends, une très grande confidance avecques Votre Majesté, parlant d'elle avecques autant de respect et bonne signification qu'il fist jamais de Roy... ...L'Empereur travaille autant qu'il fist jamais en ceste affaire, et entendz que ce qui a esloigné la venue du Sr [RoulxGa naar voetnoot1]Ga naar voetnoot(1), qui debvoit venir de par deçà de sa part, c'est qu'il atendoit une responce du Prince d'Orange, devers lequel il avoit envoyé pour veoir s'il le pourroit conduire à quelque bonne raison; et ay entendu que l'Empereur mectoit en avant que le Roy Catholicque, en fin pour remédier ces affaires, il pourroit donner au fils du Prince d'Oranges qui est détenu de deçà en Alcala, les Estats du dit Prince et le subroger au gouvernement de Hollande et Zellande, et que le père iroit vivre auprès de luy, ou autre part où bon luy sembleroit. Mais avecques cella l'on ne sçait si ceulx de Hollande et Zellande se contenteront; car il se dict que ils font leurs conditions à part, et demandent liberté de conscience, à quoy je pense que ce Roy ne consentira jamais, ou je me trompe | |
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Ga naar margenoot+bien: depuìs aux bonsGa naar voetnoot(1), qui demandent que on leur oste toute sorte de gouvernement estranger, on leur a aussi introduit ung moien avecques lequel ils se pourroient contenter, et semble que cella vient de ceulx qui veullent accommoderGa naar voetnoot1 l'Empereur; qui est qu'ils demandent ung de ses enfansGa naar voetnoot(2) pour commander, et que on luy donne ung conseil des plus notables personnages de tous les Estatz et les mieulx entendus et expertz en toutes sortes d'affaires; et pour contenter le Roy Catholicque quant aux forces estrangères et Espaignolles, pour les avoir tousjours dans le pays en tant qu'il sera besoing, il les réduira dans les places frontières de France. Et si ce concerte se faisoit, je croy bien que l'Empereur ne consentiroit ces traictez, pour n'estre en peine du soubçon que telle voisinance pourroit aporter ung temps advenir. Je pense, en conclusion, que l'on est bien marry d avoir perdu des occasions que l'on avoit d'apointer ses affaires de Flandres par le passé avecques réputation, et que j'ay bien peur que l'on ne pourra jamais faire à tel ne si bon marché, veu comme sont les affaires d'une part et d'autre. l'Empereur meit toujours son intérest avant, disant que, si l'on ne paciffie avecques les Gueulx, que l'Empire sort de la Maison d'Austriche, et que c'est la résolution des Eslecteurs. Je croy que ceulx qui sont pour son service, tant en Flandres qu'en Allemaigne, tiennent bien l'oeil à ce qui se mesnage de delà sur ses affaires icy, et que du tout ils | |
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Ga naar margenoot+le tiennent bien adverti, estant très marry que de ma part je ne voye plus avant. Mais les affaires se traictent si estroictement de par deçà qu'avecques grande difficulté si l'on peult entendre aucune chose déterminée... Madrid 15 oct.
...Ga naar voetnoot(1) Le courrier à ceste heure venu de Flandres a aporté une dépesche de l'Empereur, laquelle a faict que aussitost on a dépesché vers luy courrier extraordinaire, et, si on m'a dict vray, il [faict] une très grande instance que l'on accorde avecques le Prince d'Oranges, et qu'il fera qu'il se déporteraGa naar voetnoot1 de sa rebellion, et qu'il yra vivre hors des Etats du Roy Catholique; et m'a-on asseuré qu'il faisoit toutes ses instances au nom de tous les Princes Eslecteurs, qui luy ont promis que, s'il paciffioit les Bas-Pais à certaines conditions qu'ils prétendent pour le Prince d'Orange et ses adhérans, que aussitost ils esliroient son filz Roy des Romains, et voy sesGa naar voetnoot2 gens en tels termes que je croy que à ceste heure ils ne se feroient plus tenir pour apointer, voire jusques au Roy, s'ils en avoient le moien; ce temps pendant ils font tousjours semblant de se voulloir pourvoir de plus grande force, soit par mer ou par terre...
...Ils ne travaillent tous les jours sinon à chercher quels moiens leur seroient les plus convenables pour faire la paciffication en Flandres, où il y a tousjours infinies contradictions. Le Roy s'est proposé d'y envoier l'infante Donna YsabelGa naar voetnoot(2) pour gouverner, assistée du plus | |
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Ga naar margenoot+honorable conseil que l'on pourroit choisir des Pays-Bas, et ce pour vaincre l'apétit qu'ils monstrent avoir au faict du privillège du gouvernement. Mais il ne s'entend que ceste proposition tire plus avant; et aussi là dessus est arrivé, de la part de l'Empereur, Rouf, qui s'atendoit de longue main, lequel eust audience le 23me de ce mois...
...Rouf a charge de prier le Roi de la part de l'Empereur et des Eslecteurs d'accorder aus Bas-Pais la paciffication soubz la liberté et franchise de leurs previllièges; et que, pour la fiance que les païs luy rendront toute obéissance et fidellité, l'Empire en respondera, le persuadant et admonestant qu'il peult ne fuir à ce parti, acceptant tous les articles qui se proposeront, en conformité et selon les prévillèges entiers des dits Bas-Pais, où bons ou mauvais concurrentGa naar voetnoot1. Je n'ay sçeu ce qu'il y a en matière de Relligion, et ne s'en parle jusques à ceste heure en aucune manière; mais, puisque les Princes Protestans s'en meslent, il ne fault doubter qu'il y aura ung article en marge pour ceste affaire: je puis dire à V.M. pour résolution, comme je l'ay jà advertie par plusieurs de mes lettres, que ces gens icy, comme du tout désespérez, quelque bonne mine qu'ils façent, ne sçavent comme ils sont des affaires de delà, et dont-ils sont si empeschez qu'ils n'ont autre si grande volunté que d'apointer, et ne cherchent que comme le pouvoir faire, aiant coulleur que c'est avecque raison et réputation, ce que je présume pourroit prendre coup, s'il est ainsy que Rouf ayt la résolution que dessus. Je ne perdray heure ne moment pour y pencher si avant que je pourray. Ce- | |
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Ga naar margenoot+pendant je venlx bien dire à V.M., comme son très humble et fidelle serviteur, qu'elle ne perde temps à faire ce qui complira pour le bien de ses affaires... |
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