Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre XCVIb.
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Ga naar margenoot+laisse à faire ce que je doibs: la confidence qu'elle me sonloit monstrer est bien changée; ces jours passez elle fist appeller l'évesque d'Ypre et luy parlist par deux on trois fois, sans me dire mot, et combien que ledit évesque disna par deux fois avec moy, il ne me fist aussi nul semblant, et tiens qu'elle luy aura défendu de ne me riens dire, et le semblable advient en plusieurs aultres endroicts pour me désauctoriser, et v.i.S. n'aye paour que par mon absence je face faulte, car présent je suis souventefois compté pour absent; et quant à ce que sa M. vous escript qu'elle faict ce qu'elle peult pour animer Mr de Berlaymont et moy, certes en mon endroict je ne me suis de rien aperceu, par lettres ou aultrement. Si sa M. escript quelque chose à son Alt., cela n'est pas venu à ma cognoissance, mais je ne laisse pourtant aller mon chemin et, si l'on ne me ayme point, je croy qu'on me craindt ung peu, et diz franchement ce que me samble, quant je puis estre ouy. Il vient mal à propos pour les affaires de la religion, que ce que journellement s'offre, je ne le puis comme auparavant faire entendre à son Alt. et par son auctorité y faire donner les provisions, et sçait v.i.S. que ces matières ne sont point agréables au Conseil d'Estat, et que illecques l'opinion tendt à chercer aultres remèdes. Et sont si bien embouchez ceux de Flandres que premièrement ceulx de Bruges, et après les aultres membres, se viennent plaindre de l'inquisiteur et tendent à ce que luy soit donnée bride, par laquelle l'office sera de tout enervé et annihilé. Ilz ont quelque couleur sur l'indiscrétion de nostreGa naar voetnoot(1) Titelmanus, mais ceste plaincte | |
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Ga naar margenoot+genérale regarde plus avant, et y prestant son Alt. et les Seigneurs l'oreille, il ne sera en moy d'y remédier. Je ne viens pas voluntiers à en advertir sa M. du dangier que je voys, craindant n'estre creu contre ce que d'aultre costel l'on asseure, et que je me doubte grandement que le secret y seroit mal gardé, selon que je voys en aultres choses advenir, et estant sur les derniers jours de mon service et ne voyant icy aucun sustien, je ne me mectrois pas voluntiers en plus grande indignation de ceulx qui sont présentement de tout en vogeGa naar voetnoot1 vers son Alt.; et quant est de m'appuyer du costel des consaulx et villes, certes je les ay pour le passé trouvé très-enclins à maintenir la justice et tout ce dont dépendt la transquillité et bien du pays, mais l'auctorité des Gouverneurs, par la connivence de son Alt., s'accroistGa naar voetnoot(1) tant que chascun cherche de leur complaire ou du moins non desplaire; touteffois je ne obmettray riens, où je verray povoir gaigner terre, et me seconde assez en cecy le Conseillier Hoppérus, et le feroit davantage s'il seroit plus estably. Mr d'Egmonde continue montrer bonne affection de luy assister de sa faveur, et, jusques qu'il soit plus asseuré, il luy convient aucunement temporiser et laisser le mal gré à moy, et certes je ne suis de si bas cueur que je ne voulsisse jusques au bout assister la république et religion, in quan- | |
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Ga naar margenoot+tum remis ac velis aliquid effici posset, et que le chief ne me destitue de sa faveur, combien que le temps me semble fort loing que je attends apres la venue du Roy, et plaise à Dieu qu'elle puisse estre si briefve comme v.i.S. escript, que ne m'a pas donné peu de couraige et resjoyssement... Gand, 3 octobre. La résistance aux Placards devenoit de jour en jour plus énergique. A Bruges on s'opposoit ouvertement à l'Inquisiteur, ‘non passurâ civitate de privilegiis suis aliquid carpi:’ Strada, I. p. 173. A Anvers le supplice de Christophore Fabrice, moine Carmélite, causa le 4 octobre un tumulte extrême parmi le peuple indigné: l.l. p. 172. - La Réforme faisoit dans les Pays-Bas de rapides progrès. |
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