Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+de ce mois, et incontinent après avoir dépesché le messaigier, arriva icy le porteur de ceste avecq une lettre vostre, du dernier du mois passé, par laquelle, joinetement le rapport du dit porteur, j'ay particulièrement veu l'estat des affaires de par delà, et j'espère que par mes précédentes vous aurez aussy tout au long peu cognoistre en quelz termes nous sommes icy. A quoy ne vous sçauroys guerres adjouster, pour n'estre survenu aucun changement, et se tient l'ennemy ès environs de Leyden, et aultres places que par mes dittes dernières je vous ay nommé, estant Leiden fort estroictement serré. Je voys les difficultez que vous proposez à faire passer quelque armée d'Alemaigne vers le Pays-Bas par la Meuse, ce que je ne puis sinon vous accorder. Et toutesfois, quant les moiens seroyent de faire premièrement une levée, seroit bien à espérer de trouver passage, mais pour vous dire rondement s'il y a par delà faulte de deniersGa naar voetnoot(1), la courtresse en est telle et si grande icy qu'il n'en fault faire aulcun estat de vous en pouvoir envoyer, ne bastantGa naar voetnoot1 tout ce que pouvons par deçà cueillir et amasser, à furnir aux dépens tant ordinaires que extraordinaires qui s'en vont journellement croissans de plus en plus. Parquoy reste seullement que les Princes de l'Empire nous tendent la main, et ayantz pitié de noz misères ilz nous prestent leur bon secours et assistence. Ce qui tourneroit non seulement à nostre délivrance, mais aussi à leur propre bien, et éviteroyent | |
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Ga naar margenoot+par ce moyen le mal qui aultrement, sans doubte (et nous allantz perduz), les menace. Que s'ilz n'y vueillent aucunement prester l'oreille, nous remectrons nostre cause en Dieu, avec ferme espoir qu'Il ne nous abandonnera point, comme aussi de nostre costel nous sommes icy résoluz de ne quicter la deffence de Sa Parolle et de nostre liberté jusques au dernier homme. Je voys que, à faulte de moien, avez esté contrainct de licentier les Walons et François qui restoyent encoires de la dernière deffaicte; si avant que les eussions peu avoir icy, ilz nous fussent venuz fort à propos; mais je sçay combien il vous est impossible de porter tant de fraiz, despens, labeurs, peynes, et travaulx que jusques oires vous avez eu, et pour lesquelles nous vous sommes et serons éternellement redevables. Je cognois aussi, comme fort prudentement vous discourez, combien il serviroit à l'advanchement de nostre cause d'avoir quelques agens aux cours des Princes, pour tousjours les informer de noz affaires et de l'estat d'iceulx, et mesmes pour respondre aux calumnies des adversaires. Mais faulte de moien pour les entretenir nous en donne l'empêchement; car encoires qu'avec peu de chose cela se pourroit faire, si est ce qu'à le recouvrer y a de la difficulté. Et si quelques ungs ayantz par deçà esté en service, n'ont été satisfaictz selon leurs désirs, pouvez estre asseuré qu'il n'a pas tenu à la bonne vollonté des Estatz, mais est procédé à faulte de n'avoir eu de quoy les contenter; et cela je puis bien tesmoigner. Cependant pour n'obmectre rien de ce qui est de nostre debvoir, nous sommes pour, au nom des Estatz et le mien, envoier quelques députez vers les Princes susdictz, lesquelz s'addresseront premièrement à vous pour se régler | |
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Ga naar margenoot+entièrement selon vostre bon conseil et advis. - Quant à ce que m'escripvez de l'entreprinse de Lutzemburch, s'il y eust moien de la mectre en effect, elle nous apporteroit grand advantaige; comme aussi il seroit grandement à désirer si l'on pouvoit empêcher la venue de Don Jan d'Austria; à quoy je ne sçay voye plus propre, sinon que lez Princes y mectent la main. - Au regard de l'Espaignol que vous avez prisonnier, je suis bien d'advis que le détenez encoires quelque temps, jusques à ce que nous voyons comment les ennemis se gouverneront à l'endroict aucuns des nostres qu'ilz tiennent: je désireroys fort que par son moien le Sr de St. Aldegonde pourroit estre délivré. Et cependant ne sera besoing que luy donnez tant d'aise ny si bon traictement, comme j'entens qu'il reçoit; ains le pourriez faire traicter à ses propres despens, comme tous les nostres sont constraincts de vivre à leurs coustzGa naar voetnoot1... Escript à Rotterdam, ce xxiiije jour de juing 1574. VostreGa naar voetnoot2 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur, Monsieur le Conte Jéhan de Nassau, mon bien bon frère. |
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