Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+Lettre CXXXIX.
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Ga naar margenoot+faire à vostre Seigrie long discours par cestes, ains me remets à ce que j'ay escrit tout au long à mons.r d'Egemont, pour le vous communiquer. Je tiens que l'on traicterat bien peu sur ceste diète quant à la religion, mais que l'on laisserat le tout en suspens et au mesme cours comme par avant, puisque l'Empereur sera contraint de tant haster son retourGa naar voetnoot(1). Il sera bien le moys de jullet avant que le Turc pourra arriver avec sa puissance. Mais les plus prochains BassesGa naar voetnoot1 antecéderont et commenceront la guerre plus tempreGa naar voetnoot2, de sorte qu'il est bien nécessaire de haster les provisions. Car comme l'on pense peu à la guerre au temps de paix, ainsy se trouve l'on maintenant bien despourveu de ce qui est de besoing. Je ne scay comme l'on me laissera et pourvoiera en ce quartier, l'apparence est encore maulvais asse.Ga naar voetnoot3 En fin il fault faire extrême debvoir avec ce que l'on peult avoir des forces, et bien espérer de l'aide de Dieu........ A UnguarGa naar voetnoot4 le 4 d'april l'ann 66.
De vostre Seigrie très affectioné serviteur,
Lazarus de Swendi.
Le Seig.r Conte Ludvic se debvoitGa naar voetnoot5 cest année laisser veoir en Ungarie et accompaigner l'Empereur, puisqu'il veult faire la journée contre le Ture en persone. Je vous prie luy faire mes affectueuses recommandations. A Monseigneur Monsieur le Prince d'Orange. | |
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Ga naar margenoot+Le 5 d'Avril la requête fut présentée. Nous croyons devoir la communiquer, ainsi que les pièces qui s'y rapportent, vu l'importance de ces documens, et parceque nos Manuscrits, appartenant aux papiers du Comte Louis ont un caractère remarquable d'authenticité. D'ailleurs il y a quelques variantes, et les ouvrages où ces actes ont déjà été imprimés, sont en grande partie peu connus hors de notre pays. Voici d'abord le discours prononcé ou plutôt lu (‘pauca ex scripto praefatus:’ Viglius ad Hopp. 358) par Bréderode en présentant la requête: ‘Erat ea Brederodio a foederatis delata provincia,... sive quod summa gentis Brederodiae nobilitas existeret, sive quod iis esset moribus ut ingenti verborum factorumque audacia omnem observantiae atque metus cogitationem quovis negocio facillime deponeret.’ V.d. Haer, 207. Madame. Les gentilzhommes assemblez en ceste ville et autres de semblables qualité en nombre compétent, lesquels pour certains respect ne se sont icy trouvé, ont arresté pour le service du Roy et le bien publicque de ses Pays-Bas, présenter à Votre Alteze en toute humilité ceste remonstrance, sur laquelle il plairat à vostre Alteze donner tel ordre qu'elle trouvera convenir, suppliant à votre Alteze la vouloir prendre de bonne part. | |
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Ga naar margenoot+En oultre, Madame, nous sommes advertys d'avoir esté chargés devant vostre Alteze et les S.rs du conseil et aultres, que ceste notre délibération a esté principalement mis en avant pour exciter tumultes, révolte et séditions, et, qui est le plus abominable, nous ont chargés de vouloir changer de Prince, ayant praticqué ligues et conspirations avecqs Princes et capitaines estrangiers, tant François, Alemans que aultres, ce que jamais n'est tumbé en nostre penséeGa naar voetnoot(1) et est entièrement contraire et à nostre léaulté et à ce que vostre Alteze trouvera par ceste remonstrance. Supplians néanmoings à vostre Alteze nous voulloir nommer et découvrir ceulx qui tant injustement ont blâsmé ungne tant noble et honnorable compaignye. Davantaige, Madame, les S.rs icy présents ont entendu qu'il y a des aulcuns entre eulx, qui en particulier sont accusés et chargés d'avoir tenu la main et tasché pour effectuer la susdite malheureuse entreprinse, tant avec François que aultres estrangiers, dont nous nous resentons de ce grandement; parquoy supplions à vostre Alteze nous vouloir faire tant de bien et faveur de nommer les accusateurs et accusés, affin que le grand tort et méchanceté estant découvert, vostre Alteze en face briefve et exemplaire justice, et ce pour obvier aux maulx et scandeles qui en pourroient advenir, estant bien asseurés que vostre Alteze ne permettra jamais qu'une telle et tant honnorable compaignie demeuraGa naar voetnoot1 chargée de tant infâmes et malheureuses actes. | |
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Ga naar margenoot+La requête se trouve aux Archives, ayant en marge l'apostille de la Gouvernante; en outre il y a une copie. Madame!
