Brieven aan zijn broeder. Deel 3
(1914)–Vincent van Gogh– Auteursrecht onbekend
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VINCENT VAN GOGH
Naar een pastel van Toulouse-Lautrec. | |
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THEO VAN GOGH
Naar een photographie. | |
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Parijs
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460Ga naar voetnoot**) Waarde Theo, (Zomer '86) Van morgen ontving ik Uw schrijven en vind dat het al heel mooi is dat ge de zaak hebt geëntameerd en het ijs gebroken, in zoover ge er met de Hollandsche heeren over gesproken hebt. En mijn ‘elle sera à la vapeur’ zie ik nog niet in dat onjuist is, daar ik zelf dat à la vapeur zijn in 't verschiet zie, en op staanden voet slechts in zoover, dat onze energie à la vapeur moet zijn. In 't verschiet zie ik 't wel en wat op staanden voet aangaat, ge herinnert U nog dat ik U zeide: Vang desnoods deze keer bot, maar dan is er vast eens over gesproken en dan moet er een tweede tocht naar Holland overheen. Voorloopig is er alle reden om met Vader | |
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Pangloss te zeggen: Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Wat het werk betreft, ik heb een pendant voor die bouquet die ge bij U hebt, verder een tak witte lelies - wit, rose, groen - tegen zwart, in den geest van een zwart Japansch verlakt met parelmoer ingelegd, die ge kent, - dan een takje oranje tijgerlelies tegen blauw fond, dan een bouquet dahlia's, violet tegen geel fond, en roode glaïeuls in een blauwe vaas tegen licht geel. Ik heb gelezen Bel Ami van Guy de Maupassant. De ruil tegen twee aquarellen Isabey zal ik heel goed vinden, vooral indien 't figuren van Isabey zijn. Zie er de pendant, die ik hier heb, bij te ruilen en iets anders er bij te krijgen. Zeg eens, is het onmogelijk de Otto Weber van Princenhage te krijgen, die mooie herfst? Ik zou daarvoor hun een serie maken van vier. We hebben meer aan schilderijen dan aan teekeningen, maar doe zooals het uitkomt. Groeten thuis, met een handdruk t.à.t. Vincent. | |
461Ga naar voetnoot*) Mon cher ami, (Zomer '87) Ci-inclus une lettre qui est arrivée d'hier, mais que le concierge ne m'a pas tout de suite remise. J'ai été au TambourinGa naar voetnoot**) puisque, si je n'y allais pas, on aurait pensé que je n'osais pas. Alors j'ai dit à la Segatori, que dans cette affaire je ne la jugerais pas, mais que c'était à elle de se juger elle-même. Que j'avais déchiré le reçu des tableaux, mais qu'elle devait tout rendre. Que si elle n'était pas pour quelque chose dans ce qui m'est arrivé, elle aurait été me voir le lendemain. Que puisqu'elle n'est pas venue me voir, je considérais qu'elle savait qu'on me chercherait querelle, mais qu'elle a cherché à m'avertir en me disant ‘allez-vous-en’ ce que je n'ai pas compris, et d'ailleurs n'aurais peut-être pas voulu comprendre. Ce à quoi elle a répondu que les tableaux et tout le reste étaient à ma disposition. | |
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Elle a maintenue que moi j'avais cherché querelle - ce qui ne m'étonne pas - sachant que si elle prenait parti pour moi, on lui ferait des atrocités. J'ai vu le garçon aussi en entrant, mais il s'est éclipsé. Maintenant je n'ai pas voulu prendre les tableaux tout de suite, mais j'ai dit que quand tu serais de retour on en causerait, puisque ces tableaux t'appartenaient autant qu'à moi, et qu'en attendant je l'engageais à réfléchir encore une fois à ce qui c'était passé. Elle n'avait pas bien bonne mine, et elle était pâle comme de la cire, ce qui n'est pas bon signe. Elle ne savait pas que le garçon était monté chez toi. Si cela est vrai, je serais encore davantage porté à croire qu'elle a plutôt cherché à m'avertir qu'on me chercherait querelle, que de monter le coup elle-même. Elle ne peut pas comme elle voudrait. Maintenant j'attendrai ton retour pour agir. J'ai fait deux tableaux depuis que tu es parti. Maintenant j'ai encore deux louis, et je crains que je ne saurai comment passer les jours d'ici jusqu'à ton retour. Car remarquez que lorsque j'ai commencé à travailler à Asnières, j'avais beaucoup de toiles et que Tanguy était très bon pour moi. Cela à la rigueur il l'est tout autant, mais sa vieille sorcière de femme s'est aperçu de ce qui se passait et s'y est opposée. Maintenant j'ai engueulé la femme à Tanguy, et j'ai dit que c'était de sa faute à elle, si je ne leur prendrais plus rien. Le père Tanguy est sage assez pour se taire, et il fera tout de même ce que je lui demanderai. Mais avec tout cela