Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Traductiondes passages en espagnolGa naar voetnoot1.
p. 35. l. 26. ... et puis il y a l'émulation que v.M. sait, entre Mad. de Lorraine et Mad. de Parme; le mieux sera de les tenir séparées, parceque ces allées et venues et réunions ne peuvent donner aucun bon fruit; maintenant elle va en Lorraine; nous verrons quelle détermination elle prendra, et si elle laissera ses filles dans quelqu'endroit de ces Etats, ou si elle les aménera avec soi; mais certes, quelque part qu'elle puisse être, elles y seroient mieux qu'ici, et elle et ses filles, pour le service de v.M. p. 52. l. 14. L'affaire de la religion va, comme v.M. verra par les Lettres de Madame; elle fait ce qu'elle peut; dans quelques ministres elle désireroit voir plus de chaleur; et v.M. ne sauroit croire le bon effet que produit la recommandation si fréquente et si expresse de ces choses dans ses Lettres sur les affaires d'Etat; et ce que v.M. a écrit au Chancelier de Brabant n'a pas été inutile, et je supplie aussi v.M. de vouloir donner souvent des avertissements et de si vifs coups d'épérons par ses Lettres, ce dont nous ferons notre profit, autant que faire se pourra. Ce mariage du Prince d'Orange me fait de la peine et j'aurois | |||
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beaucoup souhaité qu'il en eût parlé ici, avant d'en écrire à v.M., mais il doit savoir pourquoi il ne l'a pas fait: à la verité, je n'ai jamais vu chose en laquelle il m'ait donné mauvais soupçon de sa personne, plutôt le contraire; mais, ni pour l'Etat, ni pour la religion, j'eusse désiré qu'il se fùt mis dans cette position; et v.M. verra, par la longue Lettre qu'on lui écrit là dessus, ce qui s'est passé, à quoi jc m'en remets. p. 53. l. 4. Quant à la religion, Madame se donne beaucoup de peine, et tous ceux du Conseil; et certes, par dessus tous les autres, le Prince d'Orange et M. d'Egmont ont montré en tout ce qui a pu se connoître jusqu'à maintenant, une très-bonne volonté, et en cela l'on continue à pourvoir le plus possible aux désordres qui ont lieu et à punir ce qu'on peut. - J'ai quelque espérance que le Prince d'Orange ne passera pas outre en cette affaire du mariage. p. 57. l. 3. En quel mauvais état la Reine d'Angleterre se trouve pour entreprendre et tenter des choses nouvelles, et comme la Reine eût bien fait de ne pas entrer dans les nouveautés dans lesquelles elle est entrée, et de se marier avec quelqu'un qui eût eu du pouvoir pour la maintenir, et en se souvenant des conseils que v.M. lui avoit donnés et de l'obligation qu'elle lui avoit pour cela, et pour lui avoir sauvé la vie, et avoir été principalement cause de ce qu'elle a succedé à la Couronne; et du péril dans lequel elle se mettroit, si venant aux mains avec les François, ceux-ci gagnoient une bataille. p. 57. l 12. Ce qui pour le moment presse le plus, est, si, ne sachant la Reine d'Angleterre prendre parti, et ne tenant pas conseil, et ne prenant pas celui qui seroit nécessaire pour arranger ses affaires, il surgissoit quelque révolte dans son royaume même, dont les François profiteroient pour mettre le pied en Angleterre et s'y affermir; ce qui seroit, sans aucun remède, notre extrême ruine; comme v.M. le sait mieux que moi. Et il est très-clair que, s'ils réussissoient dans une sédition pareille et que v.M. ne tâchoit pas d'y mettre la main, les auteurs, qui seroient apparemment Catholiques, auroient recours aux François; lesquels je crois eussent déjà essayé de causer là quelque trouble et de mettre le pied sur l'île de Wicht, ou dans quelque port de l'Angleterre, si v.M. n'avoit pas si expressément ordonné de dire à l'Evêque de Limoges que v.M. ne souffrira pas que les Fran- | |||
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çois s'emparent de l'Angleterre, comme aussi a été dit ici à M. de la Forest; et, si les François n'eussent été si bas, tant à cause des troubles intérieurs que pour avoir été affoiblis par les guerres passées, qu'ils doivent craindre de donner occasion à v.M. de mouvoir quelque chose contr'eux, ce qui seroit leur ruine, je tiens pour certain qu'ils n'eussent tant tardé. - Dans l'affaire des Evêques ici, la prompte résolution de v.M. est nécessaire, vû que les oppositions se renforcent chaque jour à Rome, comme l'Ambassadeur Vargas l'aura écrit à v.M., lequel est là, soit qu'il reste ambassadeur, soit dans un autre poste, un ministre très-utile de v.M. pour les affaires qui se peuvent offrir; d'autant plus que le Cardinal de Siguença est absent et qu'il (Vargas) est si docte et habile, et s'est occupé depuis tant d'années des affaires de l'Italie. 