Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CXIII.
| |
[pagina 399]
| |
Mon frère. J'ay receu vostre lettre par le paige Walstein et suis d'ung costé bien aise entendre que la fontaine vous fait quelque bien, d'aultre costé suis mari entendre le beau sault que avés faict; si fusse esté l'après-diné si bien que le matin, l'on eusse dict que c'est ung sault accoustumé des Allemans, mais tout vast bien, puisque en estes ainsi échappé. Jé veu ce que mon frère Adolf vous escript et, quant à ce qu'ils seriont d'advis que ma seur deusse escrire une lettre au Conte Guillaume, me samble qu'il est encores trop tempreGa naar voetnoot2 et qu'il vault mieulx attendre ancores un peu, pour veoir qué chemin que cette affaire prenderat; car jé espoir, puisqu'il a tant tardé sans faire oultérieur pourchas, que il sera despuis par quelque ung esté conseillé de laisser l'affair là et de se mestre le tout hors de la teste; néamoings, si l'on entendisse qu'il pourchasseroit davantaige et, aiant entendu la déclaration de ma seur, il vauldroit ancores passer oultre (ce que ne peus bonnement penser), allors certes il serat plus que nécessaire que ma seur luy escrivisse une bonne lettre. Quant en escrire à George van Holl, ne me semble aussi convenir; car moing des lettres que l'on peult escrire à estrangiers de ung tel faict, me samble toujours le melieur et, | |
[pagina 400]
| |
Ga naar margenoot+oires que sont maintenant amys, après leur mort les lettres peuvent tomber en aultres mains, qui en peuvent lors faire leur proffit; parquoi il me samble que pour ce coup il haste ce que vous et moy avons escrit au Conte de Schwartzenbourg, que c'est bien près en sustance ce que mon frère Johann et Adolf sont d'avis luy escrire. Si le dit Conte Guillaume vient de rechief parler à Madame nostre mère et à mes frères, certes il serat bien requis qu'ilx luy donnent une bonne répréhension et une responce par où il porra entendre le peu de plaisir qu'il nous a faict par ung tel chemin et moien pourchasser nostre seure, et si il vint devers moy, tiendray le mesme piet. - Je suis fort empêché de mon frère Henri et ne me content de rien la résolution que Madame ma mère et frère ont prins; car, de le amvoier en FranceGa naar voetnoot(1), ne convient nullement; non pas pour Hugenotterie, mais pour aultres respects que aultrefois vous ay dict de l'amvoier d'Allemaigne tout droit vers Italie, sans venir issi séjourner trois ou quatre mois, ancores avecque ung gentilhomme Alleman, qui at esté au Conte Palatin ou avecque son fils. Vous povés estre asseuré que serons quitte entièrement de tous moiens de le avancer à avoir quelques dignités de gran profit et de nulle charge, ny obligation, car je vous peus assuré que l'on en parle déjà et que ceulx quil aviont bon emvie de luy aider, recullent, aiant la soubson que le vollons nourrir en aultre religion, et aulcungs me l'ont demandé où il demeur si longement. Mesmes vous amvoie ung extraict d'ung article qu'il y avoit déans une lettre de l'évesque de Utrecht, parquoy la supson est venue si avant et viendrat | |
[pagina 401]
| |
Ga naar margenoot+de jour plus en plus, oires qu'il soit en Italie, que toutes les commodités que avons eu et que avons ancores journellement, iront en fummé, à nostre gran regret si après, parquoy eusse esté d'opinion que mon frère eusse venue issi pour quatre ou cinq mois, et d'issi l'on l'eut peu amvoier en Italie avecque ung gentilhomme de pardeçà que l'on trouverat bien tellement qualifié, comme Madame ma mère et mon frère désirent, et par tel moien l'on porrat assopir tous supsons et besoigner en ses quatre ou cinq mois, tellement que toutes choses seriont clères et widésGa naar voetnoot1 et madame ma mère auroit aussi après exécuté sa volonté, et certes il convient ainsi qu'il se fasse, aultrement tout viendrat à gran scandal et honte nostre. Il se at de rechief présenté une aultre bon moien et samble que Dieu nous veult aider, si nous-mesmes nous vauldrions aider; et cest que le Conte Guillaume de Schauenbourg vint issi avecque le Conte van dem Berge et il me dict que, pour l'affection qu'il portoit à nostre maison et principalement à moy, qu'il estoit content de faire mon frère, le Conte Henry, son coadjuteur de sa prévosté de HillesemGa naar voetnoot2, laquelle estoit une pièse que ung Conte se porra honestement entretenir et sans nulle obligation, poiant mesmes vivre comme bon samble à saccung touchant la religion, moienant que l'on soit un peu discret et que lé subjects ne sont contraint de vivre aultrement. Il esper bien oultre de cela ancores tant faire que le frère du Conte de KungstainGa naar voetnoot3, Graf Cristoffel, qui a la prévosté de Halberstat, fera aussi coadjuteur mon frère, laquelle prévosté, comme il dict, donne bien autant de rente, que facillement ung peult entretenir ung xx chevaulx sur l'es- | |
