sans rivière parallèle, la limite de l'ancienne fôret maintenait disparue, voit toujours en présence les villes wallonnes et les villes flamandes. Le long de cette ligne que rien n'indique sur le terreau, mais qui correspond à la limite des terrains secondaires et primaires, sans se pénétrer, sans se repousser, sans se convaincre, rien que par la vertu souveraine et secrète du sous-sol, les deux races soeurs sont demeurées immobiles l'une devant l'autre. Ou, si elles ont bougé, elles ont seulement acquis l'une de l'autre de si minuscules emprises, que tout le savant ouvrage de M. Kurth sur la question de nos langues, conclut au statu quo depuis quinze siècles.
C'est que le calcaire, qui développe le Wallon, si la forêt a disparu, lui, rocher, n'a pas bougé. Comme non plus, n'ont changé, ni la route dure et montagneuse qui, au Wallon, fait le pied et le jarret; ni le contour des collines de l'horizon qui dresse son oeil aux perspectives nettes; ni la rivière rapide et capricieuse qui émiette son âme instable; ni l'air sec et portant loin les sons, qui éduque son oreille à la musique.
Si, jusqu'à telle limite géologique et linguistique, toutes les choses wallonnes, des plus stables jusqu'aux plus mobiles, ont continué de demeurer différentes des mêmes choses nées en Flandre, c'est donc que ce qui les détermine: la terre et le ciel n'ont pas cessé d'être, en Wallonie, dissemblables de ce qu'ils sont dans la Belgique du Nord.
Les mêmes carrières, pour ses maisons, pour ses églises, ont continué de donner à la ville wallonne, à pied d'oeuvre, les pierres qu'on n'a jamais possédées en Flandre que si on les transportait à grand'peine. Les mêmes champs, souvent de terre maigre, ont continué de fournir les mêmes sortes de céréales et d'herbages dont le paysan ou le bétail wallons se contentent; et les flamands, non. Enfin, en dehors des grands bassins houillers, d'ailleurs d'exploitation