Ce n'est pas une rose... J'irai voir tout à l'heure, mais donne-moi ta main d'abord: d'abord ta main...
Voilà, voilà;... je ne puis me pencher davantage...
Mes lèvres ne peuvent pas atteindre ta main...
Je ne puis pas me pencher davantage... Je suis sur le point de tomber... - Oh! oh! mes cheveux descendent de la tour!...
Sa chevelure se révulse tout à coup, tandis qu'elle se penche ainsi, et inonde Pelléas.
Oh! oh! qu'est-ce que c'est?... Tes cheveux, tes cheveux descendent vers moi!... Toute ta chevelure, Mélisande, toute ta chevelure est tombée de la tour!... Je la tiens dans les mains, je la touche des lèvres... Je la tiens dans les bras, je la mets autour de mon cou... Je n'ouvrirai plus les mains cette nuit...
Laisse-moi! laisse-moi!... Tu vas me faire tomber!...
Non, non, non;... je n'ai jamais vu de cheveux comme les tiens, Mélisande!... Vois, vois; ils viennent de si haut et m'inondent jusqu'au coeur... Ils sont tièdes et doux comme s'ils tombaient du ciel!... Je ne vois plus le ciel à travers tes cheveux et leur belle lumière me cache sa lumière!... Regarde, regarde done, mes mains ne peuvent plus les contenir... Ils me fuient, ils me fuient jusqu'aux branches du saule... Ils s'échappent de toutes parts... Ils tressaillent, ils s'agitent, ils palpitent dans mes mains comme des oiseaux d'or; et ils m'aiment, ils m'aiment mille fois mieux que toi!...
Laisse-moi, laisse-moi, quelqu'un pourrait venir...
Non, non, non; je ne te délivre pas cette nuit...