Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij*Lettre CCCLIV.
| |
[pagina 407]
| |
Ga naar margenoot+communément. ‘Dit middel was reeds in de jaren 1542, 1543, 1552, 1553 bekend, en bij Vorst en Staten dan eens aangenomen, dan eens afgewezen; zoodat in 't jaar 1552 de Edelen, sprekende van dat middel, zeiden dat men de Collectatie by den Thienden Penning behoorde te reserveren tot een refugie en uitterste noodt .... Maar de manier, waarop de Hertog die belastingen, zonder behoorlijke bewilliging der Staten, wilde invorderen en de geweldige handelwijs die dezelve vergezelde, maakten dien penning zoo gehaat.’ Hist. d.H. Staatsr. IV. p. 506. Il vouloit forcer les Etats à consentir; il désiroit établir des impositions toujours suffisantes, et rendre le Roi indépendant de la bonne volonté des sujets. C'étoit violer pour le présent, neutraliser dans l'avenir la plus précieuse garantie des privilèges et des libertés; c'étoit modifier considérablement et presque renverser la constitution du pays. D'ailleurs on craignoit que le commerce, auquel ces provinces étoient redevables de leur prospérité, ne reçût un coup mortel. Il n'est pas étonnant que cette tentative ait suscité une opposition universelle. La Noblesse, le Clergé, les villes jetèrent les hauts cris; et même au Conseil d'Etat plusieurs, surtout Viglius, s'élevèrent contre de telles mesures avec franchise et fermeté. Cette lutte dura plusieurs années; suspendue en 1569, elle fut renouvelée en 1571; et l'on a observé avec raison qu'elle réunit de nouveau les protestants et les catholiques, séparés en 1566 par la violence des iconoclastes. Le Duc, désespéré par la résistance contre son projet favori, résolut de la surmonter par la force. L'essai qu'il en fit à Bruxelles, et auquel cette lettre se rapporte, lui réussit mal. Les Gueux lui donnèrent bientôt d'autres occupations, et le 26 juin il dut remettre le terme échu. Bor, p. 384. ‘Difficultatibus Dux adductus tandem de decimo denario moderatius cepit consilium; ... verum, mi Hoppere, crede mihi, nihil multis seculis in hac Provincia magis damnosum experti sumus.’ Ep. Vigl. ad Hopp. p. 686. En août les Etats s'étant réunis, insistèrent sur l'abolition entière d'une charge si odieuse: refusant surtout, et pour cause, d'en faire un impôt perpétuel.‘Quod surrogabitur, ut perpetuum sit, omnes reclamant, cupiuntque veterem morem restitui, ut in aliquot annos consen- | |
[pagina 408]
| |
Ga naar margenoot+tientes, post eos expletos, juxta necessitates publicas facultatesque Provinciae, subsidia Principi praestentur.’ l.l. p. 702. Monsieur. Comme en mes dernières j'ay faict mention du bruict qu'il y a à Bruselles, n'ay peu laisser d'advertir à vostre Srie de ce qu'un bourgeois de ceste ville qui arrive hier au soir d'Anvers, me dit d'avoir entendu d'un autre qui arriva en Anvers de Bruselles le 23e de ce présent mois; c'est que le tyrant voulant à toutes fins avoir le dixième denier et les bourgeois n'y voulans accorder, leur a premièrement défendu leur train et métiers, et eux y obéissans, s'en estant ensuivy dissette en la Court et par la ville, le tyrant leur a de recheff commandé de faire ce qu'il leur avoit défendu auparavant et de donner le dixieme, sur peine à qui n'obéiroit de 100 florins. Là dessus les bourgeois n'y obéissans encore, a ordonné gens qui iroyent semondréGa naar voetnoot1 et cueiller ceste amende de 100 florins; qui sont premièrement abordé chez un brasseur, et comme ilz luy demandoyent la mesme amende, va dire que s'il avoit mésusé, ou contre la ville, ou contre son Roy, qu'on eut à prendre ses biens à eux exposez et les vendre au plus offrant, et s'en payer soy mesme; avec laquelle responce se sont retirez vers leur maistre le tyrant, disans qu'ilz n'en pouvoyent faire aultre chose pour n'estre massacrez, prians aussy au confesseur du tyrant de luy vouloir persuader qu'il laissast derière ceste exaction du dixième; ce que le mesme n'ayant peu faire, ains bien par ceste intercession venu en telle indignation qu'il ne peut plus comparoir devant luy, s'y sont aussi assemblé les Evesques et principaulx | |
[pagina 409]
| |
