Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijNo CCCIXa.
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Ga naar margenoot+renseignements très détaillés et quelquefois très intéressants sur la position, les projets et les espérances du Comte Louis. Ga naar margenoot+Premièrement touchant la force du camp du dit Sieur le Conte Lodvic, le nombre de ses gens, et son entreprise. Il y a xxv enseignes de gens de pied bien complètes et furnies, ensemble avec celle de Rodolf van Minne, dernièrement arrivé, laquelle n'a encore passé monstre. Les cent et cinquante que Jennin a amenez, ne sont pas contez entre les dessusdites, à cause qu'il les tient pour le commendement de son Excellce. Puis il y a deux cent chevaulx. Il y vient journellement Capitaines et gens qui désirent estre acceptés, et mesmement de ceux qui attendent au camp la commodité d'estre employez. Or meGa naar voetnoot1 demande mon dit Seigr, le Conte Lodvic, autres gens, moyennant que, selon qu'il espère et attend journellement, il fut renforcé. Les 11m arquebuziers que doit amener le Conte de MansfeltGa naar voetnoot(1), lequel par ses dernières lettres, escrites au dit Conte Lodvic, a donné espérance de s'y trouver en bref; Item les viijc arquebuziers que doit amener Monsr del Vaulx; Item les iijc chevaulx du Conte Joost de Schouenbourgh; ensemble et les compaignies que doivent lever les Contes van den Bergue et Culenbourgh. Ayant ce renfort, sa Seigrie se trouve assez forte pour continuer son entreprise et mesmement l'acheminer à bonne fin, avec la grâce de Dieu. Priant son Excell. de | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+tenir la main que le dit renfort soit bientost envoyé, car son desseing seroit de serrer l'autre passage de la rivière venante de Doccum, tant pour coupper les vivres à ceux de dedans la ville, comme pour pouvoir traitter avec ceux du pays de Phryse pour le furnissement de quelques deniers nécessaires, y ayant bon espoir et apparence de ce faire. Et en oultre seroit son desseing de percer la dicque pour remplir le pays d'alentour la ville d'eau, veu qu'il y a bonne apparence de ce pouvoir faire, à cause que le pays va de tous costés en dévallantGa naar voetnoot1, mesmement du costé de Drente, qui est le plus haut endroit, mais sur tout par les costés où il fauldroit amener les vivres. Et aussi de touts costés de la ville y passe des rivières: tellement que l'exemple de la ville de Malines ne peut préjudicier à la dite entreprise, à cause que le pays de Groningue va de touts costés en abaissant, là où le pays de Malines ne va abbaissant (pour le moins, qui soit d'importance) sinon du costé de la rivière. Et en cas que la chose ne voulust succéder, et que les ennemis nous contraignissent de lever le camp, le desseing de sa Seigrie seroit de se retirer au ZyleGa naar voetnoot2 là où, ayant bon moyen de recouvrer vivres et tenant la maison de Wedde de l'autre costé, sa Seigrie s'asseure se pouvoir tenir un mois ou deux malgré toute la force des ennemis. Que si du tout l'on estoit contraint de se retirer, lors sa Seigrie voudroit fere son desseing sur InchuseGa naar voetnoot3, estimant qu'à touttes heures auroit bateaux et commodité pour y aller. Sur tout estime mon dit Sieur, le Conte Lodvic, néces - | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+saire que son Excell. entre par quelque autre costé et trouve que les lieux les plus prochains de la Gueldre seroyent les plus commodes, et nommément UlpGa naar voetnoot1 et Weert. Suppliant son Excell. de vouloir pousser oultre et le plustost qu'il sera possible. Aussi ont ilz donné ordre que Monsr d'Olhaing se lève du costé de Westflandres, affin par ce moyen de divertir la force des ennemis. Au reste Monsr. le Conte Lodvic se peut tousjours joindre avec son Excellce par tout où il voudra. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Touchant les Capitaines et Conducteurs.Voicy les noms des Capitaines avec leurs enseignes:
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Puis il y a la compagnie de Rodolf van Minne et les cent cinquante de Jenny. Monsr le Conte Lodvic voudroit prier son Excellce de luy envoyer Monsr de Mol ou bien George van Holl et Adrien van Steinberg, ou l'un d'iceux. Aussi a il délibéré de prier le Conte Joost d'accepter la charge de Mareschal du camp, considéré que, comme il a traitté avecque luy, il se contentera de traittement raisonnable. Martin Schermer et Jean van Est sont constitués commissaires, et Monsr le Conte en tire fort bon service. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Quant à la forteresse des places.Le fort du Zyle est bien tenable, combien qu'il soit petit et l'on n'y peut approcher que de front. Le fort de Wedde s'avance journellement et en grande diligence. Les tranchées du Camp sont munies de traverses, ainsy que son Excellce avoit commandé. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Touchant la munition d'artilleries et autres armes.Il y a au Camp six pièces prises des ennemis, desquelles les trois portent quatre livres de boullet; les autres sont | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+demies serpentines. Il en y a aussy trois autres d'amis, demies serpentines; et puis encor dix basses de fer; et finalement Monsr le Conte a fait faire autres vingt et quatre basses. Nous avons conquesté six tonneaux de poudre et son plomb et mesches, si qu'il y a suffisanse de ce costé là. Or voudroit il bien que son Excellce solicitast Monsr le Duc de Saxe pour avoir environ xii demies canons y raclant les armesGa naar voetnoot(1), s'asseurant qu'il ne peut nuire d'essayer si on les polra obtenir ou non. Et quant et quant désireroit avoir Monsr de Hames pour conduire l'artillerie. Quant aux armes l'on en est furny bien raisonablement et presque suffisament. L'on attend les arquebouziers que Snoy doit amener, desquels l'une partie est à Coesvelt, l'autre à Bremen. Aussy ceux d'Ulp ont pris cincq cens armes de noirs harnas des ennemis. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Touchant les vivres.Il en y a à suffisanse, et semble que l'on ne peut user le moyen de vivres, si ce n'est que l'on se déclare ennemy aux Contes d'Embden; et ce faisant, faudroit il assièger la ville d'Embden. Vray est que les ennemis avoyent occupé le port du Zyle, mais Monsr le Conte y avoit desjà mis bon ordre y envoyant Jean Abels, et puis encor donnant charge à trois autres hommes suffisans, lesquelz, moyennant sa commis- | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+sion, estoient contents de prendre ce fait à eux. Sur quoy sa Srie leur a donné plein pouvoir de lever gens et s'aider de ceux du Zyle comme ilz voudront. Ceux de Wedde ont pillé de quarante à cincquante chariots, allans vers Linghen, chargés de vivres, comme burre, fromage, pain etc. Touchant la provision du biscuit sa Srie avoit envoyé Jean Brouck à Embde en attendoit responce, combien qu'il trouvoit la provision de farine meilleur et plus commode que celle du biscuit. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+De l'argent.Il vient de jour à autre, mais non pas en grande abondance. Sa Srie espère que bientost sera payé le premier mois et le deuxieme escheut le dimanche dernièrement passé. Toutesfois, suyvant l'entreprise cy-dessus mentionnée, il espéreroit de pouvoir recouvrer argent du costé de Westphryse. Outre ce que les cloches estoient destinées pour cest usage en cas qu'on en eut peu finer quelque argent content, ou autrement elles estoyent destinées pour en fondre artillerie. Quant au reste des provisions requises au Camp, Monsr le Conte voudroit prier son Excell. en cas que l'on peut recouvrer une paire de tentes, les luy vouloir fere tenir. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Quant aux intelligences et correspondances.Les Contes et Seigrs voisins sont bien affectionnés à la cause, et nommément les Contes d'Embden, d'Oldenbourg et Bentem. | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+Le pays est entièrement de nostre costé. Aussy sont ceux de Breme et autres villes maritimes bien affectionnés. Et pourtant trouveroit le dit Sieur Conte Lodvic bon, que son Excell. practiquast avec eux par le moyen de quelques ministres et autres de les pouvoir gagner, à ce qu'on en peut tirer quelque secours de deniers. Hans Hermelinck van Deckelburg se tenant à OsenbrugGa naar voetnoot1 a présenté son service avec cincq enseignes, mais Monsr le Conte a trouvé meilleur de ne les accepter, ains tenir seulement correspondence avec luy par le moyen d'un sien capitaine, nommé Hubert van der Wyle, lequel est au service de sa Seigrie à Wedde, et par ce moyen a sa Srie cognoissance de ce qui se passe en la chancellerie et Cour de Munster. Sur tout le désir de Monsr le Conte Lodvic et sa requeste est, que son Excell. vueille se déclarer tout ouvertement envers les Princes et Seigneurs et descouvrir nostre maladie sans aucun desguisement, et, en poussant outre, mettre l'issue en la main de Dieu. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Touchant la practique de gagner les ennemis.Y en a fort bonne apparence par le moyen d'un nommé Jean Hol, principal Capitaine du Duc Eric, lequel est mal volontaire à son service, mesmement ne s'est voulu obliger que pour deux mois, et ce en respect de la somme de vingt cincq mille florins que l'on luy doit assigner sur une maison du dit Duc Eric, si bien me souvient. Or a il un frère, Capitaine en nostre camp, aussy nommé Jean Holl, par lequel on le polroit practiquer. A quoy sert grandement le rapport que firent trois | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+gentilhommes, venant du service du Duc Hans Willems vers nostre Camp, au Conte d'Hoogstrate, assavoir, que Hans Bernards les avoit voulu arrester et prendre prisonniers comme ennemis, mais que ses gens s'y opposèrent et malgré luy les firent passer. Aussy le fait de quelques Wallons de la ville de Groningue, lesquelz en la camisadeGa naar voetnoot1 qui se fit y eut jeudy huit jours, exhortèrent quelques uns nos Wallons, qui s'estoyent trop avancez aux fauxbourg, de se retirer, protestans qu'ils leur estoyent amis et non pas ennemis. Or pour acheminer ce desseing de practiquer les ennemis, ilz ont donné ordre de traduire cest escritGa naar voetnoot(1) François en Alleman. Aussy ont délibéré d'escrire à Monsr de Meghen et au Duc Eric. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Quant à la force des ennemis dedans la ville.Il y a Robles avecq quatre Compagnies.
