Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre CCXIV.
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Ga naar margenoot+ment avec vous, je ne laisseray de vous dire que l'on a par deçà beaucoup parlé sur ce que vostre frère s'est trouvé en ces choses qui se passent par delà, et pour ce que je ne puis délaisser de m'en ressentir, je vous encharge que vous regardiez comment on y pourra rémédier qu'il ne passe plus avant, et l'effectuez: et s'il vous semble bon que l'esloigniez quelque temps de vous, que le faciez.’ Le Petit, 126.a Ce désir n'a rien de fort étonnant; les lettres que nous avons déjà communiquées font assez voir que le Comte Louis étoit extrêmement actif et jouissoit d'un très grand crédit parmi les Confédérés. Mon bon cousin. L'extrémité des fâcheries en quoy je me retreuve journellement de plus en plus pour veoir que ce mal d'hérésie croist de toutes pars, mesmes la désobéyssance all'endroict de sa Maté avec les esmotions populaires, non obstant l'appointement que j'avois faict avec ces gentilshommes Confédérés, par où j'espérois veoir quelque amendement aux affaires, me constrainct vous escripre ce mot, pour vous requérir d'une chose pour le service du Roy, Monseigneur. C'est en effect que comme vous scavez que par le dit accord les dits gentilshommes, et entre eulx le Conte Loys vostre frère, m'ont promis que es lieux où il n'y avoit de faict eu presches, ils feroient leur mieulx et tous bons offices que n'en fussent faictes aulcunes et où il y en avoit, que les armes fussent mis bas, par où nul n'estoit tenu de souffrir quelques nouvelles presches. Qui a donné occasion que le magistrat de ceste ville, mesmes les trois membres d'icelle, après estre deuement certiorés que l'on n'a souffert les presches en ceste ville, ny all'environ, ny le peuple d'icy y aller auparavant le dit accord, ont résolu et conclu unanimement de n'en point souffrir, pour les raisons qu'ils ont mis par escript et faict imprimer, que ne doub- | |
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Ga naar margenoot+te vous aurez veu, et suyvant ce le magistrat d'icy ont plussieurs fois refusé à aulcuns sectaires de les laisser sortir aus dit presches. Et combien que iceulx sectaires se debvoient à tant contenter, sans troubler ultérieurement l'estat publicq, ou aller demeurer hors la dite ville, toutefois, au lieu de ce faire, se sont venus plaindre au dit Conte Louys vostre frère, lequel en leur faveur a envoyé ung nomé Cock, gentilhomme, au Comte d'Egmont, vers ceulx de ceste ville icy, avec lettres de crédence, pour expostuler avec eulx de ce qu'ils ne souffroient les dit sectaires aller à la presche, disant estre contre l'accord et ce quils luy avoient consenty déclairer au peuple de ceste ville. A quoy il requiert que fut pourveu, aultrement qn'il luy fauldroit pourveoir, comme le tout, ensemble de la responce à luy donnée, est plus amplement contenu en ung escript cy joinctGa naar voetnoot(1). Que sont en vérité choses asses à mon jugement mal séantes et par où le repos de ceste ville, qui veult demourer en son ancienne religion et à la dévotion de sa Mat., pourroit estre grandement troublée et non seullement ceste ville, mais aultres villes qui sont du mesme sentiment. Si seroit aussi puis naguères advenu à JumontGa naar voetnoot1, pays de Haynauct, que aulcunz paysans seroient allé à plaincte à luy d'une chose appertenent à la cognoissance du Sr de Noircarmes, Grand-bailly du dit pays, dont le dit Conte auroit aussi escript au dit Grand-bailly et pour ce que je scay bien que toutes ces choses ne se font de vostre adveu et possible qu'il ne considère la conséquence, je vous prie, mon Cousin, de fort bonne affection, puisque l'appoin- | |
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Ga naar margenoot+tement avec ces gentilshommes est faict, que vous veullez vous souvenir de ce que sa Maté vous ha puis naguères escript si affectueusement touchant l'allée de vostre dit frère pour quelque temps, jusques à ce que les affaires de ce pays soyent (si Dieu plaist) plus quiètes et paisibles, et luy en prier de ma part et de la vostre de ce faire. Non pas que je veulle mal juger de luy, mais puisque ces sectaires ont telle persuasion qu'ils prennent leur recours à luy contre les gouverneurs et magistrats, luy ne s'en doibt entremesler, mais les renvoyer à Sa Maté ou à moy, ausquels appertient d'oyr les plainctes des subjects de par deçà et leur faire droict et justice, et en ce faisant je scay que vous ferez chose aggréable à Sa Maté et mesmes que cecy ne viendra sinon que à la réputation et repos de vostre dit frère, comme par vostre prudence et bon jugement facillement le poves cognoistre. Vous priant ainsy le faire et sur ce avoir de vos nouvelles. A tant, mon bon Cousin, nostre Sr vous doint Sa Ste grâce. De Bruxelles, le 26 de septembre 1566. Vostre bonne Cousine, Margarita. Van der Aa. A mon bon cousin le Prince d'Oranges, Conte de Nassau, Chev. de l'Ordre, Conseillier d'Estat et Gouverneur du Conté de Bourgne et payz de Hollande, Zelande et Utrecht. Le 25 de septembre 1566 devant disner, s'est trouvé sur la maison de la ville de Bruxelles, devant la chambre | |