L'on scait assez que par toute la Christieneté a tousjours esté, comme est encores pour le présent, fort renomé la grande fidélité des peuples de ces Pays-Bas envers leurs Seigneurs et Princes naturels, à laquelle tousjours la noblesse a tenu le premier rancq, comme celle qui jamais n'ast espargné ny corps, ny biens, pour la conservation et accroissement de la grandeur d'iceulx. En quoy nous, très humbles vassaulx de Sa Ma.té, voulons tousjours continuer de bien en mieulx, se que de jour et nuict nous nous tenons prestz pour de nous corps et biens luy faire très humble service; et voyans en quel terme sont les affaires de maintenant, avons plustost aymé de charger quelque peu de mavais gréz sur nous, que de céler à vostre Alteze chose qui cy après pourroit tourner au desservice de Sa Ma.té et quant et quant troubler le repos et tranquillité de ses pays: espérans que l'effect monstrerat avecq le tamps qu'entre tous services que jamais pourrions avoir faicts, ou faire à l'advenir à Sa Maté., cesluy-cy doibt estre réputé entre les plus notables et mieulx à propos, dont asseurément nous nous persuadons que vostre Alteze ne le scaura prendre que de très bonne part. Combien doncques, Madame, que nous nous ne doubtons poincts que tout ce que Sa | |
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Ga naar margenoot+Maté. a par ci-devant et meismement ast heure de nouveau ordonné, touchant l'inquisition et l'estroicte observation des placcars sur le faict de la religion, n'ait eu quelque fondement et juste tiltre, et ce pour continuer tout ce que feu l'Empereur Charles de très haulte mémoire, avoit à bonne intention arresté. Toutesfois voyans que la différence de l'ung tamps à l'aultre ameyne quant et soy diversités des remèdes et que désjà depuis quelques années enchà les dit placcars (nonobstant qu'ils n'ayent esté exécutés en toute rigeur) ont toutesfois donné occasion à plusieurs griefs et inconvéniens; certes la dernière résolution de Sa Maté., par laquelle non seullement elle déffend de ne modérer aulcunement les dit placcars, ains commande expressément, que l'inquisition soit observée et les placcars exécutés en toute rigeur, nous donne assez juste occasion de craindre, que par là non seullement les dit inconvéniens viendront à s'augmenter, mais aussi qu'il s'en pourroit finalement ensuyvre une esmeute et sédition généralle, tendante à la misérable ruyne de tous les pays, selon que les indices manifestes de l'altération du peuple, qui desjà s'apparchoitGa naar voetnoot1 de tous costés, nous monstre à veue d'oeil. Parquoy, cognaissans l'évidence et grandeur du dangier qui nous menasse, avons jusques à maintenant espéré que, ou par les Seigneurs, ou par les estats des pays, seroit faict remonstrance à temps et heure à vostre Alteze, affin d'y remédier, en ostant la cause et l'origine du mal; mais après avoir veu que eulx ne se sont poinct advanchés, pour quelques occasions à nous incogneus, et que cependant le mal s'augmente de jour en jour, si que le dangier | |
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Ga naar margenoot+de sédition et révolte généralle est à la porte, Avons estimé estre nostre debvoir, suyvant le serment de fidélité et d'hommaige ensamble et le bon zèle qu'avons à Sa Maté. et à la patrie, de ne plus attendre, ains plustost nous advancher des premiers à faire le debvoir requis, et ce d'aultant plus franchement, que nous avons plus d'occasion d'espérer que Sa Maté prendra nostre advertissement de très bonne part, voyant que l'affaire nous touche de plus près qu'à nuls aultres, pour estre plus exposés aux inconvéniens et calamités, qui coustumièrement proviengnent de samblables accidens, ayans pour la plus grande part nos maisons et biens situés aux champs, exposés à la proye de tout le monde; considéré aussi que générallement, en ensuivant les rigeurs des dit placcars, ainsi que Sa Maté. comande expressément estre