Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij71.
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Ga naar margenoot+de venir trouver leurs M. à Nancy, à la charge que leurs M. façent en sorte avec Monsieur de Lorraine, qu'il l'en prie, ou par homme exprès, ou par lettres: et ce affin qu'on ne reproche au Duc que luy s'est ingéré par importunité à vouloir voir et communiquer à leur M. Or estant auprès de leur M. à Nancy, et que S.M. de Poulogne le requière de l'aller acompaigner chez son beaupère, il le fera. Si le Roy nostre maistre a aussi envie de le retirer à son service: qu'il luy fera cognoistre, qu'il n'a jamais rien dit, ny à vous, ny à moy, qu'il ne veille exécuter, et veult monstrer au Roy, que rien ne luy y convie ny persuade, que l'affection sincère et entière qu'il porte au bien et service de S.M. Si leur M. désirent aussi d'entrer en quelque aultre négotiation avecques son père, qu'il y rendra pourveu d'ung plain pouvoir. Et en cas que leur M. ayent bien fort grande envie de communiquer en personne avecques son père, qu'il advisera avecques leur M. de la façon que cela se pourroit faire le plus commodément. De ma part vous peux-je jurer ma part de paradis, que le père et le fils, et docteur Ohem et Zuleger (Chefs du Conseil) en meurent d'envie, et avons desjà discourru deux jours entiers de ce que se popurroit et debvroit traicter à l'entrevenue de leur M. et dudit Conte Palatin, assavoir la ligne (dont a esté question) et du moyen de mettre la couronne de l'Empire en la maison de France. Et a ledit Conte Palatin dépesché le mesme jour que je partis par devers le Landtgrave pour sçavoir s'il le pourroit faire condescendre à vouloir entrer avecques luy en ligue avecques leur M., s'asseurant bien, quand le commencement en seroit seulement faict par eulx, que les aultres y suiveroient bien aysément et se multiplieront | |
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Ga naar margenoot+le nombre de jour en jour. Le sommaire des articles que le Conte Palatin a envoyé au Landtgrave est, que les Princes secourreront les Roys, de ce que sera porté par la confédération, contre ceulx qui assailleront l'Estat de leur M., et que les Rois feront de mesmes à l'endroict des Princes, soit qu'ils viennent à estre assaillis pour leurs Estats, ou leur Religion. Ils se réservent qu'ils ne veulent prester secours contre les Huguenots: aussi veulent-ils promettre de ne les animer contre leur M. Je crois fermement que la présence de leur M. les fera encores passer oultre à ce poinct. Je me suis chargé d'advertir en toute diligence le Conte Palatin, ou pour le moins Docteur Ohem de l'intention de leur M. sur ce que dessus, affin que les choses se préparent en attendant, et que le dit Conte Palatin vienne tout résolu de ce qu'on y aura à faire. J'ai tant faict qu'ils ne parlent plus de leur fondement de la conservation d'Edict: mais ils ne prometteront point de porter les armes contre les Huguenots; de sorte que je cognois, qu'ils seroient bien ayses et contents, que la ligue fust défensive et spéciale contre le Roy d'Espaigne. Qu'est à mon advis le seul moyen de mettre les dits Princes à une telle subjection qu'ils n'oseront de leur vie songer seulement à aggrandir dadvantaige l maison d'Austriche, à laquelle ils sont desjà après à faire perdre la plus belle fleur de leur chappeau: ayant suivy le Conte Palatin et son fils, et principallement Docteur Ohem (qui nous faict un million de bons offices) la voye que vous aviez monstré au Duc Jan-Casimir; assavoir que le sang de France ne désiroit pas ceste grandeur de l'Empire tant pour sa maison, que pour le faire sortir de la main de ceulx qui ne s'en sont servis, qu'à la diminution de | |
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Ga naar margenoot+l'autorité et ruine mesme du corps du St. Empire. Et affin que les Princes Protestants cognoissent tant plus clairement et à veu d'oeil la droicte intention de leur M. leur M. leur offroient, au cas qu'ils vinssent avoir volonté d'eslire ung d'entre eulx, qu'ils ne différassent poinct, pour les raisons qu'on pourroit mettre en avant qu'ung si pauvre Empereur n'auroit le moyen de maintenir les Estats en obéissance, moins de défendre l'Empire contre les entreprinses que pourroient faire les Roys et Potentats voysins sur les frontières d'iceluy; et, qu'au cas que dessus, leur M. assisteroient