Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre LXXXIIId.
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Ga naar margenoot+fyent l'ung de l'autre, que par faulte d'argent et pour les pensions que a l'on mies de ce coustel là, j'espère que l'on en pourra aux Pays-Bas demeurer à repos pour ceste année, que m'est un grand contentement pour la satisfaction que v. Alt. en aura et l'assurance dudit pays. Bien dict-l'on que les héritiers du Duc Jéhan-Frédéric arment la guerre à Gota et aultres lieux voisins, donnent argent à quelques piétons, cherchent gens de cheval et publyent soubs main que ce soit pour Crombach, afin de saccager la Franconie, et que ledit Crombach ayt desseing sur Erford et sur EldrongGa naar voetnoot1 chasteaul des Contes de Mansfeld, pour avoir les espaules asseurées quelque part, et que ledit Crombach et eulx se vestent et leurs gens de blanc et de noir, tant pour non estre recougneuz par différence les ungz des aultres, que pour monstrer ligue entre eulx et union, mais tout cela n'est chose de fondement tel qu'ilz auroyent de besoing pour faire paourGa naar voetnoot2 aux Pays-Bas. Aussy n'entendz-je levée d'importance du coustel de France, et me semble que l'on y entend plus à plaisirs que à guerre, et maintenant doivent être empeschez au baptesme à Bar, où sont tous ceulx de la maison de Guyse, et m'escript-l'on d'Allemaigne que le Comte de Mansfeldt y alloit à onze-cents chevaux, comme ambassadeur du Roy notre maître; ce bruit n'est que honorable, mais je pense bien qu'il n'y en aura pas tant, et que l'on ne chargera le maître de tant de fraiz. Le départ dudit Bar et ce que l'on verra où la Cour de France tournera teste, donnera plus certain jugement de ce que se debvra attendre de ce coustel là pour ceste esté, et Dieu doint que les affaires de la Religion continuent si bien comme il sem- | |
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Ga naar margenoot+ble qu'ilz ont commencé en Court et la volenté que la Reyne-Mère monstre de vouloir suyvre, dont je ne m'asseure pas encores du tout, comme aussi n'en perds-je pas espoir; car, si elle veult considérer ce que convient à son filz et à l'auctorité de son Royaume, il est force qu'elle preigne ce chemin, et v. Alt. verra, s'il lui plaist, par la copie, ce que M. le Cardinal de Lorraine n'a respondu aux lettres que, pour satisfaire à M. la Duchesse de Lorrainemère, je lui avois escrit, comme v. Alt. aura jà entendu. Ce d'AngleterreGa naar voetnoot(1) donnera peyne à v. Alt., pour les termes que tient présentement la Reynedudit d'Angleterre, mais véritablement ce sont bravades sans fondement, et, si l'on cède, estant la raison tant de notre coustel et les termes où nous nous treuvons, tant advantageulx, sur ma foy, je crains que l'on s'en repentira largement et que le mal que, de n'en monstrer maintenant visage et de non continuer, succédera, ne sera aysément rén édiable et que nous plorerons de laisser passer l'occasion; mais je me remects au plus prudent advis de ceulx de par delà, puisque, à la vérité, mal peut-l'on conseiller de si loing, et voyent plus et mieulx ceulx qui sont sur le faict. Je ne puis aussi délaisser de ramentevoir le faict des vins dont l'on avoit résolu avant mon partement le renouvellement de l'édict, et plus absolut et tost, spécialement devant la St Jéhan: et si la Court de France tourne le visage vers Lyon, tant plus sera-t il de propos de le faire, mais je m'en remectz aussi à meilleur advis. J'entendz que l'on continue de solliciter v. Alt. pour | |
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Ga naar margenoot+l'union des Estatz; j'espère que v. Alt. considérera ce que si souvent luy a esté remonstré sur ce poinct, car je crains que, si l'on vient à y condescendre, quelque bonne volenté que puissent avoir M.M. le Prince d'Oranges et Marquis de Bergues, s'ilz viennent à mectre en avant de charger les Estatz de Brabant, ilz perdront crédit et ne seront ouyz, par où l'on ne viendra à l'effect, et si se fera à l'auctorité de sa Mat une playe sans remède et dont v. Alt. aura, tant qu'elle sera au gouvernement, resentement, et, plus de trente ans après, ceux qui auront ledit gouvernement depuis elle. Je sçay fort bien ce que je diz, et me desplaira amèrement d'en estre prophète. L'on a icy semé, je pense bien qu'a mon hayne, que despuis mon partement l'on avoit assemblé lesdits Estats, et que toutes les aydes estoyent accordées et alloit présentement par delà le tout bien, et je diz à qui m'apporta la nouvelle, que je vouldroys qu'il m'eust cousté mille escuz du mien et qu'il fût vray, oyres que je ne deusse rentrer en Flandres d'ung an; ce que je diz pour ce que l'on adjoustoit que les Seigneurs auroyent entendu du secrétaire Armenteros que le Roy m'ayt commandé de venir icy et de non retourner par delà, ce que je sçay bien est faulx, mais ce sont des inventions Renardesques, dont je ne faiz que m'en rire, et crains fort que aussi est faulx ce que l'on dict de l'accord des Estats; car je n'entendz encores que ceulx de Brabant ayent riens résolu [achévementGa naar voetnoot1], dont certes je ne m'esbéhiz, car j'ay sçeu que l'on persuade aux aultres Etats qu'il fault venir à l'union, par ce fondement que aultrement ceux de Brabant ne contribueront jamais rien et demeure- | |
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aant.Ga naar margenoot+ront par ce boult deschangez des aydes et les aultres chargez. L'on sème aussi que ces Seigneurs ouffrent à v. Alt., pour la gaigner, de luy faire donner grandz présentz des Estats et des villes par leur moyen, ce que je tiens certain n'estre véritable mais je sens extrêmentGa naar voetnoot1 que telz bruicts se sèment, qui viendront jusques aux oreilles du maître et ailleurs, et souvent le peuple et aultres jugent les choses, non pas sur la vérité, mais sur ce que l'on en dit.... Besançon, 3 mai 1564. |
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