Germinies avec cinq Compagnies.
Huit Compagnies d'Alemans.
Quatre Compagnies d'Espagnolz et environ trois cents chevalliers légers.
Ils ont osté les armes aux bourgeois.
Monsr de Meghen y est entrée à l'embléeGa naar voetnoot2, cependant que après la battaille donné, les bourgeois estoyent pour la plus part sur les murailles, empeschez à regarder les navrés, fugitifs et autres qui venoynt du camp; et fit entrer ses gens par trente et quarante. Toutesfois es | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+mandements il ne se porte encor pour gouverneur. Le Duc Eric; comme on estime, est au pays du Drenten à l'entour de Rolde et Meppel. Il y eut mardy trois semaines qu'il pensa surprendre la ville de ReynenGa naar voetnoot1, au pays de Munster, pour en faire son loopplaetse, mais fut empesché par les bourgeois, qui tindrent les portes serrées. Or avoit il pour lors trois enseignes desployées, rouge, blanche, et jaune, desquelles les deux avoyent un renard tenant un oyson en la gueule. L'un estoit de ijc xx, l'autre de ijc xxx, et la troisième de ijc et quinze moins. Puis y avoit la quatrième compagnie sans enseigne desployée, tellement qu'il estoit pour lors fort de huit cens à mille chevaulx. Depuis s'est avec luy joint Hans Bernard, lequel jeudy y eut huit jours, le 17 du mois, passant par Buren avoit ijc xx chevaulx et environ xxvj chariots. Les chariots du Duc Eric montoyent bien à ijc et xx. Selon la conduite que l'on tenoit deans la ville, nous estimons qu'ilz passèrent les monstres sabmedy dernièrement passé, qui fut le xixe du mois. Il y a trois pièces d'artillerie de nos ennemis crevées et entre autre la principalle de toutes. Ce qu'ilz ont tiré n'a encor adressé jusqu'à maintenant. Et se sont déportez quelques jours de tirer, dequoy l'on fait quelque conjecture que la poudre leur doit faillir ou quelque autre commodité sembable. | |||||||||||||||||||||||||||||
Ga naar margenoot+Touchant autres advertissements particuliers.Monsr d'Hoogstraten arriva le jeudy à Embde, qui fut le xvijme du mois en bonne santé et sans rencontre, passant par Cloppenbourg entendit que les gens de Hans | |||||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+Bernard y avoyent passé un jour et demy devant. Le lendemain, que fut le xviije, arriva- il par le Zyle au Camp, et eut nouvelles que les bateaux des ennemis s'estoyent emparez du port de Zylen quelques deux ou trois heures après son partement du dit Zylen. La lettre des Contes d'Embden a esté délivrée au drossart d'Emden, Unico Maninga, homme bien affectionné, avecques convenable remonstrance; lequel s'est incontinent party vers les Contes avec la ditte lettre. Les lettres des Contes d'Oldenbourg sont encor en la main du dit Sieur de Hoogstraten. Aussi a le dit Seigr d'Hooghstraten fait assembler les Capitaines, les remerciant du bon devoir fait à la bataille, au nom de son Excell., et les exhortant à l'advenir. Touchant les trois Espagnols qui estoyent à Wedde, Mr le Comte les a mandé au camp pour les faire pendre..... |
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