20 Mai 60 p. 61. l. 9. J'ai eu avec son Alt. une conférence touehant la demeure des Espagnols ici: et l'on a tenté toutes les voies humainement possibles; mais enfin je ne vois nul expédient ni moyen par lequel, sans mettre ces Etats en péril manifeste de révolte subite, on puisse différer l'exécution de leur départ, si la saison le permet. Jusqu'à présent, par le sage gouvernement de Madame, les affaires sont à l'extérieur fort pacifiques, et, quant à la démonstration extérieure, le point de la religion comme lorsque v.M. étoit ici; et l'on ne s'apperçoit pas de quelque plus grand mal en cela parmi la Noblesse ni aussi dans la généralité du peuple, qu'il n'y en avoit alors: et ceux qui sont entachésGa naar voetnoot1 s'absentent et prennent la fuite; ce qui n'est pas mauvais signe. Je ne dis pas que, si les révoltes en France eussent continué, les affaires ici n'eussent pu recevoir de l'altération, ou bien aussi que nous ne pourrions l'avoir chez nous sans cela, d'autant plus que nous sommes si affoiblis et nécessiteux, comme v.M. sait, ce qui par fois nous fait perdre et le courage et l'espoir. Le Prince d'Orange et le Cte d'Egmont déclarent avec force que, quand même ils auroient la meilleure volonté du monde de servir v.M. en cette affaire, en gardant encore le commandement des Espagnols, ils n'oseroient l'entreprendre, en cas que ces troupes retournassent; pour ne pas perdre et leur crédit et leur réputation auprès des Etats, avec lesquels ils doivent vivre; et la première chose que | |||
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leroient les villes fortes seroit de fermer les portes et de désobéir à Madame, en tout ce qui là dessus leur auroit été commandé; perdant ainsi tout d'un coup toute retenue, et se rendant ainsi coupable de délit. p. 63. l. 23. Puisque je n'ai plus rien entendu concernant cette affaire du mariage du Prince d'Orange, cela n'a pas dû se passer comme vous m'avez écrit que vous aviez espoir que cela se passeroit; et certes je m'en serois fort réjoui. p. 63. l. 27. Le Prince d'Orange s'étonne de ce que depuis tant de mois v.M. a répondu quant à son mariage avec la fille de Maurice, disant qu'elle n'y répond point, vû qu'elle estime que la démarche a cessé, laquelle il dit être encore sur pied, et qu'il espère la réponse sur ce dont il a dit vouloir être avant tout informé; savoir, quelle seroit la volonté de la demoiselle quant à la religion; et ceci sera seulement pour que v.M. sache ce qui se passe, puisque Madame a écrit si amplement les considératious qu'il y a sur ce sujet. p. 64. l. 8. Vous m'avez écrit que vous espériez que l'affaire du mariage du Prince d'Orange ne passeroit pas outre. Et pour cette cause, et parceque je voyois qu'on n'en écrivoit plus, j'ai cru pour sûr que cela avoit cessé; de quoi je me réjouissois beaucoup, vû que c'eût été mieux et que ce que j'eusse tant désiré eût été fait. Mais si néanmoins la chose a eu lieu, je ne sais qu'en dire, mais je le remets à ma soeur, qui, puis qu'elle est à proximité, verra mieux ce qui pourra se faire en cela, ou si l'on pourra encore y mettre obstacle, et quand il n'y aura d'autre remède, (pourra) donner la permission; mais quand cela sera fait, le mieux seroit de l'observer, parceque je ne sais comment le Prince a pu trouver bon de se marier avec la fille de celui qui a traité sa M. de glorieuse mémoire, comme (a fait) le Duc Maurice. p. 64. l. 21. J'eusse désiré que ce voyage du dit Prince eût pu être évité, et de même celui de beaucoup d'autres de ces (membres des) Etats que le Comte a invité: mais il est si ferme en cela que l'on ne pourroit y contredire sans quelque scandale, et, à ce que je vois, il se détermine à partir sous peu, vu que les nôces seront en novembre. Là le Prince pense qu'on reviendra à parler du mariage, et il dit que, quand même v.M. ne s'y fût pas entremise, jamais, pour sa propre | |||
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conscience, il ne viendroit à se marier avec elle, si ce n'est qu'elle eùt à vivre en catholique. Et comme v.M. ne lui a rien répondu sur cet article, ni contredit en cela, il pense pouvoir s'y résoudre sans que cela déplaise à v.M. Je ne sais ce qui suivra, et je ne me rappelle point avoir affirmé que ce mariage ne se fera point; quoique beaucoup de choses se présentoient à moi, tant pour l'affaire de la religion que par ce que le Prince a des enfants de son premier mariage, pour quoi je croyois faire une conjecture probable que facilement il pourroit advenir que ceux de Saxe, avant de tourner la clefGa naar voetnoot1, ne désirassent pas d'en venir à ce mariage, et qu'il se rompit à cause des conditions. Quant au Prince, je crois qu'il le désire, parcequ'il est d'opinion que cela lui viendra très-à propos pour sa maison de Nassau. Le Prince a demandé a Madame quelle chose il pourroit faire à ces nôces pour le service de v.M. avec les Princes qui se réuniront là en grand nombre; et on lui a dit que, puisqu'il sait la bonne volonté que v.M. a envers les Princes Allemands, et combien est faux le soupçon qu'on a voulu leur donner, il tâche de les