Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 322]
| |
Ga naar margenoot+faveur et la continuation de vostre bonne voulonté en mon endroit, que j'apperçoys clèrement en ce et aultres choses. Sur ma foy, je suis en grande peyne pour le respect du publicque, quand je considère ce que vous m'escripvez de l'estat auquel sont les choses et que vous n'y soyez plus secondé et favorisé, comme il conviendroit à la bonne conduicte des affaires, mais je me console par ce que vous dictes que vous avez bon courage et que vous faictes et ferez ce que vous est possible, disant librement ce que convient, quand l'on vous vouldra escouter; et sy sa Mat ne vous escript ny à M. de Barlaymont, considérant ce que m'escript sa M., je suis en opinion qu'il escript à Madame, afin qu'à vous deux elle porte tout respect, et ce poinct n'ay-je garde d'oblyer de recommander à sa M., et aultres quy luy peuvent ramantevoir, et qu'elle luy recommande son auctorité, la religion, et la justice, ce que faisant sa M., tient les choses en frein, et vous appercevez, comme je pense, clèrement que, à chascune foys qu'il vient lettres d'Espaigne, il y a plus de ferveur; le mal est que les lectres d'Espaigne debvroient venir plus souvent et la correspondence de ce coustel là estre meilleur et continuelle. Quant à moy, je vais mon chemin, et de sorte que l'on me trouvera tousjours d'une manière, désireux que le service du maistre soit avancé, son auctorité et de la justice défendue, et la religion entretenue, comme il convient, et ains je laisse dire et menasser quy veult. Je sentz fort que les Estatz de Flandres ayent prins la mouche si expressément contre l'inquisiteur; véritablement il a bon zèle, mais il est en aulcunes choses indiscret et esclandreuxGa naar voetnoot1; sy le fault-il aulcunement | |
[pagina 323]
| |
Ga naar margenoot+supporter, afin que l'on ne luy mecte telle bride que son auctorité soit du tout énervée, et le fauldroit soubz main emboucher, et le mesmes des théologans de Louvain, afin qu'ilz réveillassent le confesseur, luy faisant plainctes de ce qu'il ne vad, quand à la religion, comme il convient, mais ces gentesGa naar voetnoot1 sont sy inconsidérés et parlent sy voulontiers que l'on ne sçait comme drapperGa naar voetnoot2 avec eulx, sy est-ce que cela serviroit de beaucoup, et presseroit ce poinct, austant que nul aultre, la venueGa naar voetnoot(1) du maistre, et cependant le feroit tant plus soigneux pour en icelluy escrire à son A., à vous, et au Conseil ce que convient, que vous donneroit plus de moyen de faire de vostre coustel les offices requis, et, pour Dieu, quoyque l'on esloigne de vous parler à part, comme l'on souloit, ne vous en esloignez, mais prenez toutes les occasions pour ce faire et plus tost demandez luy audience à part à heure extraordinaire, et luy dictes exprès que c'est pour luy parler seulle, et sy elle appelle lors aultres, luy dire aultres choses générales, luy disant en sortant que, quand elle sera seulle, vous luy direz ce que vous vouliez dire: sy deux ou trois foys vous tenez ce chemin, elle n'osera fuyr de vous ouyr seul, quand vous direz que ce sera pour le service de sa M. et le sien, et lors luy déclarer l'estat auquel l'on est, et ce en quoy on pourroit tumber en suyvant ce chemin, | |
[pagina 324]
| |
Ga naar margenoot+et dire que vous faictes cest office pour vostre debvoir et obéyr à ce que sa M. vous a commandé, et pour son propre repoz, et pour la craincte que vous avez des troubles ausquelz elle pourroit tumber, et comme il ne peult estre qu'il ne succède quelqueffoys des choses desquelles il luy seroit bien difficile de sortir sans ayde, sy l'on vous appelle, prenez occasion et soyez tousjours prest, et vous servez des résentiment qu'elle peult prendre pour diverses causes d'ung et d'aultre pour vous insinuer, et luy ouvrir les yeulx pour luy faire entendre la vérité. Aussy ne vois-je comme vous vous puissiés excuser de donner au maistre une foys cler advertissement de ce que passe, le conjurant du secret et parlant généralement du mal quy y est, sans nommer personne, et excusant Madame par dire que vous pensez qu'estant sa M. absente, elle ne doibt oser plus, pour non se mettre et le pays en plus grande confusion et dangier, suppliant sa M. qu'elle ne vous responde, et qu'il voye que vous ne luy osez escrire; cela le fera penser et donner crédit à ce que je faiz de mon coustel, et rompra les desseings des aultres, et je suis asseuré que mettant, sur la lectre ‘en ses propres mains’ et luy recommandant le secret, il le gardera et vous pourriés couvrir vostre lectre d'une couverte cachetée d'aultre cachet que du vostre et superscripte d'aultre main, afin que ny Tisnacq, ny aultre, en preignent jalousie, mettant aussy sur la couverte, en ses propres mains; cela faict une foys, vous en estes deschargé pour longtemps, et éviterez ce que l'on vous pourroit imputer d'avoirGa naar voetnoot1 par les lectres de Madame que passent par voz mains, non luy ayant faict entendre la vérité, laquelle entendue il | |