Ga naar margenoot+pontifes pour luy monstrer qu'il estoit besoing d'abandonner ceste poursuyte de ce dixième, ou aultrement il estoit évident que telle commotion en pourroit advenir qui l'arresteroit tout court, et d'avantage seroit cause de la ruine des ecclésiastiques; d'autant qu'on en voudroit à eux. Non obstant tout cela, le Tyrant n'y veut entendre, et dit que c'est la volonté du Roy et faut qu'elle se face, et tent aussi au bien du pais. SurGa naar voetnoot1 la Noblesse auroit donné responce que, s'il se trouve que cela tent au bien du pais, selon son dire, qu'ilz sont contens de la donner, les Ecclésiastiques l'ayans desjà accordé. Là dessus le tyrant ayant expressément enjoinct au Magistrat de la ville de Bruselles, auprès duquel il y ordonnoit aussi ses gens, de donner ordre envers les doyens des mettiers qu'ilz contraignissent leurs confrères à obéir à son commandement; le magistrat ayant mandé à cest effect le 19e de ce présent mois les dits doyens pardevant eux à l'hosté de la ville, lesquelz n'y voulans encore condescendre et à ceste cause y estans arrestez et retenuz, se présentèrent à l'instant jusques à 4000 bourgeois en armes qui les délivrèrent, ce qu'entendant le tyrant, en a esté tellement irrité qu'il jura sur la crois qu'il porte au col, qu'il les mettra toutesfois en exécution et les rengera. Parquoy le Magistrat, ne trouvant moyen d'y contraindre les bourgeois, a présenté au tyrant de luy livrer l'outyl pour brasser, valets et servantes pour ce faire, affin q'ainsi il puisse veoir quel proffit il y aura en payant le dixième denier, et le font ainsi pour le présent. Il a aussi mandé, le tyrant, un marchant de drap de soye auprès de luy, auquel il doit bien 30000 florins de marchandise, luy | |
[pagina 410]
| |
Ga naar margenoot+disant qu'il ouvrit sa boutique et payast le dixième, il en feroit [bien] luy, moyennant qu'il en donnast exemple aux autres; mais le marchant luy respond qu'il ayme mieux à luy quiter toute la debte et estre gasté pour jamais et se retirer du pais, que faire cela, et estre massacré en sa maison. En ces entrefaictes ainsi que le Tyrant passant par la ville et voyant les bourgeois se bender en trouppes sur le marché et avoir grands conseilz entre eux, le laissant passer sans luy faire aucune révérence, il en print tel despit qu'en mordant son doit jura de s'en vanger, et est ainsi après en cachette sorti de la ville, et se tient en un monastère hors de la ville, là où il a faict mander auprès de soy le Duc d'Arschot, pour s'user de luy à induire ceux de Bruselles à donner ce dixième. Mais celuy d'Arschot, après s'avoir laissé longuement chercher, s'ayant à la fin laissé trouver, a respondu qu'il ne luy vient à propos à présent de se trouver en Court, et qu'il ne peut rien faire en cela envers ceux de Brucelles, car il n'est aussi d'avis luy mesme de le donner, et se tient en la ville d'Avenne d'où il ne se bouge. Les bourgeois de Brucelles disent que ceux de Louvain et Malines sont de mesme volonté qu'eux, et leur ont promis de les assister au besoing, en cas qu'ilz tient bon. Le tyrant a aussy mandé aux collecteurs constituez à ceste fin en Anvers, qu'ilz ayent à mettre en exécution leur charge, et lever le dixième, mais ilz respondent qu'ilz n'ont point promis d'aller de maison en maison pour ce faire et se mettre en hassart d'estre tué, mais bien de se tenir pretz au lieu préordonné pour ainsi recevoir ce qu'on leur y portera et en rendre bon conte, à quoy ilz se présentent, mais autrement point. De sorte que les affaires du pais se portent | |
[pagina 411]
| |
Ga naar margenoot+tellement à présent que chascun ne souhaite que pleust à Dieu que le Prince d'Orange se présentast maintenant avec la moytié de la puissance qu'il a bien faict par le passé. Voylà les propos que m'a tenu lè bourgeois, lesquelz encore qu'on y pouroit bien souhaiter plus de rime en aucuns, toutesfois n'ay peu laisser à en advertir vostre Srie ainsi que je l'entens, si d'avanture icelle n'eust entendu plus grande particularité, par laquelle peu colliger l'estat des affaires. Et prieray, Monsieur, quand et mes humbles recommandations à vostre Srie, au Tout-puissant vouloir maintenir icelle en Sa saincte grâce, en une longue et heureuse vie. De Couloigne, le 29e de janvier 1572.
l'entièrementGa naar voetnoot1 serviteur de vostre Srie, Guillaume de Berghe.
A Monsieur, Monsieur le Prince d'Oranges. La tyrannie excessive du Duc d'Albe devoit augmenter les espérances du Prince. ‘Ik hebbe een brief van den Prince gesien van den 17 Febr. 1572, daerin hy onderanderen schryft: “Hadden wy nu gereet geld, so souden wy met ter hulpen Gods wel wat goets hopen uit te rechten; want na de tydinge die wy van allen oorden bekomen, het nu tyd ware, en men met geringe sommen meer soude doen als op andere tyd met vele.”’ Bor, 362a. Viglius écrit quelques mois plus tard au sujet des soulèvements multipliés: ‘Praetexitur ubique decimi denarii exactio, et revera egestas, negotiationisque ac navigationis cessatio populum contra Magistratuum voluntatem ad res novas incitat.’ Ad Hopper. p. 686. |
|