détromper, ce qu'il a offert de faire autant qu'il pourra: et tout ceci Madame m'a dit qu'elle écrivoit à v.M. dans ses lettres particulières, et je tiens pour sûr que le Prince le fera bien, et il montre maintenant en toutes choses un très-grand désir de servir v.M.; et véritablement en ce qui s'est offert ces jours-ci, il s'est bien employé, mais personne ici n'agit mieux et avec plus de zèle que Madame. - Dans l'affaire de la religion on continue à faire tout ce qui humainement faire se peut, et tout ce que la condition de ces pays, et les privilèges, et la nature des habitants peut souffrir; ce que j'avoue n'être pas tout ce qui devroit se faire raisonnablement, mais autant que sans empirer les choses, faire se peut; et il est vrai aussi que ce qui a été fait, soit précédemment, soit récemment pour la cause des voisins, va fort mal, mais le remède ne peut être appliqué, comme on le souhaiteroit. p. 65. l. 27. J'ai espérance que le Prince d'Orange et Lazare de Svendi auront fait de très-bons offices, comme il a été écrit à v.M. qu'on les en avoit chargés, afin que les Allemands connoissent la bonne volonté que v.M. leur porte. | |||
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p. 69. l. 14. Dans l'affaire des Evêchés, j'ai écrit par la dernière occasion, et plus on tarde à la terminer, plus les difficultés augmentent, parceque les adversaires gagnent du terrain, et par ce qu'on n'a rien en main pour leur résister. On peut faire peu de chose en faveur des dits Evêchés, si ce n'est répondre, dans les circonstances qui se présentent, aux soupçons qu'on sème pour donner de mauvaises impressions au peuple. Et que les bulles de Rome viennent ou non, je crois qu'en envoyant les lettres de v.M. de sa main propre pour le Prince d'Orange et pour le Comte d'Egmont, il sera nécessaire de les leur donner et de les informer en mème temps plus particulièrement de tout ce qu'il y a. Et si les bulles venoient avant ce temps, de quoi j'ai jusqu'à présent peu d'espérance, voyant comment l'on prend la chose à Rome, ce seroit moins mal, et nous aurions soin de commencer l'affaire, pour voir qui voudroient ouvertement s'opposer, et sur quel fondement; tâchant que par de la persévérance, elle marche en avant, s'il est possible. Le dit Prince d'Orange est retourné à sa maison, et il se propose de partir pour la Hollande, afin de se trouver à la réunion de ces Etats, et avoir soin du service de v.M., en lequel il se montre trèsprompt. Il m'a écrit ce que v.M. verra par la copie, d'où l'on voit clairement que le mariage est conclu: je ne sais si encore les Allemands lui susciteront des embarras en son absence, comme il arrive souvent; et d'autant plus, vû que le Landgrave Philippe a parlé en personne avec le Duc Auguste, s'étant opposé au dit mariage, à cause de la religion, comme v.M. l'a entendu; et il semble pouvoir faire avec plus de force cette opposition, puisqu'ils ont concerté ce qu'ils traitent à Naumbourg. Certes j'eusse beaucoup désiré que ce mariage ne se fût pas fait, pour beaucoup de motifs qu'on a considéré en cela dès le commencement; mais il seroit déjà trop tard pour y contredire, et j'espère encore de la bonté et vertu du dit Prince, que tout cela ne suffira pas pour le séparer de la vraie religion, quoique je regrette que, faisant mention de la religion en ce qu'il m'écrit, il parle de soi, et ne dit rien de la Dame.... 4 février, de Bruxelles. p. 117. l. 1. Aussi je suis obligé de dire comment, àcause de cette affaire des Eglises, tout va ici en confusion; et je crains pis encore, comme je l'ai écrit à v.S., et le tout causé par le délai... En vérité | |||
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nous nous voyons en grande confusion et l'autorité du Roi souffre beaucoup.... Je ressens le tout en mon âmeGa naar voetnoot1 et plus peut-être que personne, parceque je vois plus le péril, et il tombera d'autant plus sur moi que s.M. m'a mis si avant en cela, de manière que je vois la haine des Etats se décharger sur moi, mais plût à Dieu qu'en me sacrifiant, le tout fut remédié: il est bien vrai que l'intérêt ne me meut point, puisque comme je ne tiens rien, mon successeur a déjà la possession, et quand même je l'eusse eu en mains, je perds en cela, en rentes et en redevances; tout cela n'est rien en comparaison du préjudice public, qui est si grand qu'on ne sauroit le croire. Que Dieu porte remède au tout, puisque les hommes ne le font point, et Dieu pardonne à ceux qui en sont coupables. Plût à Dieu que jamais on n'eût songé à ériger ces Eglises, Amen, Amen! p. 126. l 20. ....J'apprends qu'en Lorraine et parmi d'autres peuples il s'en publie d'autres, et contre les Evèchés, et contre la persécution qui a lieu envers les hérétiques, tâchant d'émouvoir le peuple; si l'on y parvenoit, il y auroit peu de remède, vû que le pouvoir manque, comme v.M. sait, et que quelques