Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CX.
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Ga naar margenoot+Il y eut de nouveau et sans cesse des différends avee le Comtat d'Avignon. Le Maréchal de Damville étoit favorable au Prince. Déjà auparavant il avoit répondu aux plaintes des Catholiques ‘que la Principauté n'estoit de son gouvernement’ (de la Pise, p. 317): disant aussi à Sommerive, ennemi du Prince, ‘je m'esbahis fort que vous ayés si mal traité Orange: car, après les Rois de France et d'Espagne, je craindrois plus de faire desplaisir au Prince d'Orange qu'à nul autre: l.l. Maintenant encore il ordonna aux Catholiques ‘de se retirer à leurs maisons et d'obéyr aux Edicts de leur Prince sans plus le venir fàcher:’ l.l. p. 321. Mais la Cour de France n'étoit pas dans les dispositions du Maréchal. Les affaires d'Orange se ressentirent de la modification que venoit d'éprouver la politique de Cathérine de Médicis (p. 270). Après bien des tracasseries il fallut enfin accepter une paix moins avantageuse que celle de 1563 (p. 184). Monseigneur, ayant prins congié de vostre Srie pour | |
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Ga naar margenoot+mon retourt d'Oranges et y prins mon chemin passant par Paris, les choses se comportent en bonne paix et ne s'i disoit chose qui méritat l'escripre. Passant à Montargi, j'entendis de madame la Duchesse de FerrareGa naar voetnoot(1) que le Cardinal de Loraine avoit si bien practiqué avec le Duc de Montpensier et aultres ses confédérés, par trois ou quatre fois avoit quasi remis les troubles au Royaulme de France, à quoy le Roy a promptement remédié. Car il a faict déclaration par escript comme il veult et entend entretenir et maintenir ses édicts de paciffication de paix, et iceulx faire garder et observer inviolablement, déclarant ennemy sien et de la Couronne toute personne qui vouldra entreprendre et se esmouvoir contre la theneur d'iceulx, séditieulx, perturbateur du repos publique, et comme tel qu'il l'esterminera, et laquelle déclaration il a signé et a faict signer à tous les princes et grands seigneurs de son Royaulme; toutefois quand il baille aux Srs de Montpensier, de Guisse, de | |
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Ga naar margenoot+Bordillon, de Dampville et autres confédérés du dit Sr Cardinal, le reffusoient signer; dequoy irrité sa Maté déclara que tout homme de son Royaulme qui refuseroit à signer la susdite déclaration, qu'il l'estimoit et tenoit son ennemy et de la Couronne, et comme tels qu'il les chastieroit, tellement qu'en après les susnommés vindrent librement signer les dits articles, sans entendreGa naar voetnoot1 d'en estre autrement repries. Elle me dict aussi, qu'on estoit après pour mestre paix entre Mesrs de Guisse, de Montmorency, et de Chastillon. Arrivant à Lion le 17 juing n'ay peu recepvoir l'argent de la lettre de cambieGa naar voetnoot2, pour ce que le payement ne se debvoit payer en trois sepmaines après: quand les soldats sont arrivés à Lion le 23 de juing, avoient vescu en chemin à l'almande, ne pensant avoir receu l'argent à la franchoise, dont fus contraint bailler un nouveau payement. Et arrivant à Orange le 2 de juillet ay trouvé que le Sr de Samllay, en mespris de la justice, accompaigné de huict chevaulx, tant de Courtheson et Jonquieres que Oranges, est venue le 23me de juing, chacun sa pistolle bandé et le cocqGa naar voetnoot3 dessus dessoubs leur raistresGa naar voetnoot4. Et trouvant le cappitaine Chabbert en la rue près de la porte, accompaigné de trois, le dit de Samllay luy donna une desmentie, pour ce que Chabbert l'avoit faict appeller en justice pour huit cents escus, que Samllay luy debvoit avoir desroubbé. Après fist signe aus aultres de tirer, de quoy Chabbert receust deux coups de pistolle, l'une à la poictrine et l'autre au bras, un aultre qu'on dict estre gentilhomme une pistolettade au travers du corps, qui | |
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Ga naar margenoot+mourut sur la place: soubdain délogiarent de la ditte ville, reservé un, nommé DardillonGa naar voetnoot(1), frère du Conseiller de Provence, qui a esté en Flandres pour les Catholicques, lequel estoit de leur conspiration. Les ayant assisté en tout, revenoit en la ville, faisant semblant de rien et le détiens prisonnier au château. Et tous ces conspirateurs sont les principeaulx protestant contre la souveraineté, et pensoient estre compaignonsGa naar voetnoot1 de son Exc., dont astheure ont affaire de sa grâce et miséricorde. Je supplie très-humblement à v.S. vouloir remonstrer à son Exc. de pas leur donner la rémission si légièrement comme il pensent: c'est le seul moien pour faire recoignoistre leur Prince, aussi pour faire bastier une partie du château, lequel a esté par leur moien ruiné. Si son Exc. ne veult astheure regarder la commodité quil se présente pour la souveraineté, je n'auray icy plus que faire et ne serviray que d'espion, aussi ne vouldrois demeurer, si la justice n'aye son cours, au moings que son Exc. fut recognue tel comme il est. Car jamais il n'y aura moyen pour le fayre recognoistre qu'astheure, sans qu'on les face aucun tort et n'auront moien de se plaindre. Selon que je puis entendre, il y auroit bien trois mille francgs d'amende pour son Exc.: je pense que Dieu l'at envoié pour abbattre l'orgueille de ces séditieulx, veu | |
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Ga naar margenoot+q'un a meurtry l'aultre; ce sont les bons subjects, comme ils disent, qui ont faict ceste belle acte. Si j'eusse actendue encores quinze jours à venir, les troubles eussent esté à Orange plus grandes que jamais, pour ce qu'ils se commenchoient à bander l'un contre l'aultre, mais espère avecque messieurs de la Court de remédier au contentement de son Exc. Le dit Chabbert mourut le vime du présent mois; je pense qu'il a esté pugniz pour l'orgueille qu'estoit en luy et la rebellion qu'il fist contre son Prince naturel. Pour nouvelles de Maltes, j'entends que le Turcq batte encores fort, et a changé du lieu de batterie, mais on espère qu'il ne fera rien, et entrent journellement dé galères avecque gens et vivres.... Du Chàteau d'Orenges, ce 18 de juillet 1565. De vostre Seigrie très-humble et obéissant serviteur, Pierre de Varich. |
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