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Ga naar margenoot+du magistrat, ung gentilhomme nommé Cocq, desirant parler au Bourgmestre et Magistrat, et luy estant faict ouverture et donné entrée et y trouvant Monsr. le Conte de Mansfeldt, luy présenta unes lettres missive du Comte Louys de Nassau et aultres au Magistrat, contenant que le dit gentilhomme portoit de luy quelque charge de bouche, que le dit Cocq dict estre en effect que le dit Conte trouvoit estrange qu'on empeschat au peuple de Bruxelles les presches et pour ce il se trouvoit intéressé en son honneur, à cause le 25 d'aougst il avoit dict au dit peuple, par charge du dit Sr Conte de Mansfeldt et aussi du Magistrat, qu'on les laisseroit aller au dit presches, sans empeschement, et que aussi la compaignie des gentilzhommes en général estoient intéressez, pour ce que le dit empeschement se faisoit contre le contenu de l'accord faict avec Son Alteze, disant, qu'il entendoit que les dits de Bruxelles par avant avoient eu les presches, et que le Sr de HachecourtGa naar voetnoot(1) les auroit trouvé, et mesmes que passé dix ans on avoit presché en la ville, et qu'il entendoit aussi que ce que par les trois membres estoit résolu, seroit faict sans que les nations auroient eu leur arrier conseil, et pour ce auroient esté précipités contre la manière accoustumée, et en fin que le dit Conte desiroit qu'on laississe au dit poeupleGa naar voetnoot1 avoir les dits presches etjoyr de ce qu'il leur auroit dict et promis, ou que aultrement il luy fauldroit pourveoir. Surquoy après disner ayant le Magistrat parlé a Son Alteze, firent au dit gentilhomme, comparant par devant eulx au lieu que dessus, dire par | |
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Ga naar margenoot+le pensionnaire en substance, que le dt Sieur Conte de Mansfeldt et Magistrat avoient dict au dit Conte Louys, seullement à l'occasion qu'il disoit que suyvant le dit accort ils pouvoient aller au dit presches, que, en cas que au dit peuple de Bruxelles fust permis par le dit accord d'aller à ces presches, qu'ils y pouvoient aller et que les portes leur seroient ouvertes et non autrement, surquoy le dit Conte Louys demanda s'il le pouvoit dire au dit poeuple et respondit le Sr Conte de Mansfeldt qu'ouy, comme aussi firent aucuns du Magistrat y estans, [pūs] sur les restrictions susdits, et que ce que depuis en estoit advenu, le dit Conte le trouveroit par certaine déclaration imprimée, dont luy fut donné ung exemplaire, luy veullant en outre bien advertir que grandement il estoit abusé du faict des trois membres, d'aultant que les nations avoient eu leur arrière conseil, d'ung jour à l'aul tre et plus solempnellement qu'il n'est de coustume, d'aultant que les Jurés des mestiers avoient esté chargés de convocquer à leur arrière conseil tous ceulx, qui y debvoient venir, sans délaisser personne soubs quelque prétext que ce fut de la religion ou aultre, et sur paine d'ung Carolus d'or pour chacune teste, qu'ils délaisseroientGa naar voetnoot(1); le requérant, pour ce que le dit Conte Louys ne voulsisse prester oreille aux complainctes du dit peuple, ny s'en mesler, consideré qu'ils aient icy le Magis- | |
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Ga naar margenoot+trat, ordonné de par S.M. pour à tout pourveoir et administrer justice, et si illecq ils trouvassent faulte, que semblablement la personne de Son Alteze estoit icy, à laquelle ils se pourroient addresser comme tenant le lieu de Sa Maté et non ailleurs. Et comme le dit gentilhomme fit semblant de point sçavoir le contenu du dit papier imprimé, dict assez bellement au dit pensionnaire, que le dit Conte Louys demanda sçavoir s'ilz ne pouvoient avoir les prêches, et luy respondit le pensionnaire que non, et ainsi se départist. |
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