le travail n'est pas bien commode. J'ai vu de Lautrec aujourd'hui, il a vendu un tableau, je crois par Portier. On a apporté une aquarelle de Mme Mesdag, que je trouve très belle. Maintenant j'espère que ton voyage là-bas t'amusera, dites bien des choses de ma part à ma mère, à Cor et à Wil. Puis si tu peux faire de façon que je ne m'embête pas trop d'ici jusqu'à ton retour, en m'envoyant encore quelque chose, je tâcherai de te faire encore des tableaux car je suis tout-à-fait tranquille pour mon travail. Ce qui me gênait un peu dans cette histoire, c'est qu'en n'y allant pas, (au Tambourin) cela avait l'air lâche. Et cela m'a rendu ma sérénité d'y être allé. Je te serre la main, Vincent. | |
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462Mon cher ami, (Zomer '87). Je te remercie de ta lettre et de ce qu'elle contenait. Je me sens triste de ce que même en cas de succès, la peinture ne rapportera pas ce qu'elle coûte. J'ai été touché de ce que tu écris de la maison: ‘on se porte assez bien, mais pourtant c'est triste de les voir.’ Il y a une douzaine d'années pourtant on aurait juré que quand même la maison prospérerait toujours et que cela marcherait. Cela ferait bien plaisir à la mère si ton mariage réussit, et pour ta santé et tes affaires il faudrait pourtant ne pas rester seul. Moi - je me sens passer l'envie de mariage et d'enfants et à des moments je suis assez mélancolique d'être comme ça à 35 ans lorsque je devrais me sentir tout autrement. Et j'en veux quelquefois à cette sale peinture. C'est Richepin qui a dit quelque part:
Je trouve cela terriblement juste, mais à l'encontre de cela, l'amour vrai degoûte de l'art. Et il m'arrive de me sentir déjà vieux et brisé, et pourtant encore amoureux assez pour ne pas être enthousiaste pour la peinture. Pour réussir il faut de l'ambition, et l'ambition me semble absurde. Il en résultera je ne sais quoi, je voudrais surtout t'être moins à charge - et cela n'est pas impossible dorénavant - car j'espère faire du progrès de façon à ce que tu puisses hardiment montrer ce que je fais sans te compromettre. Et puis je me retire quelque part dans le midi, pour ne pas voir tant de peintres qui me degoûtent comme hommes. Tu peux être sûr d'une chose, c'est que je ne chercherai plus à travailler pour le Tambourin - je crois aussi que cela passera dans d'autres mains, et certes je ne m'y oppose pas. Pour ce qui est de la Segatori, cela c'est une toute autre affaire, j'ai encore de l'affection pour elle, et j'espère qu'elle en a encore pour moi aussi. Mais maintenant elle est mal prise, elle n'est ni libre ni maîtresse chez elle, surtout elle est souffrante et malade. Quoique je ne dirais pas cela en public, j'ai pour moi la conviction qu'elle s'est fait avorter (à moins encore qu'elle ait eue une fausse grossesse) - quoiqu'il en soit, dans son cas je ne la blâmerais pas. Dans deux mois elle sera remise j'espère, et alors elle sera peut-être reconnaissante de ce que je ne l'ai pas gênée. | |
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Remarquez que si en bonne santé et de sangfroid, elle refuserait de me rendre ce qui est à moi, ou me ferait du tort quelconque je ne la ménagerais pas - mais cela ne sera pas nécessaire. Mais je la connais assez bien pour avoir encore confiance en elle. Et remarquez que si elle réussit à maintenir son établissment, au point de vue des affaires je ne lui donnerais pas tort de préférer être la mangeuse et non la mangée. Si pour réussir elle me marcherait un peu sur le pied, à la rigueur, elle a carte blanche. Quand je l'ai revue elle ne m'a pas marché sur le coeur, ce qu'elle aurait fait si elle était aussi méchante qu'on la dit. J'ai vu Tanguy hier, et il a mis dans la vitrine une toile que je venais de faire, j'en ai fait quatre depuis ton départ et j'en ai une grande en train, Je sais bien que ces grandes toiles longues sont de vente difficile, mais plus tard on verra qu'il y a du plein air et de la bonne humeur. Maintenant le tout fera une décoration de salle à manger ou de maison de campagne. Et si tu te mettais bien amoureux et si tu te mariais ensuite, il ne me semblerait pas impossible que tu arrives à conquérir une maison de campagne toi-même, comme tant d'autres marchands de tableaux. Si on vit bien on dépense plus, mais on gagne plus de terrain aussi, et peut-être réussit-on mieux par le temps qui court en ayant l'air riche, qu'en ayant l'air gêné. Il vaut mieux se faire du bon sang que de se suicider. Bien des choses à tous à la maison, t.à.t. Vincent. |
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