Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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1572-1574. | |
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[1572]* Lettre CCCLXXXIX.
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Ga naar margenoot+si difficiles et où les habitants devoient être prêts à tous les sacrifices, se concilier la bonne volonté des Etats. C'est pourquoi il leur avoit accordé, par Ordonnance du 25 aoùt, une très grande influence; se montrant disposé non seulement à maintenir les Coutumes et les Privilèges, mais encore à ne rien ordonner concernant le Gouvernement du pays qu'après avoir pris leur avis. ‘Den Staten des Lands een goed genoegen te geven, dattet Land ordentelyk geregeerd mach worden. Hebbende tot dien einde voorgenomen daer in niet te doen of t' ordonneren dan by advyse van deselve Staten.’ Bor, 400a, Cette influence devoit grandir et devenir un pouvoir, à mesure que le principe de l'autorité du Prince, c'est à dire le pouvoir Royal, alloit graduellement décroître et disparoître enfin, pour faire place à la Souveraineté des Etats. Monsieur mon frère. J'ay hier receu vostre lettre datée du 5 du présent mois, par laquelle ay esté bien joyeux d'entendre le bon devoir que faites à solliciter ceux que savezGa naar voetnoot(1); à quoy je vous prie de vouloir continuer. Et pour cest effet n'ay voulu obmettre de vous mander par la présente plus particulièrement l'estat des affaires survenues depuis le partement du Duc Christoffle et de mon frère Henry; assavoir que, en partie la rendition de | |
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Ga naar margenoot+Monts, en partie la cassationGa naar voetnoot(1) de mes reitres a tellement étonné les villes de tous costez, que je voy grand changement de courages par tout, tellement que les mieux affectionnez se trouvent fort esbranlez, non pas tant pour estre d'autre affection que du passé, comme pour estre saisis d'une frayeur telle, que je crains que à la fin je me trouveray seul et abandonné de tous costez, si Dieu miraculeusement n'y pourvoit. Car depuis que Malines a esté remise entre les mains des Espagnolz, qui ont saccagé toute la ville l'espace de trois ou quatre jours, les guarnisons des autres villes ont esté tellement effrayées, que les unes après les autres ont quitté les places qui leur avoyent esté commises. Car, incontinent que j'estoye sorti de Ruremonde, les soldats l'ont abandonné; l'exemple desquelz a si tost esté ensuivy de ceux de Wachtendonc, lesquelz du commencement ne m'avoyent voulu recevoir dedans la ville, sinon avecq quelques sept ou huict chevaulx, et puis après [ne] me voulurent laisser partir sans estre payez; sinon après que ils ouirent un bruit que l'ennemy avoit esté voisin, lequel bruit, combien qu'il fust faux, eut néamoins telle efficace que, quittans leurs premières [erres], ilz furent contents, mesmes m'en prièrent qu'en leur donnant seulement quatre ou cincq cent florins je sortisse, me quittans au reste touts leurs | |
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Ga naar margenoot+gages. Depuis ceux de Gueldres, Stralen et autres villes de ce costé de Gueldres ont faict de mesme, et n'eut la ville de Zutphen tardé d'ensuyvre leur exemple, si je n'y fusse arrivé le mesme jour qu'ilz avoient delibéré de la quitter; et, non obstant ceux de Dotecum, n'ont pourtant laissé de faire le mesme, comme aussy ceux de Lochum et de Oldenzeel [andres], là ou ceux d'Oudenarde et de Termunde ont aussi quitté leur garnison. Bref, il y a plus déjà quarante enseignes de gens de pied, de comteGa naar voetnoot1 fait avec ceux de mon frère Henry, qui se sont mis en une vilaine et ignominieuse fuit, se sans savoir pourquoy, et mesmes sans avoir eu nouvelles de la venue de l'ennemy, desorte que, si cecy continue, je ne voy nul moyen de maintenir plus longtans les affaires. Bien est-il vray que j'ay mis quelque ordre à la ville de Zutphen, y ayant laissé environ douze cens harquebusieurs Vallons, et YselstainGa naar voetnoot(1) pour gouverneur, mais certes je me treuve tellement dépourveu de bonne harquebuzerie que en suis en grande peine et perplexité. Estant résolu de partir vers Hollande et Zélande pour maintenir les affaires par detà tant que possible sera, ayant délibéré de faire illecq ma sépulture. Parquoy vous voyez combien il est nécessaire que, si les Princes d'Alemagne estiment que ceste affaire les touche, comme certes elle fait bien grandement, que promptement et sans dilay ilz mettent la main à l'oeuvre en m'envoyant secours d'argent et de gens, ou bien acheminant les affaires à quelque bonne paix, et mesmes il seroyt bon qu'ilz escrivis- | |
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Ga naar margenoot+sent aux Ducqs de Holstein et LauenburgGa naar voetnoot(1) et autres Colonelz et Ritmeistres à quoy [tend] ce desseing des ennemis; assavoir: à la ruine totale de ceux de la religion, tant en Alemagne que pardeçà, comme il est assez notoire. Et pour tant ilz les rappellent à bon escientGa naar voetnoot(2), avec protestation bien expresse si mal en advient. Touchant la Royne d'Angleterre j'y ay envoyé Boisot, mais n'ay encor nulle responce. Quant au passage dont m'escrivez pour les arquebuziers, il n'est à présent possible leur assigner autre, sinon qu'ilz s'embarquent à Embde ou Brême ou Hamburg, et ainsi s'acheminent vers Hollande, veu que tous passages sont serrez et inaccessibles. Qui sera | |
