Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CCCXXVIII.
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Ga naar margenoot+faict en haste dépêcher à icelle la présente pour incontinent l'advertir comme au jour d'hier quelques ungs, soigneux pour la personne d'icelle, me sont venu déclarer (comme ilz sçavoient le zèle dont je luy serve et que j'advertys souvent à vostre Excell. des occurrences), qu'ilz estoient seurement et de bien bon lieu asseurez, que quelque Sr de cette ville (lequel ilz m'ont nommé, soubz promesse que ne le confieroys aux lettres pour le dangier, mais si j'avois cifre, le ferois), ayant esté mandé au PaysBas par ung grand personnaige d'icelluy, mesmes ung chevalier de l'ordre, ce que j'adjouxte en confidence (lequel ilz m'ont nommé, soubz serment que ne revéleroys son nom, pour ne luy importer moins que la vie s'il fust sçeu du Tyran), y at entendu de la bouche du mesme personnaige, qu'il estoit esmerveillé comment le Ducq avoit tant sçeu gaigner chez ceulx qui conversoient à l'entour de vostre Excell. qu'icelle ne disoit, faisoit ou se trouvoit en riens qu'il n'en avoit des advertences, et que partant il désiroit bien que vostre Excell., ensamble Monseigneur le Conte Louys (dont il baise humblement les mains) y prinssent plus grande garde, afin que leurs desseings et entreprinses fussent plus secrètes, et surtout que. l'ung et l'aultre eusse soigneuse sollicitude de sa personne et gardasse bien à qui se fioit et où se trouvoit, car possible que le Ducq traictoit et avoit traicté pour faire ung mauvais tour à l'ung et à l'aultre pour les faire dépêcher par quelque coup ou autrement, ce que Dieu par Sa gràce ne permectra, ains conservera ses fidelz ministres qui travaillent pour Sa gloire, non obstant toutes embûches. Moy néantmoings, pour l'acquit de mon debvoir, n'ay volu failler d'en advertir vostre Excell., ores que dès longtemps sçait | |
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Ga naar margenoot+les trahisons du Tyran, affin que au soing accoustumé puisse adjouxter ce que trouvera convenir. Par le fourier de Monseigr le Conte van den Berch, ay envoyé à vostre Excell. la sentence de Stralen, ensemble requis advis de ce que on en pourroit faire; néantmoings, pour ce que la responce pourroit tarder et que à l'advanchement de la cause pourroyt servir que à tous et signamment aux Princes d'Allemaigne fussent au plus tost remonstré le but de ces oppressions, ensemble le succès des affaires du pays, avecq la justification des subjects, aussy de vostre Excell. et autres y nommés, ay, par conseil, mis main à l'oeuvre pour le tout publier briefement et espère que de brief se pourra trouver imprimé en Franchois; estant achevé l'envoyeray. Je suis délibéré de le faire aussy en Latin, Alleman, et ThioysGa naar voetnoot1 (affin qu'il soit manifeste en tous pays) si je puis trouver emprunté tant d'argent, car à ma poverté sont tellz despens impossibles. Si la justification de Monsr l'Admiral peult estre divulgée, il n'eust esté besoing, mais icelle attend le commendement de vostre Excell. Plusieurs me pressent pour l'imprimerie de l'histoyre et succès de la religion au Pays-Bas, mais comme n'ay l'argent pour le débourser, fault que contre mon gré le laisse, si aultre ne le desbourse. A tant, Monseigneur, prie à Dieu conserver et prospérer vostre Excellce, comme tous les bons désirent. En haste, ce 19 d'apvril 1569.
de vostre Excellce plus que très humble et très obéissant serviteur à jamais, Hans Baert.
A Monseigneur Monseigneur le Prince d'Orange, Conte de Nassau etc. | |
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Ga naar margenoot+Le 22 juin la jonction se fit avec les troupes de l'Amiral, après la prise de la Charité. Ainsi s'accomplit une entreprise dont la réussite avoit paru, même à Coligny, presque impossible (La Noue, Díscours, p. 967), et dont le Prince n'avoit pas ignoré les nombreuses difficultés. ‘J'ai souvent oui dire,’ écrit de la Noue, l.l. p. 967, ‘à Monsieur le Prince d'Orange qu'il s'esbahissoit comme en un si long et difficile chemin, les Catholiques n'avoyent sçeu choisir une occasion favorable pour eux, et que quelquefois on leur en avoit offert de belles, à cause de l'embarrassement du grand bagage.’ |
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