Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre XXXVIa.
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Ga naar margenoot+On s'attendoit que le Roi de Danemark assisteroit aux nóces du Prince. Un empèchement survint. Le Roi répond de Frederichsbourg le 9 nov., à une lettre du Prince écrite le 28 août à Leipzig. Le ton en est très-bienveillant et amical. ‘Da E.L. ettwas zu freundtlichem gefallen von uns widderfahren, ist solches aus freundtlichen gutten willen gern gethan, wie wir dan voriger unser freund- und kundtschafft, auch der jetzo newen und nehrer verwandtung halber, gegen dieselbigen.... billich auch gantz wol geneigt sein’ (MS.). Mon Cousin. J'ay despuis vostre partement pensé sur les deux poinctz que, me disant l'adieu, vous me mistes en avant, et sur lesquelz je vous diz que, pendant que vous seriez à Bréda, je vous escriproys sur iceulx ce qu'il m'en sembleroit. Le premier estoit des practiques que vous entendiez les François vouloyent mener en Allemaigne, et que vous aviez nouvelles que le Roy très-Chrestien envoyeroit le Rhingrave devers le Roy de Dannemarcke, et qu'il luy porteroit l'ordre de France, avec ouffre des portz du dit France et de grandes commoditez pour la négociationGa naar voetnoot1, surquoy je ne voys, après y avoir pensé, ce que, pour contreminer au contraire, l'on peut ouffrir au dit Roy de Dannemarcke spécialement, car de luy donner l'ordre de la Thoison, vous sçavez mieulx, comme estant | |
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Ga naar margenoot+d'icelluy, les causesGa naar voetnoot(1) pour lesquelles il ne convient d'en parler, avec ce que, sans chapitre de l'Ordre, l'on n'a accoustumé créer nouveaulx chevaliers; et, quant à la commodité des portz, les subgectz du dit Roy de Dannemarcke l'ont telle par deçà qu'ilz ne la sçauroyent désirer ny avoir aultre part plus grande, et si sont les capitulations de paix et d'amitié, faictes avec feu son père, telles qu'il ne peut nyer qu'il n'y soit esté traicté favorablement et aussi les a observé inviolablement son dit feu père et monstré tousjours grande affection et volenté à l'endroict de feu sa M. Impériale; et l'obligation du dit traicté passe aux successeurs, et, au commencement de l'advenue du Roy moderne au Royaulme, sa M. envoya devers luy et il démonstra clèrement de voloir suyvre les vestiges de feu son père, et ne sçay que dois lors sa dite M. luy aye donné occasion quelconque de changer de volenté, et mesmes qu'il aura peu sçavoir que, quelque practiqueGa naar voetnoot(2) que l'on aye mené à l'encontre de luy, sa M. n'y a jamais voulu donner l'oreille, ains conserver l'amitié inviolablement, et il fault espérer qu'estant obligé par les traictez, il ne vouldra, sans cause, prandre intelligence avec France qui soit contre sa M., et si sont les pays de par-deçà plus commodes pour la négociation de ses subgectz que ceulx de France, plus esloingniez et où il n'y a telle opportunité de distribution, ny sy grande affluence de marchandise, ce que cognoissant feu son père a tousjours estimé grandement ceste amitié et procuré icelle; ce que dextrement et par devisesGa naar voetnoot1 familiers vous luy pourriez bien, ce me semble, | |
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Ga naar margenoot+modestement ramentevoir et la fermeté de l'amitié de ce coustel, la variableté de celle de France, le peu d'appuy qu'il peult espérer de là, estant si loing, luy faire cognoistre le petit présent que c'est de l'Ordre de France, que se donne à toutes gens, voyres et de basse sorte; l'asseurer et luy oster toute umbre qu'il pourroit avoir quant à l'amité du Roi mon Seigneur, que sont toutes généralitez sur lesquelles il fault fonder ce que vous luy direz; car d'entrer en plus de particularitez, je ne voys sur quoy, ny me semble qu'il conviendroit que je m'y misse sans l'exprès commandement du Roy, duquel je n'ay riens dadvantaige de ce que vous sçavez, ny sçay si Monsr de Hornes ap portera quelque aultre chose; et si de ses propoz, ou après la communication qu'il aura tenu avec le dit Rhingrave, vous pouvez cognoistre qu'il prétende ou désire de ce coustel spécialement quelque chose, l'on en pourra, à vostre retour, avertir sa M. et, par vostre advis, escripray à icelle ce qu'il m'en semblera, et comme ceste amité n'emporte moins au dit Roy de Dannemarcke qu'à sa M. propre, comme feu son père et ses conseilliers l'ont bien tousjours monstré, tant plus espèré-je que vous aurez moyen plus facile de lui continuer le désir de persévérer en icelle. Quant à l'aultre poinct, qu'est de l'élection du Roy des Romains, je ne me suis apperceu que sa M. y aspire, et mesmes despuis que l'on vit le succezGa naar voetnoot1 de ce que l'on en négocia cy-devant avec les Electeurs; bien ay-je entendu que feu sa M. Impériale vouloitGa naar voetnoot2 dire souvent que, pour le bénéfice du Sainct-Empire, il fust esté bien que le Roy, | |
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Ga naar margenoot+mon Seigneur, fût esté associé à l'espoir de la succession de ceste dignité, mais que, pour son particulier de ses Royaulmes et pays, il treuvoit austant et plus d'argument pour jugier qu'il ne luy convenoit, que pour le contraire, et que souvent, y pensant, il ne se sçavoit résouldre lequel, pour son dit particulier, luy seroit plus convenable; toutesfois non saichant la volunté de sa M., il vault mieulx, comme il me semble, tenir entre deux et que ceulx qui en parleront avec vous entendent que, voyant sa M. que les Electeurs n'avoyent démonstré de le gouster, elle s'estoit abstenue de faire aultre diligence, se contentant jusques à oyres de, avec la bonne voisinance des Estatz du Sainct-Empire, régir et bien gouverner les siens, mais que vous ne sçavez si, congnoissant sa dite M. quelque désir et bonne volenté de ceulx de l'Empire en son endroict, elle viendroit à en faire poursuylte; et vous sçaurez très-bien noter, sur les responces qu'ilz feront à telz propoz, quelle inclination l'on en pourra là avoir, et, selon que vous pourrez descouvrir l'estat des practicques, l'on le pourra aussi faire entendre à sa M., afin qu'entendant le tout, elle y puisse prandre résolution telle qu'il luy plaira, et, si vous sentez qu'il soit question d'y advancer le Roy de Bohème, il ne me semble qu'il convienne, en façon quelconque, que vous le rebeutiez ou que vous faictes office au contraire, ny dictes chose par où qui que ce soit puisse prandre soubçon qu'il n'y aye toute syncère et entièreintelligence entre l'Empereur, les siens, et le Roy, mon Seignr; à quoy il fault tant plus avoir regard que plusieurs, pour leurs particuliers respectz et désirantz la ruyne de la Maison, procurent d'y mectre deffiance, ce que, s'il plaist à Dieu, ne succédera, et à | |
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Ga naar margenoot+tant prie le Créateur qu'll, mon Cousin, vousdonne bon Juillet, voyage et l'entier accomplissement de voz desirs. De Bruxelles, le 25 de juillet 1561. |
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