procédé, il n'y aurat homme d'entre nous, voire et non pas en tout le pays de pardecha, de quelque estat ou condition qu'il soit, lequel ne sera trouvé coulpable de confiscation de corps et biens, et assubjecti à la calomnie du premier envieulx qui, pour avoir part à la confiscation, vouldra l'accuser soubz couverture des placcars, ne luy estant laissé pour refuge aultre chose que la seulle dissimulation de l'officier, à la merchy duquel sa vie et ses biens seraict totalement remis. En considération de quoy avons tant plus d'occasion de supplier très humblement vostre Alteze, comme de faict nous la supplions par la présente requeste, d'y vouloir donner bon ordre, et pour l'importance de l'affaire, de vouloir le plustôst que possible sera, dépêcher vers Sa Maté. homme exprès et propre pour l'en advertir, et la supplier très humblement de nostre part, qu'il luy plaise y pourveoir, tant pour le | |
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Ga naar margenoot+présent qu'à l'advenir; et d'aultant que cela ne se pourra jamais faire, en laissant les dit placcars en leur vigeur, veu que de là dépend la source et l'origine de tous inconvéniens, qu'il luy plaise de vouloir entendre à l'abbolition d'iceulx, laquelle se trouverat estre non seullement du tout nécessaire pour destourner la totale ruyne et perte de tous ses pays de pardeça, mais aussi bien conforme à raison et justice; et affin qu'elle n'ait occasion de penser que nous, qui ne prétendons sinon de luy rendre très humble obéissance, vouldrions entreprendre de la brider, ou luy imposer loy à nostre plaisir (ainsi que nous ne doubtons poinct que nos adversaires le vouldront interpréter pour nostre désadvantage). Supplions bien humblement à Sa Ma.té qu'il luy plaise de faire aultres ordonnances par l'advis et consentement de tous les estatsgénéraulx assemblés, affin de pourveoir à ce que dessus, par aultres moiens plus propres et convenables, sans dangiers si très évidens. Supplions aussi très humblement à son Alteze, que tandis que Sa Ma.té entendra à nostre juste requeste et en ordonnera selon son bon et juste plaisir, elle pourvoye cependant au dit dangier, par une surcéance généralle, tant de l'inquisition, que de toutes exécutions des dit placcars, jusques à tant que Sa Maté. en ait aultrement ordoné, avecq protestation bien expresse que, en tant qu'il nous peult compéter, nous nous sommes acquictés de nostre debvoir par ce présent advertissement, si que dès maintenant nous nous en déchergeons devant Dieu et les hommes, déclarans qu'en cas que aulcun inconvénient, désordre, sédition, révolte ou effusion de sang par cy après en advient, par faulte d'y avoir mis remède à tamps, nous ne pourrons estre | |
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Ga naar margenoot+tachés d'avoir celé ung mal si apparant; en quoy nous prenons Dieu, le Roy, votre Alteze et messieurs de son Conseil ensamble et nostre conscience en tesmoignage, que nous avons procedé, comme à bons et loyaulx serviteurs et fideles vassaulx du Roy appartient, sans en rien excéder les limites de nostre debvoir, dont aussi de tant plus justamment nous supplions, que votre Altesse y veulle entendre, avant que aultre mal en adviengne. Et feres bien. Le 6e avril la Duchesse rendit la requête apostillée. ‘Postridie reversis numero adhuc majore Foederatis Gubernatrix libellum reddidit, adjecta ad marginem responsione, quâ intermittendae Inquisitionis, edictorumve moderandorum spem, sed Rege ante consulto, faciebat.’ Strada, I. 222. Son Alteze ayant entendu, ce que ce requiert et demande par le contenu en ceste requeste, est bien délibéré d'envoyer devers Sa Maté. pour le luy réprésenter et faire devers icelle tous bons offices, que son Alteze advisera povoir servir à disposer et incliner Sa dite Maté. à condescendre à la requisition des remonstrans, lesquels ne doibvent espérer, sinon toute chose digne et conforme à Sa bénignité naifveGa naar voetnoot1 et accoustumée, ayant desjà Sa dite Alteze auparavant la venue des dits remonstrans, par assistence et advis des Gouverneurs des provinces, Chevaliers de l'Ordre et ceulx des Consaulx d'estat et privé estans chez elle, besoigné à concevoir et dresser une modération des placcartz sur le faict de la religion, pour la | |