[pagina 325]
| |
Ga naar margenoot+dira après qu'il y eust pourveu, mais ne le désespérez qu'il n'entende que, venantGa naar voetnoot(1), tout se peult encores remédier, car, à mon advis, s'il vient, tout est encores remédiable, et sans grande aigreur; car venant, chascun cercheroit de faire du bon valet et luy complaire, et à peu de chose l'on pourroit remettre le tout en fort bon chemin: quant à ce que ceulx de la justice cerchent maintenant de gaigner le grey des gouverneurs et dissimumulent, à mon advis, ilz se rangeront plus soubz vous, comme estans du mesme mestier, sy vous les embrassez comme il convient et je tiens que vous faictes; car ilz ne compourteront voulentiers tant de servitutes, et plus leur veult l'on aller à la main et les assubjectir, et quelqueffoys les violenter à choses non convenables, plus s'esloigneront-ilz d'eulx, s'ilz treuvent quy les pourte; et de penser laisser couler les choses pour estre plus à repoz à la retraicte, je tiens qu'en ce il y auroit mescompte, par ce que le Prince, appercevant cy-après le désordre, | |
[pagina 326]
| |
Ga naar margenoot+prendra à dessaing ceulx quy y debvoient mettre l'ordre, s'ilz ne l'ont faict à leur pouvoir et donnant advis, et lors ceulx quy font présentement le mal, s'en deschargeront sur ceulx qu'en ont la charge: c'est chose toute ordinaire, comme l'expérience en Naples, Milan, Sicile, et Espaigne me l'a monstré. Je diz en tout cecy mon fol advis sans en estre requis, et debvroys payer l'amende, mais mon debvoir et affection que je pourte au service du maistre et bien publicque et à vous m'y constrainct, remettant le tout à vostre prudence. Vous faictes fort bien de vous ayder de Monsieur Hoppérus; qu'est certainement tel que vous dictes, et j'ay faict fort expressément l'office vers sa M., mais procurezque Monsieur d'Egmont le face de son coustel, pour les raisons que j'ay escript.... Le Roy m'escripvoit du premier d'aoust qu'il tenoit les aydes de Brabant pour toutes accordéesGa naar voetnoot(1); regardez combien l'on luy debvoit avoir escript devant que tout estoit faict, et quelle cause de grand contentement il aura, sçachant que au xi de ce mois encores n'estoit ce faict quant aux villes, estant ce des garnisons comme vous sçavez; que n'est pas avoir faict beaucoup an ce doiz mon partement, ny y donnoit grand empeschement ma présence, quoyque l'on en ayt voulu dire après mon partement; car vous sçavez que l'on entretint van de Nesse et le contrerolleur trois semaines, afin que par | |
[pagina 327]
| |
Ga naar margenoot+eulx Madame donnast à sa M. advertissement du final accord, qu'estoit en janvier dernier. Touchant RenardGa naar voetnoot(1), je n'ay rien entendu de luy doiz qu'il est en chemin; ce que je désiroys vous escripvissiés en Espaigne l'opinion que l'on en ha là, estoit afin que le maistre ne pensast que je fusse seul contre luy, et, oultre ce que je vous en ay escript, Assonleville et aulcuns aultres du Conseil diroient bien les nouvelles qu'il leur disoit près du feug journellement, devant ou après le Conseil, des affaires de France au temps de la guerre de la religion et où elles tendoient, et ce qu'il dict pour les mutiner, lors que sa M. l'appella la première foys; que j'ay tout noté; je ne m'en veulx plus rompre la teste, je n'ay que craindre de luy, ny ne prétendz rien en ce qu'il peult prétendre, et est trop bas pour me mettre la main sur la teste: si le maistre m'en demande, je luy en escriray mon advis; s'il veult informer contre luy, je donneray matière assez au fiscal..... Bauldoncourt, 18 oct. Le 19 octobre Morillon écrit au Cardinal: ‘....J'ay entendu de bon lieu que le Prince d'Oranges commence oyr conseil de ceulx que tendent à tranquillité et que l'aigreur est fort rabaptu, de sorte qu'il y at apparence et espoir que avec le temps tout se radoucira, puisque il se radoucit envers Granvelle et accousteGa naar voetnoot1 l'advis de concorde que l'on luy donne ad ce que l'on rend peine. Et pour maintenant je ne diray dadvantaige; seullement vouldroisje sçavoir, si l'on m'en parle, si je doibz prester l'oreille...’ (MS. B.M. ii. p. 179). - Voyez la Lettre 90c. |
|