[pagina 402]
| |
Ga naar margenoot+table avecque leur gens et écippage, et que ses deux prévostés ne sont que cinq liens l'ung arrièr de l'aultre; et puisque l'on nous faict tels présentations, il me samble que ne deussions dormir, ains le poursuivre vivement: et, comme il est nécessaire d'avoir le consentement du pape, ne se porra mieulx impétrer que estant mon frère issi; aultrement c'est paine perdu. Je dis pour cinq ou six mois seulement, ce qui je vous ay bien volu advertir, affin que tenés la main que mon frère puisse venir issi pour ce temps, et que mandés le tout à mon frère, qu'il en parle, comme de soy-mesmes, à madame ma mère de ceste prévosté que son frèreGa naar voetnoot(1) at, luy conseillant en requérir son dit frère, voloir faire mon frère Henry son coadjuteur, et ne fais doubte qu'elle le trouverat bon, car elle sçait que son frère ne délésse pour cela de vivre à sa manière. Je le dict au Conte de Schauenbourg en trois sepmaines luy mander ma résolution, pourquoy y porrés penser et me mander vostre advis et escrire aussi à mon frère, affin qu'il se résolve; car l'on dict, tel refuse qui après muse; Dieu doint que ne soions au nombre de ceulx là. - Je vous amvoie une lettre du Gouverneur d'Orange que jé ouvert, pensant qu'il y porroit avoir quelque particularité plus que au miennes, mais c'est tout ung; vous verrés ce qui se passe. Je vauldrois que retenant le nom et les armes, eussions EngienGa naar voetnoot(2) en échange, car je vois bien à la longe en seront quite. Le Roy de France se a fait fort resentir devers moy par son ambassadeur rési- | |
[pagina 403]
| |
Ga naar margenoot+dent issi, de ce qui j'ai amvoyé quelques souldas de pardeçà en Oranges; je le vous conteray tout à vostre venue, que je vous prie haster, aultant que vostre santé peult comporter... De Brusselles, ce xiii d'aust. Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur le Conte Louys de Nassau. Le Prince, quoiqu'il n'étoit plus fort bon Catholique, n'étoit pas encore très-zèlé Protestant. Il se flattoit qu'on parviendroit à un accord. De là precédemment, en 1562 ou 1563, ses rapports avec le fameux Baudouín: ‘Eum profitentem Heydelbergae Ludovicus Nassavius audierat: multa itaque fratri Orangio caeterisque commemorare de eo solebat... Venit in Belgium... Orangius clam in silva Sonia semotis arbitris cum eo deliberat: arridet Orangio caeterisque ejus ingenium... Placet ut vel Lovanii, vel Duaci jus profiteatur quoad in Senatum se procurante a Rege adlegi contingeret... Donatus ab Orangio, Egmondano, Hornano, et Marchione torque aureo sexcentorum florenorum in Gallias brevi rediturus discedit. In eâ autem erat sententiâ uti veterem Edictorum severitatem leniendam profiteretur, auctorque nostris hominibus existeret ut hoc ipsum Regi libello supplice ostenderent:’ v.d. Haer, p. 257. Des causes étrangères à la Religion amenèrent un refroidissement. Cassandre et d'autres qui partageoient les opinions de Baudouin, se rendirent également en Belgique: l.l. p. 258. - Une telle réconciliation eût produit un système bâtard et funeste: ‘Si d'un costé,’ dit Th. de Bèze, ‘les prelats se monstrèrent ennemis ouverts de ceux de la religion, il y en eut bien d'autres qui taschèrent de faire encores pis, cherchans un milieu où il n'y en a point, c'est-à-dire une religion meslée et composée des deux, choses d'autant plus dangereuses en la religion qu'il y a en cela plus d'apparence de droiture et d'équité pour endormir les ignorans. Mais en matière du service de Dieu il ne faut souffrir la moindre addition ou diminution, ou le moindre changement du monde en ce que Dieu a ordonné par sa saincte et inviolable | |
[pagina 404]
| |
Ga naar margenoot+Parole... Un des premiers de ce nombre fut un jurisconsulte nommé François Baudouin, apostat renommé, qui présenta pour cest effect un livre d'un certain Cassander, célèbre moyenneur entre tous ceux de nostre temps:’ Hist, des Eglises Réf. de France, I. p. 645. |
|