le dit Empereur de tout les moyens et faveurs qu'ils en pourroient désirer, dont leur M. en renderoient suffisante asseurance, quand cest affaire auroit à sortir son effect, et que l'Empereur qui seroit esleu et les dits Princes prometteroient la pareille assistance à leur M. - Vous sçavez, Monsieur, que cela leur a esté proposé, pour leur monstrer an doigt qu'ils ne sont pas réduicts a ceste extrémité qu'isl n'ont moyen de faire maintenir le corps de l'Empire que par la puissance de la Maison d'Austriche; et après aussy pour leur faire couler dans le cueur pas ces offres icy quelque bonne opinion de nostre sincère volonté en leur endroict. Car cela donnera un honneste prétexte à nos amys de nous pouvoir mettre sur les rangs, comme ils sont délibérez de faire, estants tout asseurez que les Princes s'accorderont aussi peu de prendre ung d'entre eulx, comme les Poulonnois se sont peu accorder à prendre ung Piaste. Et, affin qu'on puisse commencer à briguer pour nous et pour le moins avoir les instruments touts prets pour édifier ung si beau et grand bastiment quand le temps vindra à propos, le Seigneur Conte Palatin et son fils | |
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Ga naar margenoot+désirent estre résolus par moy, et ce le plus tost que faire ce pourra, des conditions que le sang de France veult que ses amys proposent pour le faire parvenir et atteindre à ce que dessus. Car survant ce que je leur en escriray, le Conte Palatin en communiquera avecques le Landtgrave; Docteur Ohem avecques Docteur Craco, et sentiront par ainsi quelle résolution ils en pourront prendre avecques leur M., à l'interveue du Duc Jan-Casimir ou du Conte Palatin avecques leur M. Je les ay prié plus que Dieu de me spécifier ce qu'ils pourroient désirer de nous, mais il a esté impossible de rien tirer d'eulx, sinon que les quatre principaux poinct sont: le défense contre le Turcq; la conservation de leur autorité et liberté; le maintenement de leur Religion, et l'asseurance et seureté qu'ils doibvent avoir de leur vouloir infalliblement garder le dernier poinct, qu'est celuy dont-ils sont seulement en peine. Car je me faicts fort dans ung jour vous faire convenir de toutes les aultres, qui sont environ 25 ou 30, mais de si petite conséquence, que je suis tout asseuré que nulle difficulté s'en présentera de ceulx-là, quand celuy de la seureté de leur Religion sera vuidé et bien arresté. La paix faicte en France (de laquelle toutesfois on leur rapporte tous les jours de terribles nouvelles) nous sert infiniment. Il faut battre le fer durant qu'il est chaud. Car, si nous ne l'emportons (coimme j'espère que nous ferons) je m'asseure, pour le moins, que nous fairons sortir ceste couronne d'entre les mains de ceulx qui en abusent au préjudice des affaires du sang de France. Dieu nous en donne la grâce, affin que nous sachions bien embrasser et dignement conserver l'heur qu'il nous présente devant les yeulx, comme je m'asseure que leur M. | |
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Ga naar margenoot+suivant leur accoustumée sagesse, n'y oublieront rien. Or, ayant discouru bien au loing à là Royne et au Roy de Poulogne de tout ce que dessus, leur M. m'ont commandé, de vous aller trouver en toute diligence pour sçavoir, et leur rapporter vostre prudent advis sur tout ce que dessus; mais ayant voulu retirer la lettre que leur M. vous en vouloient escrire, la Royne s'est advisé que vous auriez, quand j'arriverois au dit Boulogne, desjà passé la mer, et n'estant pas à propos que je vous suivisse en Angeleterre, S.M. m'a commandé de vous en escrire une bien ample lettre, laquelle elle accompagneroit d'une aultre sienne, à quoy je n'ay voulu faillir. Ne me reste doncques rien à vous dire sinon que les M. de la Royne et du Roy de Poulogne m'ont faict ouverture de quelques inpressions qu'on leur donne, pourquoy le dit Seigneur Roy ne se doibve hazarder à passer par l'Alemaigne. Et sont leurs craintes fondées premièrement sur l'assasinement que les Huguenots pourroient faire contre la personne de S.M.; et secondement sur l'arrest qu'on pourra faire du dit Seigneur Roy, pour arracher par ce moyen Metz, Toul, et Verdun des mains du Roy. Or combien que je ne suis pas si mal advisé que je me veille mesler de respondre à tels monarques de chose de telle importance, si n'ay-je voulu faillir (m'ayant leur M. demandé mon opinion là-dessus) de leur dire librement ce que j'en pensois, et aurois apprins du Duc Jan-Casimir et aultres de par delà. Et quant aux deux poinct ensemble, je leur ay allégué qu'il leur plust considérer à quelle nation et à quels gens leur M. avoient affaire, et en cas que leur M. trouvoient qu'oncques les Princes de la Germanie avoient faucé la parolle et foy donnée (donnée principalement par | |