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Ga naar margenoot+représenter à Sa dite Maté. laquelle modération Son Al-teze espère debvoir estre trouvé telle que pour debvoir donner à chascun raisonnable contentement; et puis que l'autorité de Son Alteze (comme les remonstrans peuvent bien considérer et comprendre) ne s'estend si avant, que de povoir surseoir l'inquisition et les placcairtz, comm'ils le demandent et qu'il ne convient de laisser le pays endroict la religion sans loy, icelle Son Alteze se confie que les remonstrans se contenteront de ce qu'elle envoye à la fin susdit devers Sa Maté., et que pendant que s'attend sa responce, Son Alteze donnera ordre, que tant par les inquisiteurs, où il y en a eu jusques ores, que par les officiers respectivement, soit procédé discrètement et modestement endroict leurs charges, desorte que l'on n'aura cause de s'en plaindre, s'attendant Son Alteze que aussy les remonstrans de leur costé se conduyront de façon que ne sera besoing d'en user aultrement, et se peult bien espérer, que par les bons offices que Son Alteze fera devers Sa Ma.té icelle se contentera descharger les aultres pays de l'inquisition où elle est, selon que s'est peu entendre que desjà s'est déclairé sur la requeste des chef villes de Brabant, qu'elles n'en seront chargées, et se mectra Son Alteze tant plus librement à faire tous bons offices devers Sa dite Maté. à la fin et à l'effect susdit, qu'elle tient asseurément que les remonstrans ont propos et intention déterminée de rien innover endroict la religion ancienne observée es pays de pardeçà, ains la maintenir et conserver de tout leur povoir. Faict par Son Alteze à Bruxelles, le 6me jour d'apvril 1565, avant pasques. Margarita. | |
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Ga naar margenoot+Le 8 avril les Confédérés remirent à la Duchesse une réplique à l'apostille, conçue dans les termes suivans. Madame. Ayant veu l'apostille qu'il a pleu à vostre Alteze nous donner, nous n'avons volu laisser en premier lieu de remercyer très humblement vostre Alteze de la briefve expédition d'icelle, mesmement de la satisfaction que vostre Alteze at eu de ceste nostre assemblée, laquelle n'at esté faicte à aultre intention que pour le service de Sa Maté., bien et tranquillité du pays; et pour plus grand contentement et repos d'icelluy pays eussions fort desiré que la ditte appostille de vostre Alteze eust esté plus ample et plus esclercye, néantmoins voyans que vostre Alteze n'a le pouvoir tel que nous désirerions bien, comme nous entendons, de quoy nous sommes bien marys, Nous nous confions selon l'espoir et asseurance que vostre Alteze nous a donné que icelle y mectra tel ordre qu'il convient tant envers les magistrats que inquisiteurs, les enjoindant de se contenir de toutes poursuytes procédantes d'inquisition, édicts et placars, tant vieulx que nouveaulx, sur le faict de la religion, attendant que Sa Maté. en ayt aultrement ordonné. De nostre part, Madame, puisque ne desirons sinon d'ensuyvre tout ce que par Sa Maté. avecq l'advis et consentement des estats-généraulx assamblés serat ordonné pour le maintenement de l'anchienne religion, espérons de nous gouverner de telle sorte que vostre Alteze n'aurat aucune occasion de se mescontenter, et s'il y eust quelcung qui fisse aucun acte enorme et séditieulx, qu'i soit par vostre Altesse et ceulx du Conseil d'estat ordonné | |