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Ga naar margenoot+l'endroict où, me recommandant de bien bon coeur à vostre bonne grâce, prieray Dieu vous donner, Monsr mon frère, en santé vie bonne et longue. Escrit à Swol, ce xviije d'octobre 1572. Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur, Monsieur le Conte Jehan de Nassau, mon bien bon frère. Deux jours après le Prince s'embarqua pour la Hollande. ‘Den 20 is hy met syn Hofgesin en omtrent 60 peerden tot Campen gekomen: die van Enkhuysen daer van veradverteert zynde, so hebben sy eenige galeyen gesonden ... om hem te halen en is zonder eenige tegenspoet tot Enkhuysen gekomen, en met groter vreuchd ontvangen.’ Bor, 414a. Il y demeura quelques jours, fit équiper des vaisseaux et ériger un rempart, que la bourgeoisie termina en si peu de temps qu'on le nomma rempart de bonne volonté (Willigenberg). - Sa venue en Hollande étoit absolument nécessaire. D'abord pour remédier au découragement général: ‘Voorwaer de komste van den Prince was in dese tyd seer noodsakelyken voor de Gereformeerde; want de herten en gemoeden waren so verslagen en verflaut, dat meest al de principaelste die haer metter sake meest gemoeid hadden, in berade waren om met haer te nemen datse souden mogen, en ten Lande weder uit te vluchten: maer met de komste van den Prince waren de flauhertige nu so gemoet datse niet meer op de perykelen en dachten.’ Bor, l.l. Ensuite pour faire cesser les mécontentements et les désordres causés en grande partie par la conduite irrégulière et sauvage du Comte de la Marck. ‘Tot dese tyd toe lagen byna alle goede ordeningen onder de voet, want het wilt en ongetoomt krygsvolk dat eerst in 't Land gekomen was metten Grave van der Marck, so ruwelijk leefden in alle saken en byna tegen een iegelyk sonder onderscheid, dat byna niemand yet goets en dorst proponeren.’ l.l. | |
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Ga naar margenoot+Wals., Mém. p. 316. ‘A présent que le Prince s'est retiré en Allemagne, ils solliciteront le Duc d'Albe à exécuter en Angleterre le dessein qu'il a formé depuis longtemps contre S.M.; à quoi vous sçavez qu'il a de lui-même assez de penchant.’ p. 317. ‘Comme le Prince s'est retiré, S.M. ne doit pas s'attendre de demeurer longtemps en repos.’ p. 319. Malgré ces avertissements, la Reine agissoit foiblement en faveur des Pays-Bas. ‘Nous n'agissons que sous main, et nous montrons en cela que nous n'avons ni zèle, ni courage.’ p. 264. Plus d'une cause produisit ces timides hésitations. D'abord, avant la St. Barthélemy, lorsqu'il étoit question de se liguer avec la France contre l'Espagne, il y avoit deux obstacles: l'ancienne alliance avec la Maison de Bourgogne; car l'observation que cette Maison ‘est devenue une puissance dangereuse et ambitieuse, et en outre la Protectrice du Pape et l'ennemie déclarée de l'Evangile’ (p. 135, sq.), n'aura pas entièrement levé ces scrupules: en second lieu la crainte de contribuer à l'agrandissement de la France. Walsingham propose des moyens pour diminuer cet inconvénient; et d'ailleurs ‘la grandeur extérieure de la France,’ dit-il, ‘est beaucoup moins à craindre pour nous qu'une dissention domestique, à laquelle il ne faut qu'un secours étrauger pour nous faire de dangereuses affaires.’ p. 143, sq. Cependant plus tard Burleigh lui écrit: ‘Si les places maritimes tombent à ceux où vous êtes, ils régleront non seulement le commerce de nos marchands en ces pays-là, mais la souveraineté de la Manche, qui nous appartient, se trouvera bornée et bien exposée.’ p. 247. Après la massacre à Paris, on avoit, il est vrai, moins à craindre de fortifier la France en secourant les Pays-Bas, mais par contre il devenoit doublement nécessaire de ne pas rompre légérement avec l'Espagne. Les avances, les belles paroles, les protestations de la Cour de France contribuèrent alors au maintien de la politique indécise d'Elizabeth. Il ne faut surtout pas oublier l'opposition naissante des Puritains, triomphants en Ecosse, et qui en Angleterre formoient un parti déjà puissant. ‘Die Königin suchte durch die Uniformitäts-acte, 1562 und 1563, das Miszvergnügen mit Gewalt zu unterdrücken, machte aber das Uebel nur ärger, und bald, | |
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Ga naar margenoot+seit 1570 besonders, standen in der reformirten englischen Kirche zwey Partheien schroff einander entgegen.’ Guericke, Handbuch d. Kircheng. p. 918. La Reine, en favorisant les intérêts protestants, craignoit toutefois la prépondérance des opinions décidément calvinistes; sa politique intérieure aura influé sur sa politique au dehors: c'est à quoi se rapporte peut-être la remarque du Prince, Tom. III. p 328. in f. |
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