La ville, fleur de la terre
Ces villes wallonnes, toutes ces villes cordiales, qu'elles soient amples et multiples comme Tournai, ou mignonnes et simplettes comme Walcourt, il est visible qu'elles se jettent au cou du premier venu qui les aime et, pour lui, n'ont guère de caché.
Mais pour ceux qui les honorent, à la manière qu'exigent leurs soeurs de Flandre plus volontaires, d'une contemplation attentive; pour ceux à qui ne répugne pas l'activité dans la tendresse, elles réservent cependant un supplément de confidences. A ceux-là, elles livrent le secret de leur nécessité concrète et solide. Par les routes souterraines de la science; par la sape et la mine et le marteau des géologues, elles décèlent sur quoi, comment, pourquoi, villes wallonnes, sur le sol wallon, elles ont été construites, nécessairement, telles qu'elles se présentent.
Cette recherche d'ailleurs, pour intime qu'elle soit, ne sera pas une défloration. Plus psychologue souvent, qui librement sensuel, le Wallon, à l'exercice qui démonte les rouages de ses sensations, et à faire raisonner son coeur, goûte un plaisir si réel quoique inattendu en une race aussi spontanée, qu'on ne peut trouver déplacé d'appliquer, à la connaissance de ses cités, un outil wallon par essence: l'analyse.
Considérons le sol pour ce qu'il est, un réservoir d'énergie. Il n'y a, dès lors, rien de contraire à la raison, ni d'attentatoire à la sensibilité, à prendre les villes qui en sont sorties, littéralement pour le produit déterminé de ces activités telluriennes.
Une ville, une agglomération humaine, c'est un organisme. A côté, ou mieux, par dessous une part considérable de sa construction qui est l'oeuvre plus ou moins volontaire et individuelle de l'activité décidée de ses auteurs, elle offre une quotité fatale de facteurs physiques, dont il y a également à tenir compte.