uns de ceux qui nous devroient aider, s'en retirent; bien que pour moi je suis d'opinion qu'ils courroient un danger égal ou plus grand, si ce jeu étoit joué sérieusement. Quand à Madame, j'estime qu'outre les peines continuelles qu'elle se donne, elle sent cela, et le péril dans lequel les affaires de v.M. pourroient tomber, plus qu'on ne pourroit imaginer, et elle se mourroit de penser que de son temps il pourroit arriver quelque chose de mal; et je m'apperçois aussi très-clairement en elle combien elle ressent que la résolution tarde encore sur les choses que le sécretaire du Duc son mari a été solliciter, il y a deux ans. La possession de Namur a été prise, comme v.M. entendra, avec beaucoup de satisfaction du peuple, et vraiment je crois que, si les principaux Seigneurs eussent montré plus de bonne volonté, et déclaré ouvertement que ce que v.M. fait dans cette affaire des Evêchés leur semble bon, le tout se passeroit mieux; et à la vérité je n'ai vu personne qui en cela ait donné un meilleur exemple que M. d'Egmont, qui toujours a dit qu'il lui sembloit bon qu'à Ypres et à Bruges, qui sont de son gouvernement, l'on envoyât les Evêques, mais malgré tout | |||
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cela depuis quelques jours il paroit qu'il se refroidit;Ga naar voetnoot1 je ne sais si c'est pour se séparer des autres; et si M. d'Hornes avoit été ici ces joursci, je tâcherois, par le moyen de Madame, conformément à ce que v.M. lui a ordonné, qu'il retournàt à faire son devoirGa naar voetnoot2, et encore se pourroit-il que, continuant v.M. à les exhorter par ses lettres, ils vinssent à se donner plus de peine en cette affaire, puisqu'ils voient que les Evèques à qui l'on a donné la possession, se conduisent bien. Et ce n'est pas sans raison que j'ai écrit à v.M. qu'il échappe par fois à ces Seigneurs des paroles d'où l'on voit qu'ils ont mille soupçons, et aussi de choses qui ne sont pas ainsi: et Assonville m'a dit, il y a trois jours, que M. d'Egmont lui avoit dit, pour me le dire (sans désirer qu'il déclarât que cela venoit de lui) que quelques uns de ces Seigneurs étoient mécontents de moi, quoiqu'ils ne me le disent point, parcequ'on leur donnoit avis d'Espagne que, par mes desseins et mes projets, je tâchois que sa M. fùt mal avec eux. Et, outre leurs [clients], je soupçonne qu'il a dû venir aussi des lettres de M. de la Chaux pour Renard, selon la grande correspondance et intelligence qu'ils ont entr'eux. Et plût à Dieu qu'ils se déterminassent tous à soutenir l'autorité de v.M., et à avancer ce qui convient au service de Dieu, à la sécurité de ces Etats; que je meure, si au plus petit d'entr'eux je ne désire et ne tâche de faire tout le service possible. Et v.M. le sait mieux que personne si, quand ils font quelque chose pour le bien du service de v.M., je le tais; et ils le peuvent voir par les lettres que v.M. leur écrit, en les remerciant de ce qu'ils ont fait pour son service; mais enfin ils sont tels, et j'espère que cette bourrasque passera, et que, si v.M. vient, tous feront de manière qu'ils lui donneront des motifs pour leur faire de grandes récompenses, ce que Dieu sait que seroit mon désir. - Un discours ils m'ont fait, lequel, bien que je n'y donne pas de crédit, comme v.M. entendra ci-après, je ne crois pas pouvoir taire à v.M.; puisqu'il pourroit être que, comme on me l'a dit, de même quelques uns l'écrivissent, et je suis d'autant plus obligé de le dire, parceque cela quadre avec ce que d'autre part l'on m'a dit que à un de ces Seigneurs, je ne sais pas lequel, a échappé, qu'avant de consentir à ce que v.M. agìt en Brabant dans cette affaire des Evêchés contre leurs privilèges, ils appelleroient | |||
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comme Seigneur quelqu'autre Prince du sang; ce qui pourroit être plutôt un propos léger que le résultat d'une détermination arrêtée. Et ce qu'ils m'ont dit, est que M. d'Egmont échange très-souvent des Lettres avec le Roi de Bohême, et qu'ils soupçonnent que ce pourroit êtreavec le dessein de le demander pour Seigneur dans ces Etats, et ils ajoutent, que pour exécuter la chose, le chemin seroit, ce qu'ils ont entendu, qu'il veut tâcher de se faire élire Roi des Romains, en disant que, s'ils ne le fout pas de bon gré, il le fera faire aux Electeurs par force, et que ceci pourroit être le prétexte sous lequel il réuniroit la nation pour attaquer ces Etats, et que ici il auroit des intelligences, et d'autant plus si les peuples se soulevoient, en leur lâchant la bride dans le point de la religion. Pour moi je ne serois pas surpris, comme j'ai répondu, que le Roi de Bohême et M. d'Egmont s' écrivissent souvent, à cause de la grande familiarité qu'il y a eu entr'eux, lorsque vivoit sa Maj. Impér. de glorieuse mémoire, quand tous deux étoient en sa Cour, quoique même de ceci, qu'ils s'écrivent si