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Ga naar margenoot+une voye tant authentique comme est une diette Impériale), que je consentirois que leur Maj. auroient à craindre semblables surpriseries. Ce que S.M. avoit tant moins à douter, ven qu' ne passe sinon chez ceulx qui ne peuvent espérer aulcun bien, proufict, ou avancement de grandeur d'une telle roupture de foy; ains qui ont cogneu par expérience et qui voient à vue d'oeil, quand ils auroient désespéré le sang de France, et aliéné par une telle méchanceté, que leurs adversaires les engloutiroient à ung grain de sel. Car qui ignore que rien ne maintienne les Protestants (qui sont ceulx où le Roy aura à passer) contre les Catholiques de l'Allemaigne desquels ils usurpent les biens, et qui sont portés par le Roy d'Espaigne, Maison d'Austriche, le Pape, et tous les Potentats de l'Italie, sinon le contrepoix de l'assistance de la couronne de la France. Et ne fault pas alléguer que les actions et punitions exécutés contre les susjects du Roy les ayent aliéné de nous. Je le vous confesse: mais je vous nie tout à plat qu'il s'en ensuive que les Princes Protestants se veilent ruiner à platte cousture pour cela. Car l'expérience nous monstre et les histoires nous en rendent tant amples tesmoignages, que nulle hayne, tant grande soit-elle, tienne contre celuy, par le seul moyen duquel (et poinct aultrement) les hommes peuvent conserver leur vies, leur personnes, leur biens, estats, femmes et enfans...... .....Et monstre le Conte Palatin par l'entreprinse qu'il faict faire par son fils le Duc Cristoffel assez qu'il ne veult pas advancer les affaires de la Maison d'Austriche, ains courrir une mesme fortune avecques nous en tout ce qu'attouche la dite Maison...... | |
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Ga naar margenoot+....IlsGa naar voetnoot(1) se sentiront tellement scandalisez et outragez (considéré qu'ils nous objecteront de les avoir soupçonné de traison et meschanceté) qu'ils se lairront aller aux instances, requestes, et importunités que leur font continuellement ceulx de Languedoc et aultres, et pour obvier que vous ne sçauriez exécuter contre eux la délibération que sans cela on leur a voulu persuader à toute force le Roy de Poulogne avoir brassé avec le Turcq à leur ruine, ils se jetteront à corps perdu avec l'Empereur et le Moscovite au Royaulme de Poulogne, aymants mieulx prévenir que d'estre prévenus...... ....Pour conclusion vous diray-je que le Conte Palatin est prest d'envoyer son Ambassadeur en Angleterre, aussitost que leur M. luy en auront mandé le moindre mot. Vous ne sçauriez croire au reste la dévotion que monstre avoir le dit Conte Palatin asteur (depuis la paix faicte) à vouloir complaire à leur M. Et, quand à mon particulier, j'ay bien trouvé tout le contraire de ce qu'on avoit voulu faire acroire au Sieur de la PersonneGa naar voetnoot(2): car, au lieu de me faire mauvaise chère, je n'ay jamais esté veu de meilleur oeil; et combien que je n'y ay rien négotié comme envoyé de la part du Roy, ains comme personne privée, si m'a-il faict loger au chasteau, et traicté plus honorablement, que je ne fus jamais, au dit Heidelberg...... ....Veult bien advertir le Conte Palatin le Roy de Pou- | |
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Ga naar margenoot+logne en amy que l'Empereur n'a faict mettre en avant les commissaires, sinon pour donner ceste chairge au Conte de Coningstein et au Collonel Swendy (deux aussi fins gallands qu'il y en a au monde) pour espionner et noter toutes les actions, gestes et parolles du Roy et de la nation Françoise, pour en faire leur prouffict à nostre désadvantage, s'ils peuvent, et, que pis est, pour esclairer les Princes, chez lesquels S.M. passera, de si près qu'ils n'oseront, par manière de dire, rien traciter d'important avecques S.M. que ceulx-cy n'évantent et traversent par touts les moyens dont-on se pourra adviser.... |
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