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Ga naar margenoot+tel chastoy que le mérite du faict le requérera, protestant de rechief que si quelque inconvénient en advient par faulte de n'y avoir donné bon ordre, que avons satisfaict à nostre devoir. Supplians bien humblement à vostre Alteze d'avoir cestuy nostre devoir pour agréable et recommandé, le recevant pour service de Sa Maté., nous offrans de demeurer très humbles et obéissans serviteurs à vostre Alteze et de mourir à ses pieds pour son service, toutes les fois qu'il plairat à vostre Alteze nous le commander. En oultre, Madame, pour aultant qu'il court un bruyct duquel nous commes advertis, que aucuns de nos calumniateurs ont desjà faict imprimer des copies de notre requeste où ils ont altéré ou changé aucuns points par lesquels ils vouldroient donner à entendre nostre assamblée avoir esté séditieuse et par là nous rendre odieulx à tout le monde, chose du tout contraire à notre juste intention, comme il est suffisamment notoire à vostre Alteze, la supplions très humblement permectre à l'imprimeur de Sa Maté., imprimer la ditte requeste en la mesme substance et teneur de mot à autre, qu'elle at esté présentée par nous à vostre AltezeGa naar voetnoot(1). Ce que nous donnera, Madame, ung très grand contentement et plus grande occasion de continuer le service par nous offert et promis en général et particulier à vostre Alteze. | |
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Ga naar margenoot+La Duchesse, après avoir délibéré avec le Conseil d'Etat, répondit. J'ay veu et visité avec ces Seigneurs ce que m'aves apporté et pour responce j'espère donner tel ordre tant vers les inquisiteurs que les magistrats, que aucun désordre, ny scandale n'en adviendrat, et s'il y en a, il viendra plustost de vostre costel, parquoy advisés selon vos promesses icy contenues, qu'aucun scandale ny désordre n'en advienne, tant entre vous que la commune, vous prians de ne passer plus avant par petites practicques secrètes et de n'attirer plus personne. A quoi Eustache de Fiennes, Seigneur d'Esquerdes, répliqua, ainsi que Strada le rapporte. ‘Ad Margaritam redeunt; atque omnium nomine Eustachius Fiennius, Esquerdae Dominus (nam Brederodius in publico verba facere, nisi meditatus aut ex scripto, non audebat) officiose actis pro responsione gratiis, orat ne gravetur testatum facere quidquid ab eo Nobilium conventu factum esset, pro Regis obsequio utilitateque fuisse.’ p. 223. Mais cet auteur confond les deux réponses de la Duchesse et les deux répliques des Nobles, et, pourvu qu'on n'imite pas cet exemple, on peut aisément concilier les historiens qui font mention de Bréderode et ceux qui donnent la parole au Seigneur d'Esquerdes (nommé des Cordes par Hopper, Mém. p. 75). Bréderode récita la première ré-plique qui étoit couchée par écrit; mais il se retira, contre ses habitudes, modestement, dès qu'il s'agît de parler ex tempore. La conduite des Nobles à Bruxelles, tant prônée auparavant, a été jugée d'une manière extrêmement défavorable par Bilderdijk, l.l. p. 52, sqq. Et en effet on y remarque une hardiesse qui, à mesure qu'elle éprouve de la résistance, dégénére en timidité. Mais apparemment | |
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Ga naar margenoot+beaucoup d'entre eux auront été médiocrement contens de cette façon d'agir; et il ne faut pas oublier que les Gouverneurs et Chevaliers auront exercé ces jours là une influence conciliatrice sur les Chefs de la Confédération. Replicque faicte par le Sr. des Kerdes.
Madame. Il a pleu à ces Seigneurs et à toute ceste noble compaignie me commander de remercyer de leur part V.A. très humblement de la bonne responce qu'il a pleu à V.A. nous donner ce jourd'huy, et furent esté beaucoup plus contens et satisfaicts, s'il eust pleu à V.A. leur déclairer en la présence de tous ces Srs. que V.A. a prins de bonne part et pour le service du Roy ceste nostre assemblée, asseurant V.A. qu'aulcung de ceste compaignie ne donnerat occasion à V.A. de se mescontenter de l'ordre qu'ils tiendront doresnavant.