souvent, je n'ai pas conjecture certaine. Qu'il désireroit réunir la nation pour se faire élire par force, seroit un discours très-peu sensé, et il pourroit lui coûter cher de le publier: ni lui, ni son père n'ont les forces nécessaires pour entreprendre une telle chose, qui seroit du vent et entièrement sans fondement; et v.M. sait très-bien la nécessité dans laquelle se trouve le dit Roi, et les plaintes qu'il y a là-dessus. Réunir une armée pour attaquer ces Etats sans son père, il ne le pourroit faire, et je crois que sa M.I. préféreroit mourir que de faire une telle vilainie contre sa M. En outre ils se disposent maintenant à envoyer les enfants du dit Roi de Bohême en Espagne, et on fait pour cela les préparatifs, et il n'y a pas moyen, quand on donne de tels ôtages, de soupçonner une chose de cette nature; et plutôt, si l'on ne vexe pas davantage le peuple par de mauvais offices, je crois que nul d'entre les Grands n'a le pouvoir de disposer de ces Etats; et aussi ai-je réfuté ce discours et cet avis, comme une chose vaine, quoique l'on me disoit que cela étoit sorti de la maison même du dit Comte; parceque vraiment je le tiens pour un des plus francs, et en qui v.M. pourroit le mieux se confier, et en Berlaymont et Glajon, si les apparences ne me trompent point; et puisque je vois que d'Espagne on leur écrit tant de choses, par quelque voie et de | |||
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quelque main que cela puisse ètre, je ne puis laisser de supplier encore v.M. qu'elle veuille garder pour elle-mème ce que j'ai écrit. Mais pour ce qui regarde nos affaires domestiques, il y a plus à craindre, par ce que, comme j'ai écrit à v.M., il y a quelques jours, je ne vois pas la même volonté en ce de la religion, que l'on écrivit à v.M. qu'ils avoient quand ils la montroient bonne (je parle de quelques uns); au contraire je sais que (au lieu de remercier Montigny) Aremberg, Megen, et d'autres ici se sont moqués de lui, lui disant qu'il avoit gagné toute faveur par ce qu'il avoit fait à Tournai, mais qu'ils savoient très-bien le chemin pour l'acquérir d'où il l'avoit acquise, puis-qu'il n'étoit besoin que de brûler (avec ou sans motif) une couple d'hommes: quoiqu'il n'y ait pas tant de sa faute qu'ils le prétendent; car, si les Conseillers Assonleville et Blaser ne s'y étoient pas entremis, il ne se fût pas fait plus à Tournai qu'à Valenciennes. Et je vois que les affaires de France et les nouvelles qui chaque jour viennent de là, tous ne les prennent pas, comme des choses de cette importance devroient se prendre. Et plût à Dieu que quelques uns ne fussent point à l'affût, espérant le succès. La réunion qu'ils ont tous eue à Maestricht, sous prétexte d'aller voir le Comte de Schwartzbourg, ne me contente point, et je crains que des voyages qu'ils ont fait en Allemagne on n'ait pas retiré beaucoup de fruit pour la conscience; et pour ceux qui y ont accompagné, ce n'a pas été un bon exemple de voir avec quelles cérémonies les épousailles se sont faites, ni la conversation; et me paroìt peu à propos la réunion qu'ils vont de nouveau faire à [Anvers], sous prétexte des nôces du Comte de Mansfeldt et de celle de Lalain; et il semble qu'on eût pu se dispenser de tant de fêtes, puisque c'est un mariage de veufs et que tous deux ont des enfants, et à l'âge qu'ils ont: pourquoi j'ai d'autant plus d'ombrage d'une aussi nombreuse compagnie qui y vient; vû que cette réunion semble avoir lieu tout exprès et être peu convenableen cette saison. Plût-à-Dieu qu'il en arrive mieux; je tâcherai du moins, autant que possible, qu'il y ait des gens qui fassent de bons offices et qui observent ce qui se fait. Du Prince je ne saurois dire qu'il est gâté dans la religion, n'ayant rien entendu sur quoi je pourrois fonder une telle opinion, mais je ne vois et n'apperçois pas qu'on instruit son épouse dans la foi; et ses frères et soeurs qui vivent dans | |||
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sa maison, et quelques frères du Comte de Schwartzbourg, qui sont là presque toujours, sont les mêmes que de coutume: et je crains fort une telle conversation; et aussi quelques uns m'ont dit, et je ne sais s'il changera d'opinîon, que le dit Prince a dessein d'envoyer son frère, le Comte Louis, en Bourgogne, afin de tâcher qu'il ait la charge du gouvernement pour lui dans cet Etat, excluant M. de Vergy, et cela avec intelligence et pratique de M. Dessey, bien que cela me semble peu probable. p. 137. l. 13. ...Quand au ressentiment que le Prince d'Orange montre de ce que je lui ai écrit que, s'il veut, il pourra faire beaucoup dans cette affaire des Evêchés de Brabant, cela est aussi peu raisonnable que de vous en attribuer par fois la faute, et ce qu'il devroit ressentir, c'est qu'il ne fait pas en cela ce qu'il pourroit et devroit, ayant les obligations qu'il a, et vous faites très-bien