Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij[1573]Lettre CCCXCIX.
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Ga naar margenoot+frustra expectavimus, neque sine magno damno aliquoties res tentata fuit, sed ab hostibus nostri repulsi animadverterunt in flegmaticis Hollandis plus esse animi viriumque quam Hispani arbitrabantur.’ Vigl. ad Hopp. p. 671. Monseigneur, par nos deux lettres précédentes V.S. aura esté deuement advertye de notre long séjour en ce pays, et comme en icelluy nous n'y avons pas trouvé nulle commodité pour le passage, à cause des gelées et grandes glaces ordinaires qu'il y a faict depuis deux moys ençà, et aussi qu'il ne s'est trouvé aucunz maîtres de navires qui ayent voullu entreprandre le voyage pour les dangers des pyrates, et plusieurs autres inconvéniens qu'ils craignent d'encourir en ce temps de troubles; qui est cause, Monseigneur, que nous voyans frustrés de nostre espérance en cest endroit, et l'argent nous deffaillant, aurions esté contraints de recourir à Monsieur le Burgemaistre Metmanna, lequel nous a assisté de cinquante daldres, avons aussy pour ces respects esté contraints de prandre autre délibération de nous en aller en Hollande trouver Monseigneur le Prince, pour avoir assistence du dit passage et autres choses nécessaires pour effectuer notre voyage et ce qui dépend de notre négociation, depuis laquelle notre délibération, les dit gelées | |
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Ga naar margenoot+continuant de mal en pir, nous avons esté forcés de séjourner en ces pays jusques à présent, qui est ung moys entier, plus sans aucun espoir d'en pouvoir encores partir; pendant lequel séjour tous moyens nous deffaillans, derechef le facteur du Sieur Guerard Eck et moy aurions ces jours passés esté trouver Monseigneur le Conte Jehan en sa maison à Fridebourg, acompagnés des lettres de vostre Srie, auquel lieu il les auroit secrètement receues et voullu nous ouyr hors son chasteau en la maison du drossart du dit lieu, et après luy avoir faict entendre toutes nouvelles de vostre bonne disposition, luy auriont parlé de notre voyage, et de l'espérance que nous avyons de trouver commodités pour l'effect d'icelluy de son Excellence; à quoy en premier lieu, Monseigneur, le dit Sr Conte se seroit excusé en nos endroicts de ce qu'il n'osoit manifestement monstrer l'amytié qu'il porte à vous et aux vostres, pour les raisons que votre dite Srie scait, et pour le surplus le dit Sr Conte nous auroit faict responce que secrètement il nous feroit toute l'assistence qu'il pourroit, mais voyant le temps mal disposé pour le voyage, nous debvions temporiser jusques au changement d'icelluy; et sur ce luy ayant remonstré nostre pouvreté et requis de nous donner le moyen de ce faire et de pouvoir partir pour Hollande au premier désgel, afin d'avoir toute commodité du passage et assistance des vaisseaulx nécessaires, le dit Sr Conte nous auroit renvoyé au dit Sr burgemaistre Metmanna, lequel à nostre requeste nous auroit derechief délivré cent daldres, qui est en tout cent cinquante daldres que nous avons prins par deçà, soubs promesse de les faire rembourser par V.S. ou en Hollande le plus tost que | |
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Ga naar margenoot+faire se pourra.... Messieurs de Lumbres, de Carlo, de Hartembrouc, de Fama, Brecht et quelques autres gentilshommes avec plusieurs soldats, sont aussi en ce pays, atendant comme nous la commodité du passage pour Hollande, et les susdit Sieurs de Carlo, Brecht et de Meausse sont depuis quelques jours revenus à LuxebourgGa naar voetnoot1 près du dit Norden, en une maison du Sieur Unico de ManyngaGa naar voetnoot(1), lequel Sieur de Manynga pour l'ancienne amytié qu'il a avec le dit Sr de Carlo, lui y a convoyez et le faict la meilleure chère dont il se peult adviser.... Au surplus, Monseigneur, quant aux nouvelles qui courent de deçà, tant du costé de Hollande que de France, ils sont très bonnes, Dieu mercy. Quant aux particularités du dit Hollande, l'on tient que l'ennemy est tousjours campé devant Harlem, mais c'est bien avec telle perplexité qu'il ne sçait bonnement quelle résolution prendre, de quicter le siège ou de continuer à vouloir forcer la ville; car il veoit divers périls devant luy; c'est que il perd journellement ses hommes ou par mallades ou par retraicte secrète, qu'ils ayment mieulx faire que mourir misérablement de froid, comme la plus part font tous les jours, de sorte qu'ils ne scauroient estre aujourdhuy cinq ou six mil hommes de 10 ou 12m que | |
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Ga naar margenoot+l'on disoit qu'ils estoient, et estant ainsi réduicts à tel nombre, ils le vouldroient bien hazarder à donner bataille à son Excellence, espérant par l'évènement d'icelle avoir plus d'honneur en quelque sorte que ce feust, que de faire la honteuse retraicte, ou, actendant le désgel, se perdre tous au dit siège, comme c'est ung péril que leur est tout certain, comme l'on dict; mais son Excellence les laisse journellement mortifier à la gelée, en les faisant endommager par saillyes ordinaires que ceulx de la ville font sur eulx, où ils perdent beaucoup de leur gens; entre autre le Sieur Julien Romero y est demeuré [pour espée], et Mr de Noircarmes y a esté attainct d'une arquebuzade au menton, et beaucoup d'autres cappitaines Espagnolz; aussi le Sr de la Cresonnière, Gouverneur de Gravelins, Grand-Mtre d'artillerye du dit camp, y a esté tué. Telle résistance a tellement augmenté le courage des Hollandoys, que tous les villageoys se sont eslevés en nombre de bien cinquante mil, pour chasser une bonne fois l'ennemy hors du pays: Dieu les en face la grâce. Le Couronnel de Gronnengue est party ces jours passés avecq tous es soldats de la garnison du pays, en nombre d'environ mil hommes, pour aller renforcer le camp de l'ennemy, et n'a laissé au dit Groningue que cinquante ou soixante soldats, et en quelques autres places environ aultant; par ce moyen pourroit-on bien facillement avec peu d'hommes surprendre le pays; beaucoup de gens de bien de deçà y souhaitent votre Seigneurie pour tel effects. Pour le regard des nouvelles de France, Dieu veuille qu'il en y ayt la moicté de ce que on en publie de deçà, tant elles sont advantageuses pour nous; et pour ce que j'estime que vous en aurez les particularités plus au vray que | |
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Ga naar margenoot+nous ne les avons deçà, je n'en ennuyeray V.S. davantage: bien la tiendray je advertye que Monsieur le Conte de Montgommerey et plusieurs autres Srs Gentilshommes François, avec trouppe, se sont embarquésGa naar voetnoot(1) en Angleterre et pour la Rochelle dès le 15 ou 18 du passé pour tout certain. La Royne d'Angleterre debvoit tenir son Parlement le 10me de ce moys à Londres, auquel les Ambassadeurs de France et d'Espagne s'y debvoient trouver pour parler et traicter de plusieurs affaires concernant la paix et unyon des dit royaumes; mais l'on doubte que telle chose ne tire à mauvaise conséquence. Dieu y mecte la main, et sur ce faisant fin je prieray le Créateur vous donner, Monseigneur, en très parfaicte santé, très heureuse et prospère vie. D'Embden, ce 15me de janvier 1573.
Vostre très humble, très obéissant et affectionné [petit] serviteur, David.
Monseigneur, Monseigneur le Conte Ludovic de Nassau. |
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