(Et comme ma dite dame respondit qu'elle le croyt ainsy, n'affermant nullement en quelle part elle recevoit nostre assemblée, luy fut replicqué par le dit Sr. de Kerdes: Madame, il plairast à V.A. en dire ce qu'elle en sent, à quoy elle respondit qu'elle n'en pouvoit juger.) Aux deux remontrances qui suivent, est relatif ce passage de Bor. ‘D'Edele hen vastelyk vertrouwende opte groote beloften hen gedaan, hebben ... geresolveert te scheiden en elk na huis te trecken: maar hebben eerst in handen van haer vier hoofden gelooft en toegeseit by seker geschrifte onder hen daer af gemaekt dat sy der Religien noch andersins niet nieuws en souden invoeren noch attenteren .... en dat sy in alles souden bereet en onderdanig wesen tot 't gene deselve hen vier Hoofden hen ordonneren en bevelen souden, hebbende ook tot assistentie en correspon- | |
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Ga naar margenoot+dentie van denselven uit haren geselschappe gekoren drie of vier van elke Provincie, die in denselven souden gadeslaen dat aldaar niet en werde geattenteert tegen de voorsz. brieven en geloften.’ I. 61a. - Apparemment ces deux remontrances ne sont pas de la même date. La première paroit avoir été faite le lendemain de la présentation de la requête; à moins que par requête on ne veuille entendre ici la réplique des Nobles, et par apostille la réponse verbale de Marguerite. La seconde ressemble plus à un avertissement de Bréderode fait au moment où l'on étoit près de se séparer. Remonstrance aux gentilshommes pour savoir si se contentoient de ce que seroit traicté et faict par les députés. Messieurs. Vous avez hier ouy l'appostille que Son Alt. nous a donné sur nostre requeste, de laquelle n'avons receu telle satisfaction comme eussions bien desiré, et ayans trouvé quelques bons moyens pour recevoir tout contentement, vous avons bien voulu advertir, affin que de tant mieulx soyez à votre repos, et pour ce mieulx effectuer, nous vous avons bien voulu de rechief demander, si vous avouerez et contenterez de tout ce que sera traicté par tous vos dit députés, selon l'authorité que auparavant leur avez donné, vous asseurant que à ce nous nous emploierons selon la confiance que vous avez de nous. Autre remonstrance pour respondre à ceulx qui vouldroient interroguer la cause de l'assemblée. Messieurs, nous avons esté hier matin assemblés pour | |
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Ga naar margenoot+remédier a toutes sinistres interprétations de nostre assamblée, par lesquelles polrions venir à quelque division, et affin que nous puissions pertinement respondre à tous ceulx qui se polroient ou vouldroient enquester ou interroguer la cause de nostre ditte assemblée, attendu qu'il y a des aucuns qui font courrir le bruit que, soubs prétexte de nostre requeste, nous prétendions secrètement aultre effect, et en cas que Madame ou les Seigneurs vouldroyent demander à moy, comme à celluy qui a porté la parole de la part de vous autres messieurs, quelle asseurance je leur polroye donner. A correction est que nous ne prétendons autre chose, sinon d'observer ce qui est contenu en nostre requeste présentée. Avons avisé par ensemble de leur respondre unanimement ce que s'ensuyt: que nostre intention n'est autre que supplier bien humblement Sa Maté., qu'il luy plaise, pour obvier aux troubles et émotions présentes, d'abolir entièrement tous édicts, inquisitions et placars, vieux et nouveaux, sur le faict de la religion, et que tous sommes résolus d'entretenir tout ce que par le Roy, advis et consentementGa naar voetnoot(1) de ses estats-généraulx assemblés, sera ordonné et ar resté pour maintenir la religion anchienne, nous soubmectans à tel chastoy que par Sa Maté. et ses estats contre les transgresseurs sera commandé et publié.
(Ce que tous ont accordé unanimement.) | |
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Ga naar margenoot+M. Te Water, chez qui ces deux remontrances ne se trouvent point, communique (p. 13) encore une autre pièce, sous le titre de Copie de la promesse faite des Chevaliers de l'Ordre, aux Gentilshommes assemblez avec Brederode et Culenborch, etc. Elle manque dans notre collection, et c'est un nouvel indice que cet acte est controuvé. On craignoit le mécontentement des Nobles; et il paroit que, pour satisfaire aux instances de plusieurs personnes, entr'autres du Conseiller d'Assonville, la Gouvernante ordonna ou permit que quelques Seigneurs leur donnassent une assurance plus positive que, jusqu'à la réponse du Roi, il