Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre DXII.
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Ga naar margenoot+Secretaire Brunynck vous serez adverty, la maladie dont il avoit pleu à ce bon Dieu me visiter peu de jours auparavant, m'en a donné empeschement jusques icy, que je me treuve encoires bien affoibly pour les continuz et durs assaulz que m'a donné la fiebvre, ayant quelque fois eu trois ou quatre accès pour ung jour, et de telle sorte que bien souvent je ne me trouvois une seule minute sans fiebvre. Mais depuis deux jours ençà, grâces à Dieu, elle m'a donné quelque relasche, et je commence quelque peu à me refaire, qui me faict espérer que la ditte fiebvre m'abandonnera du tout, et ainsi pourray, petit à petit, moyennant la divine faveur, retourner à ma première santé. Je me remectz du tout à Dieu, bien asseuré qu'Il ordonnera de moy, comme pour mon plus grand bien et salut Il sçait estre utile, et ne me surchargera de plus d'afflictions que la débilité et fragilité de ceste nature ne pourra porter. - Pour venir aux poincts contenuz en vos dittes lettres et premièrement à ce qui tousche Diederich Schonenberg, je ne sçaurois assez le louer et affectueusement remerchier du zèle et bonne affection qu'il porte au bien de noz affaires, et de la promptitude qu'il démonstre pour s'employer à l'advanchement d'iceulx, et ores que je ne désirerois rien tant que de veoir par son moyen effectuer chose qui pourroit redonder au soulaigement de ce pays, ne sçaichant aujourd'huy homme plus idoine ny plus qualifié pour ung tel faict, comme aultres fois je vous ay escript plus amplement; veu toutesfois le peu de moiens qui sont par deçà pour les trop grans et excessiff despens que durant ceste longue guerre il a icy convenu porter, et que d'aultre part, selon le tesmoingnage de voz lettres, ne debvons du costé d'Allemaigne attendre aucun | |
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Ga naar margenoot+secours de deniers, et qu'à ce regard ne seroit en nous de pouvoir longtemps sustenter armée en campaigne, je ne voys que par la levée que le dict Diederich Schonenberch ou aultre pourroit faire, nous pourrions icy recepvoir aucun notable secours, duquel toutesfois avons plus que besoing, mais, à mon advis, le plus expédient est de nous ayder des entreprinses, comme aussy en vérité tout nostre faict y consiste, si nous voulons prévaloir de noz ennemis; comme j'espère que de cela entre aultres vous serez esté plainement informé par le Sieur Affensteyn: parquoy vous pourrez de cecy communicquer avecq Diederich Schonenberch, et sonder de luy s'il vouldroit tenter quelque entreprinse, laquelle nous pourroit aucunement estre advantageuse, et s'il plaisoit à Dieu bénir l'entreprinse qu'on vouldroit tenter, fauldroit alors cercher et trouver les moyens de se renforcer, et bien maintenir en ce quartier-là, pour attirer illecq l'ennemi et par ce moien luy faire quicter ce pays de Hollande, qui si long temps en a esté travaillé. Quant au traictement du dict Diederich Schonenberch, vous pourriez convenir avecques luy à nostre plus grand advantaige que sera possible, me mandant par après quelle resolution sera prinse sur tout cecy. J'ay aussy veu par vos dittes lettres que vous avez commencé à traicter avec le Conte de Barby, en intention de faire le mesme avecq le Conte de HeydecGa naar voetnoot(1) et le Conte Albert de HohenloeGa naar voetnoot(2), afin de se voulloir employer | |
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Ga naar margenoot+pour nostre faict. Sur quoy vous diray que leur bonne compaignie, principalement celle de Conte Albert de Hohenloe, me seroit icy très aggréable. Mais toutesfois pour aultant que pour vous dire rondement nous n'avons icy le moien de le entretenir, je ne vouldroy les mectre en peyne, ny leur donner occasion pour cy-après se mes contenter ou des Estatz ou de moy, comme j'entens que plusieurs estantz retournez par delà ont faict, oires que ce soit à tort. Et si peult-estre quelques ungs n'ont estez du tout récompensez selon leur désir, ce n'a tenu à la bonne volonté des Estatz, ains est procédé à faulte de moyens. Car pouvez facillement considérer qu'ayant ce petit pays soustenu si rude et dure guerre deux ans entiers contre si grandes et effroyables forces de si puissant ennemy, et cela sans assistence d'aultre Seigneur ou persone du monde, quelz frais et despenz l'on a esté contrainct de porter. Et s'abusent grandement ceulx qui vous font entendre les grands moyens des deniers qu'ils estiment estre par deçà, et pensent estre que ce soit tout pur or qui reluict. Vous veuillant bien asseurer que les choses vont bien aultrement, et nous tiendrions bien heureux si nous pourrions tous les mois furnir au payement des soldatz et bateaulx de guerre, qui vont journellement augmentans en nombre. Je laisse à part la despence extraordinaire dont aultresfois par mes lettres du septiesme jour de may je vous ay plus particulièrement escript, vous priant à ce regard de n'adjouster foy à ceulx qui vous feront cy-après samblable rapport. Car je vous puis asseurer en vérité, quoy que je face mesnager, si est-ce que nous venons encoires tous les moys trop court de ce qui nous est besoing, et cependant ne délaissons d'entre- | |
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Ga naar margenoot+tenir ung chacun en office et bonne dévotion par promesses et alléchemens le plus que pouvons. Et quant au grand trésor qu'on bruict par delà avoir esté à Middelbourg à la reddition d'icelle ville, pouvez tenir pour tout certain que tant peu y a que le dict trésor n'ait monté à deux millions d'or, que mesmes à beaucoup près il n'y a eu à suffire pour satisfaire les soldatz et matelotz de ce qu'on leur debvoit alors. Et la faulte des payemens les faict encores journellement mutiner. Les Estatz sont, grâces à Dieu, assez bien animez, faissants tout debvoir possible, qui est cause que j'ay differé d'employer les deux blancx signetz que m'avez envoyé, et les garderay encoires quelque temps pour les vous renvoyer seurement. De solliciter le Duc Jule de Brunsvic pour avoir quelque prest de deniers, veu[...]le naturel avare du personnaige, me semble que n'y proffiterions rien, ains suffira si l'on peult destourner qu'il n'avance rien à l'ennemy. - Je trouveray bon, que, le plus que pourrez, vous entretenez tousjours l'Evesque de Coulongne et le Coronel Swendi: si Dathénus vouldra venir icy, il me sera aggréable, oires que j'ay peu de moyen de luy donner grand traictement. Il vous pourra mander quel traictement il vouldroit avoir. En quel termes sont les affaires de la paix, dont j'entens que par delà on parle tant, ensemble de toutes aultres choses, je vous donneray plus ample et plus particulier advis par mon Sécretaire Brunynck qui, avec l'ayde de Dieu, vous ira trouver en brieffz jours. Vous priant que je puisse cependant avecq toutes les commoditez du monde avoir bien souvent de voz nouvelles.... Es- | |
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Ga naar margenoot+cript à Rotterdam, ce vije jour de septembre 1574. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur, Monsieur le Conte Jéhan de Nassau, mon bien bon frère, à Dillenburch. |
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