de m'informer de tout ce qui se présente. Et puisque cela vient à propos, je me suis réjoui d'apprendre qu'il est bien quant à la religion, et qu'on n'entend autre chose de lui, mais j'ai beaucoup ressenti qu'on ne se donne aucune peine pour instruire sa femme, et qu'au contraire elle a des compagnons qui ne peuvent laisser de lui faire beaucoup de mal. J'aurois une bonne occasion d'écrire au Prince là-dessus, à cause de ce qui s'est passé avant son mariage et depuis; mais je n'ai pas voulu le faire, sans savoir votre opinion comment et de quelle manière il faudroit écrire, et si cela pourroit avoir des inconvénients. Il sera bien que vous me donniez avis là-dessus, à la première occasion. Quant à ce qu'il pense envoyer son frère Louis en Bourgogne, pour le mettre à la place de Vergy, je ne sais pas s'il aura la hardiesse de le faire à mon insu; et aussi je ne crois pas qu'il le fera; mais, s'il l'essayoit, on ne doit y consentir en aucune manière, et aussi vous direz à la Duchesse ma soeur qu'on soit là-dessus sur ses gardes, à cause des inconvénients qui pourroient en résulter pour mon service, et spécialement sur le point de la religion. p. 151. l. 20. ...Je dis leur ligue, parcequ'eux aussi le disent, et ne se servent pas d'autre terme, quoique à quelques uns j'ai dit, afin que cela vint à leurs oreilles et qu'ils apprissent cette opinion, combien il étoit mal sonnant que les vassaux d'un Prince Souverain traitassent de ligue sans la volonté et le consentement de leur Seigneur, et que | |||
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dans d'autres temps, on avoit, pour des motifs de moindre conséquence, ordonné au Fiscal de commencer un procès; et, comme je vois que cela n'a point aidé pour qu'ils ne fissent plus usage de la même expression, je n'en parle plus; pour au moins, vû que je ne profite rien, ne pas les offenser. Quant à Erasso, je soupçonne qu'il ne se conduit pas bien envers moi, et je sais qu'il a des intelligences avec M. d'Egmont et d'autres ici; je ne sais pas s'il en a avec Renard; et ces choses eussent pu servir pour ôter à M. d'Egmont ce qu'il peut avoir d'opinions non convenables, et le confirmer encore plus en ce qui convient au service de v.M.; tout seroit fort bien et j'espérerois beaucoup de lui, et certes le dit d'Egmont est entre ces (je ne sais si je dois dire) ligués le plus traitable et raisonnable, et la plus grande faute qu'il a, c'est qu'il se laisse conduire et persuader par des hommes vils, mais je me flatte qu'un jour il ouvrira les yeux et connoîtra combien importe le maintien de l'autorité de v.M., et il sera un des plus contraires à ceux qui s'élèvent contre elle. J'avois pensé une chose, savoir que, comme l'on montre généralement ici si peu de satisfaction de tous ceux qui sont de la nation Espagnole dans ces Etats, ce qui paroît naître du soupçon qu'ils ont de ce qu'on a dessein de les soumettre aux Espagnols et de les réduire à la forme où se trouvent les provinces d'Italie qui sont sous la Couronne d'Espagne, ce que je ne sais quel mauvais esprit leur a mis en tête, il seroit bon de leur ôter cette mauvaise opinion et cette mauvaise volonté qu'ils ont envers la nation. Et je ne vois pas comment cela se peut mieux faire qu'en donnant à quelques uns d'entr'eux des intérêts en Espagne, avec dispense de la pragmatique, et donnant à quelques uns quelques Commanderies, afin que, à cause de l'intérêt qu'ils acquéroient par là, afin d'être aidés dans leurs affaires, ils fussent forcés de tenir le parti de la nation, et leurs parents et débiteurs seroient aussi gagnés par cette voie; et quand on donneroit à deux ou trois de ces Etats qui n'ont pas la Toison d'Or, à chacun une Commanderie, il en résulteroit aussi que 25 autres vivroient dans l'espérance, et obéiroient plus volontiers à v.M., et les Etats perdroient l'opinion très-nuisible qu'ils ont, que v.M. seroit résolue de ne leur rien donner en Espagne: ce qui fait beaucoup plus de mal qu'on ne | |||
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sauroit croire, et v.M. pourra aussi considérer s'il seroit bon de donner à quelques uns des Grands des charges en Italie, selon que l'occasion s'en présenteroit, comme des gouvernements, ou des charges de guerre, soit par terre, soit par mer, et d'autres à quelques Chevaliers principaux, à chacun selon sa qualité; puisque quelques uns de leurs ancêtres se sont bien montrés dans les choses en lesquelles ils ont été là employés. Et puisque v.M. est le commun Seigneur de tous, il est bon d'agir de manière qu'ils connoissent qu'elle les tient pour ses enfants, et qu'elle ne pense pas que seulement ceux d'Espagne sont les fils légitimes, ce qui est ce qu'on dit ici et en Italie, et je ne crois pas que le Prince serviroit mal en Sicile, si v.M. employoit le Duc de Medina-Céli dans quelque charge plus élevée. p. 161. l. 13. Je ne puis