ne seroit rien innové en matière de religion: mais il y a loin de là à une promesse aussi solennelle, sur leur foi, serment et ordre, faite par écrit, et pas au nom de la Gouvernante, mais des Seigneurs. Apparemment des paroles rassurantes furent prononcées; le bruit public, peut-être aussi la tactique de quelques uns d'entre les Nobles, fit le reste. C'est ainsi qu'on peut très bien concilier Strada, p. 230 (qui appelle cette promesse écrite impudens conjuratorum commentum) avec le témoignage de la plupart des historiens par rapport à des assurances verbales de la part de la Gouvernante. Les raisonnemens de M. Te Water, I. 326-329. pour révoquer en doutele récit de Strada nous paroissent peu concluans. V.d. Vynckt, dans son Histoire des Troubles des Pays-Bas, dit positivement que cette garantie par un engagement formel étoit un faux bruit. I. 145; cependant ce n'est par sur son témoignage que nous voudrions nous fonder; puisqu'à notre avis, M. Tarte, en donnant en 1822 une nouvelle édition de cet ouvrage, lui a ôté son seul mérite, celui de la rareté. Les Comtes de Hornes et de Mansfeldt (Procès d'Egm. I. 162), les Comtes Louis de Nassau et H. de Bréderode (Strada, I. 218) logèrent chez le Prince d'Orange, qui du reste ne paroit pas avoir donné aux Confédérés des marques de son approbation. S'il se trouva quelques momens à un de leurs festins, l.l. 225, ce fut par hazard; et c'est ce que Strada n'a pas su ou n'a pas voulu ajouter. Le récit du Comte de Hornes sur ce point porte le cachet de la vérité. ‘Le défendeur aiant disné avec le Prince d'Orainges, | |
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Ga naar margenoot+où il estoit logé; allèrent visiter le Comte de Mansfelt, lequel estoit retiré à son logis à cause d'un mauvais oeil, et y vint aussi Mons.r d'Egmont, et comme ils furent mandez au Conseil s'adonna qu'ilz passèrent par devant le logis de Culenborch. Et demanda le Prince d'Orainges ce que l'on y faisoit, et luy fut respondu que l'on estoit à table. Sur quoy il dit ..... que ce seroit bien faict rompre cette assemblée, afin qu'ils ne s'enivrassent; car si l'on avoit à traicter avecq eux, l'on n'y trouveroit nulle raison .... Et ne furent en la salle que un Miserere ou deux debout, et lors la compagnie beut un petit voireGa naar voetnoot1 à eulx. Crians vive le Roy et les Geux.’ Procès d'Egm. I. 161 et 69. Les Confédérés venoient d'accepter ce nom, et de prendre la devise, Fidèle au Roy jusqu'à la besace. Le Prince desiroit se retirer en Allemagne (Hopper, Mém. 76); le 20e avril il écrivit à ce sujet au Roi: Bor I. 62. Le même jour Viglius écrivoit à Hopper. ‘In omnibus exacerbati animi non levia indicia significant Orangius et Hornensis, et Regem a se alienatum queruntur.’ Epist. Vigl. ad H. 360. Toutefois on ne sauroit supposer que le Prince ait voulu, en quittant ses Gouvernemens, abandonner la cause des Pays-Bas; nous avons vu qu'il se préparoit à résister, dans des cas extrêmes, les armes à la main. Mais il desiroit probablement de recouvrir une indépendance que son office de Stadhouder lui ôtoit. Une infinité de maux menaçoit le pays. Les délibérations au Conseil d'Etat étoient bien souvent entremêlées de plaintes et de récriminations. Il fut ‘proposé par le Comte d'Egmont et aulcuns aultres Seigneurs s'il ne seroit bon de publier incontinent la modération conçue par ceulx du Conseil Privé, pour donner contentement aux Seigneurs Confédérez et à leurs alliez; mais comme il sembloit de non debvoir entrer en acte de si grand préjudice sans le mandement de S.M., fust dit que faisant cela seulement de la part du Roy sans l'advis des Etatz-généraulx, qu'il ne seroit d'aulcun goust aux Confédérez et aultres, et que pourtant à tout le moins seroit bien que l'envoyant à S.M. fust aussy envoyé aux Consaulx provinciaulx pour en ce donner leur advis; enchargeant oultre ce aux Gouverneurs de faire part de ceste | |
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Ga naar margenoot+modération aux principaulx des Etats et Villes de leurs Gouvernemens, pour les informer et entendre leur inclination et volunté, ce qui fust aussy conclu.’ Hopp. Mém. 75. Il n'est pas dit quel fut l'avis du Prince: la Modération (Moorderatie) n'étoit pas de nature à lui plaire; il ne pouvoit donc se joindre au Comte d'Egmont: puis ce n'étoient pas les Etats provinciaux, mais les EtatsGénéraux qu'il vouloit. V. Wesembeeck, 102. Les avis des Etats de Namur, Artois et Flandres se trouvent aux Archives. |
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