Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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* Lettre CDXXXIV.
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Ga naar margenoot+quelque pardonGa naar voetnoot(1) forgé au nom du Roy d'Espagne, qu'il a faict publier et semer çà et là, a pensé desbaucher et allécher les villes à soy, mais jusques oires ne luy ont presté l'oreille, bien que autrement les affaires y sont assez en branle pour la perte de Harlem, la continuelle charge de la Gendarmerie, et le peu secours qu'ilz disent leur venir; aussy l'ennemy, fouraigeant çà et là le plat pays, tient tellement quelques villes en subjection que mal elles pourront cueillir les fruicts de ceste année, lequel leur viendroit mal à propos. L'ennemi a la plus grande partie de sa Gendarmerie encoires en son vieux camp devant Haerlem, attendans illecq, selon que le bruict est, leur payement. Mais les Espaignolz s'estans veuz frustrez du butin et proye de la susditte ville de Haerlem, d'aultant que Don Fréderico avoit quasi le tout retenu à soy, aussy que nul payement ne leur remit, se sont en partie mutinez, s'estans jusques à quarante enseignes saisiz de la ditte ville, et chassé Coronnelz, Capiteynes et tous aultres leurs Officiers, mesmes le Capiteyne Julian Roméro, qui a esté constrainct se sauver par la bresche de la ville. Ayantz les dits Espaignolz selon leur coustume faict ung ElecteGa naar voetnoot(2), et selon l'advis que j'ay eu ilz sont encoires devant-hier esté mutinez sans se vouloir ranger; quelques conditions que le Duc d'Alve leur ait | |
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Ga naar margenoot+faict proposer; ilz demandent vingt huyct mois de gaiges. Dieu donne que noz souldatz qui sont çà et là es villes, ne suivent leur exemple, d'aultant que les moiens pour les contenter s'amoindrissent icy de jour à autre, ayans plusieurs habitans des villes, par divers moyens, sauvé leurs biens hors du Païs, et les autres tellement reffroidiz que les zèle et affection qu'ilz ont en ceste cause; et le povre pays ont tellement pillé et mangé, qu'il ne luy rest plus aucun moyen de furnir aux fraiz et despens de ceste guerre. Vous aurez assez entendu les grands préparatyffs qu'a faict l'ennemy en Anvers pour encoires une fois assallir la Zeelande, enquoy il a tant besoingné qu'il a faict voile au dit Anvers mardy dernier passé avec environ soixante bateaulz tant grandz que petitz et quelques deux ou trois mille soldatz. Et les nostres de Zeelande bien délibérez de le recepvoir, ont cependant trouvé bon d'assaillir le chasteau de Rammekens, en quoy le Sr Dieu leur a donné si bon succès que le cincquiesme jour de ce mois se voyantz ceulx de dedans tellement pressez qu'ilz ne pouvoyent plus longtemps soustenir, pour avoir les nostres miné bien avant dessoubz le dit chasteau, se sont renduz, et le chasteau est demeuré en la puissance des nostres, dont avons matière de louer Dieu, car vous scavez l'importance du dict chasteau de Rammekens, et espère que cela fera rabaisser l'orgueil de noz ennemis qui, aprez la rendition de Harlem, nous ont pensé avaller tout [vif], mais je m'asseure qu'ilz trouveront autre besoingne. J'ay ce jourd'huy eu nouvelles que les bateaulx des ennemis se sont hier pour la premiere fois attacqué et escarmouché avecq les nostres. Je vous feray part de ce que me viendra du succès. Je suis icy rendant toute la peine du monde pour | |
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Ga naar margenoot+trouverargent à fin de pouvoir remectre noz gens en ordre et dresser nouveau camp. Je treuve le peuple par tout fort volontaire, mais la première fortune qui nous survient tout zèle se pert. Le Duc d'Albe se treuve bien estonné de ce que nulles ville se rengent à luy: je vous laisse penser en quel estat je suis icy, et si vostre présence m'est nécessaire; aussy tout le monde la désire. Qui sera l'endroict où, après mes très affectueuses recommandations en vostre bonne gràce, je supplieray Dieu vous octroyer, Monsieur mon frère, en parfaicte santé, heureuse et longue vie. Escript à Dordrecht, ce dixiesme jour d'aoust 1573.
VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau.
A Monsieur, Monsieur le Conte Louys de Nassau, mon bien bon frère. Le 15 août le Seigneur de Lumbres écrit de Cologne à Mr [de SinisqueGa naar voetnoot2]. ‘Vous tenant bien mémoratif du propos que je vous communiquay à mon partement de ZighemGa naar voetnoot3, je n'en feray icy aultre reditte: sans plus je vous prieray, suivant la teneur d'icelluy, en voloir faire ouverture à Monseigneur le Conte, toutesfois en telle sorte que sa Signeurie ne s'en trouve chargé, car quoique la nécessité me presse d'avoir recours aux emprunts et cependant me tienne en paine, sy ne vodrois-je pas, scachant les affaires de mon dit Signeur, luy estre importun ou moleste pour préparer les miens à plus d'eséanceGa naar voetnoot4 ou commodité; seullement donc dirai-je que le retour que doibt faire de bref pardeçà | |
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Ga naar margenoot+le Capitaine TurqueanGa naar voetnoot(1), m'a faict prendre occasion d'adjouter ceste au susdit propos que je vous tìns à mon partement, et remettant le surplus à vostre bone discrétion, je finiray la présente par mes plus aimables recommandations à vostre bonne grâce et à celle de Monsr de [Cooune].’ |
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