laisser d'avertir v.M. d'une chose qui se passe; qui est que le Prince d'Orange est allé vers le Duc de Clèves, je ne sais pourquoi, et que depuis le dit Duc est venu à la maison du Prince à Breda, où il est resté un jour seul; il se peut, et ainsi j'aime à le croire, qu'il n'y aura aucun mal en cela, mais beaucoup de personnes sonnes en parlent différemment, et il y a de quoi; et à beaucoup d'hommes de bien cela paroît fort mal, et d'autant plus que jusqu'ici le Prince n'en a fait aucune mention à Madame, ni par lettres, ni d'autre manière. p. 169. l. 18. Très-magnifique Seigneur! ... Je crois que dans la réponse que sa M. leur fera, il sera aussi nécessaire d'user de beaucoup de modération, en disant qu'on connoit, tant par ce qu'a dit Montigny, que par ce qu'ils ont écrit, et ce qui de là résonne, qu'il doit y avoir quelques uns qui font de mauvais et de faux offices, leur donnant à entendre que j'écris et fais des choses contr'eux qui réellement ne sont pas ainsi; et sa M. peut dire cela en toute vérité et sa M. le sait, leur demandant qu'ils abandonnent ces opinions, et qu'ils s'appliquent au service de sā M., comme elle l'attend d'eux, et qu'ils le fassent, comme si je n'y étois point; vû qu'il n'est pas raisonnable que, à cause de moi, ils laissent de faire ce qu'ils doivent au service de sa M.; et qu'elle est occupée à préparer toutes choses pour sa venue, et que venant, et s'informant de tout, elle pourvoira et rémédiera aux affaires, à leur raisonnable satisfaction. p. 171. l. 6. Le Prince d'Orange fait maintenant grande démonstra- | |||
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tion de vouloir effectuer que les Etats de Brabant donnent leur consentement aux aides, qui ont coûté tant de sollicitations et durant tant d'années. Et pour cela les dits Etats sont réunis ici; nous verrons bientôt ce qui suivra, et le dit Prince a fait en sorte qu'on appellât le Marquis de Bergues, qui a commencé à faire quelque chose dans l'affaire de Valenciennes, quoique froidement. p. 175. l. 4. ... Chaque fois que je vois les dépêches de ces trois Seigneurs Flamands, elles excitent ma colère, de sorte que si je ne m'efforçois fort de la modérer, je crois que mon opinion paroîtroit à v.M. celle d'un homme frénétique. Certainement, Sire, il me paroît que v.M. doit garder ce que je crois fort bien, le doit aussi altérer, pour à son temps; sous peine que, si v.M. ne le fait, aucun vasal qui a des intentions mauvaises, ne manquera de perdre toute retenue; et je crois qu'aucune affaire, pour le moment, est de si grande importance à v.M., comme de tâcher, aussi promptement que faire se pourra, de faire de ceci une démonstration très-exemplaire. Et ayant attentivement considéré cet écrit et ces lettres, il me paroìt que toute leur plainte, leur haine, et leur inimitié contre le Cardinal provient de ce qu'il leur a refusé la réunion générale des Etats, quoiqu'il doive y avoir aussi quelques motifs particuliers, mais celui qui ne sauroit que ce qu'on peut voir dans ces écrits,
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qui arrivera de la venue de M. d'Egmont. Ce qui n'est ni trop doux, ni trop rigoureux je ne tiens pas cela pour le véritable remède, mais pour un palliatif; mais dans des affaires si difficultueuses et où l'on ne peut venir au remède véritable, v.M. croira qu'il faudra prendre d'autres chemins pour y rémédier, et qu'on ne peut appliquer que des remèdes très-foibles, et en doutant de l'effet qu'ils pourront avoir. Quant à ce que Madame leur a dit qu'elle avoit ordre de v.M. de ne pas réunir les Etats, j'eusse beaucoup désiré qu'elle se fut simplement excusée, tâchant seulement de faire d'une bonne manière ce que v.M. lui a ordonné, plutôt que de leur faire entendre que cet ordre est de v.M.; car, pour autant que je sais, voyant cela et leurs intentions, il ne peut sembler bon, comme aussi il ne me semble pas bon, que ce qu'ils prétendent se fût fait, avant que d'autres choses eussent précédé, par lesquelles on auroit des garanties contre ce que de leur malice pourroit arriver. Retirer de là le Cardinal, comme ils le prétendent et comme ils ont eu l'impudence d'en écrire à v.M., je tiendrois cela pour un grand inconvénient, à cause de ce qui en suivroit; vû que la réunion des Etats-Généraux se feroit bientôt, en quoi ils doivent mettre le fondement de leurs desseins. Et si l'on voit que déjà, sans avoir remarqué en v.M. de la douceur, ils se sont enhardis jusqu'à l'impudence qu'ils ont eue, voyant la chose aussi grave, comme il seroit de faire ce qu'eux demandent de v.M. en de si mauvais termes, il est très-facile de comprendre que la chose dont ils feroient leur point de départ pour aller par ce chemin, me semble peu convenable. Le châtiment, comme je la'i dit, seroit la chose la plus juste; mais, comme on ne peut le faire pour le moment, il me semble que ce qui reste au milieu de ces circonstances, c'est de tâcher, par tous moyens, de les séparer, et pour cela me sembleroit la meilleure voie celle que v.M. a commencé à suivre avec M. d'Egmont; et puis qu'elle dise dans ses lettres qu'elle viendra, et il me paroît qu'elle devroit lui montrer beaucoup de bonne volonté, et dire que, s'il sert v.M., elle montrera aussi promptement qu'il sera possible, et lui faire des caresses, pour le retirer et le séparer de la ligue; et lorsqu'il sera séparé, alors il sera temps de mon- | |||
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trer de la défaveur à quelques uns des autres, et de faire du bien et du régal à celui ou à ceux qu'il aura pu retirer avec lui: ils ne pourroient en aucune manière au monde avoir d'eux-mêmes de la défiance et de la crainte quant aux intentions de v.M.: le levain de toutes ces altérations c'est Renard; et si v.M. ne lui ordonne de se retirer de là, je tiens pour certain que chaque jour cette affaire et beaucoup d'autres iront plus mal. p. 197. l. 15. Ces Seigneurs, avec la compagnie dont j'ai écrit à v.M., n'ont pas été plus de deux jours à Anvers, et le Prince a été à Bréda, et Egmont y est retourné, et je n'ai pas appris qu'on y ait traité d'autre chose que de faire bonne chère, et je ne sais point s'il aura parlé quelque chose à part avec Strale. Je reviens à dire qu'il eût été fort bon qu'on eût agiGa naar voetnoot1 avec le dit Seigneur d'Egmont différemment qu'avec les autres, le traitant avec toute amitié; par ce que, comme j'ai toujours écrit, je crois que son intention est fort bonne, et qu'il est très-bien disposéGa naar voetnoot2; mais ils l'ont trompé. p. 203. l. 16. Je dis à v.M. que, quand aux mauvaises humeurs que nous avons chez nous, elles vont encore de mal en pis; et chaque jour de nouvelles et pernicieuses opinions trouvent accès dans l'esprit de ce peuple; vû qu'on leur donne à entendre mille choses auxquelles jamais n'a été songé, forgées, à ce que je crois, par Renard; comme ce que dit publiquement le Prince d'Orange à tous ceux qu'il rencontre et à une table publique que j'ai dit qu'il a commis crime de lèzemajesté, et que, en lui coupant la tête, tout seroit fini: si j'ai dit cela, j'ai dû le dire à quelqu'un, et il seroit bon qu'il l'eût nommé. Ils pourront dire que (je l'ai dit) à Madame, et son Alt. sait que jamais je n'ai dit chose pareille; au contraire, je dis que jamais cela ne m'est venu dans la pensée, et v.M. sait mieux que personne si jamais directement ou indirectement j'ai écrit chose qui fut de cette nature; mais je crois que l'on cherchoit une cause et que ne la trouvant point, on l'a fabriquée: et enfin il est nécessaire de souffrir, afin de ne gâter rien, et avoir patience, bien que ce soit chose dure, puisqu'ils n'admettent ni justification, ni éclaircissement; mais ils veulent le croire ainsi, ou montrer qu'ils le croyent, afin que d'autres le croyent | |||
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et d'où il me paroìt qu'il convient que je dise avec modération ce que je puis, afin que la vérité vienne au jour. p. 382. l. 25. Plût à Dieu que bientôt nous apprenions que ces visites se sont terminées, et que l'on soit délivré de ce qui semble devoir en résulter; et qu'elles ayent profité, si cela se peut, pour animer la Reinemère à ce qu'elle applique sérieusement le remède de la religion, ainsi qu'il conviendroit; et elle pourroit fort bien le faire, si elle n'étoit persuadée qu'en tenant les deux partis en discorde, elle peut agrandir ses affaires et établir son autorité; son fils avance en âge, et, si Dieu veut qu'il demeure Catholique, la Reine pourra se voir embarrassée avec lui, lorsqu'il connoitra le dommage que son pays a reçu, parcequ'on a traité cette affaire de la manière que nous voyons. p. 383. l. 7. M. d'Egmont, à ce qu'on me dit, retourne fort content de v.M., et montrant souhaiter beaucoup de chercher en tout à suivre les saints et justes désirs de v.M., spécialement dans l'affaire de la religion. p. 439. l. 26. Je me réjouis d'entendre, par ce que v.M. m'écrit, qu'il n'y a pas de fondement à ce qui se dit des changements qui devroient se faire; parceque, à la vérité, ainsi que je l'ai déjà écrit d'autres fois, tout changement d'importance, durant l'absence de v.M., pourroit amener un très-grand et notable préjudice, et je crains fort que ceux qui mettent en avant des changements pareils, ne doivent pas avoir tous les intentions bonnes, et je ne crois pas qu'il puisse y avoir une meilleure forme de conseils et de traiter les affaires pour le gouvernement de ces provinces que celle qui y est établie depuis le temps des Ducs de Bourgogne, et tout le mal qu'il y a résulte de la faute qu'il y a dans l'observation des instructions et ordonnances, et du peu d'autorité qu'on donne à v. M et à la justice. |
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