De Amsterdamse boekhandel 1680-1725. Deel 1. Jean Louis de Lorme en zijn copieboek
(1960)–Isabella Henriëtte van Eeghen– Auteursrechtelijk beschermd
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Brieven aan T. Rémond de Saint-MardDu 14 novembre 1707 MonsieurJ'ay receu la derniere sans datte, que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire. Ce n'est point je vous assure monsieur par negligence, si je ne vous ay point envoyez de note, de ce que j'ay fait partir pour vous, mais c'est que je n'ay pas cru cela necessaire, vû que le vaisseaux sur lequel je les ay chargez pour Rouen, n'est pas encore parti. Mais enfin puisque cela vous fera plaisir, vous trouverez cette note de l'autre cotez avec les prix en argent de France. Vous ne me payerez que lorsque vous aurez receus les livres. Madame Boudot vous les remettra, ou pour mieux dire a monsieur l'abé Fraguier, parce qu'il y en a quelques-un qui ne peuvent pas passer. Je les ay mis dans un balle que j'adresse a monsieur l'abbé Bignon. Je n'ay pas encore eu la Reponce de monsieur Dacier a monsieur Masson. J'ay écrit en Angleterre pour les autres livres que je ne vous envoye point et que vous m'avez demandez. Ceux que je vous envoye en pettit papier ne se peuvent pas trouver en grand. Les Lettre d'Erasme ce vendent separement. Je vous les envoyerez par la premiere occation, mais Diogene de Laerce ne se trouve plus ainsi que l'Harmonie de monsieur le Clerc. Le Vossius grand papier ce vendent 86 florin de Hollande et le petit papier 66. J'en ay encore un grand pappier. L'Aristophane de monsieur Kuster n'est pas encore sous presse et ne paroitra pas de deux ans. On fait faire du papier expres pour cette edition qui sera tres belle. Les livres que je vous envoye sonts tres bien colationé. Vous me ferez plaisir de les faire colationair chez vous avant de les donner au relieur, car fort souvant les defets vienent par eux. Voila monsieur reponce sur votre derniere lettre. Il ne me reste plus qu'a vous demander la continuation de vos bonne grace. Je suis avec un profond respect votre etc. | |
Du 21 novembre 1707 MonsieurJe n'ay receu le billet que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire le 11 du courant que par le dernier courier, auquel je vais repondre. Les livres de medecine ne me conviennent point a imprimer. Je ne suis pas dans ce gout là. Ainsi monsieur le receuil que monsieur VieussentGa naar eind70 propose et dont l'autheur est assé connue n'est point de mon fait. Ce livre conviendroit mieux a quelques libraires de Leide. Si monsieur Vieussent y connoissoit quelques savans, il pourroit vous en ecrire, s'il le juge a propos. Au reste monsieur, je vous rend grace de la peine que vous avez prise a cet egard. Je me donnay l'honneur de vous ecrire il y a aujourd'huy 8 jours, a quoy je me refaire. Je vous prie monsieur d'avoir la bonté de rendre l'incluse a monsieur Dacier et de me croire avec respect etc. | |
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m'a dit qu'il n'y avoit point de Xenephon d'Hollande, mais bien un d'Angleterre, duquel il a dit son sentiment a monsieur l'abbé Bignon. Monsieur le Clerc estime plus l'ancienne edition de Xenephon, que cella. Le Sophocle d'Oxford n'es qu'en 8o et non folio, comme vous marquez. Il n'y a meme que deux tragedie d'imprimée. Monsieur le Clerc n'a pas encore ouis parler des deux Harangues de Demostene etc. Voila monsieur tout ce que je puis vous dire sur ce que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire, me referent a mes deux derniere lettres. J'envoye a Paris 10 Gruteri 4o grand papier et 6 petit papier. Vous en savez le prix, mais comme il y en a que fort peu d'exemplaires et qu'il y en yra point que ceux ci ne soit vendu, il faut que vous preniez au plutot votre parti. J'ay crus monsieur vous faire plaisir de vous donner cet avis. Permetez moy de vous prier de dire a monsieur l'abé Fraguier, que j'ay receus a point nomé sa lettre du 10 et l'augmentation du pere Hardouin, car l'imprimeur composoit sur la page, ou cette augmentation venoit. Faites moy ausi la grace de lui dire que je n'ay point eu de reponce du pere Hardouin au sujet des medailles, ce qui m'empeche de les faire graver. Vous me fairiez plaisir monsieur et monsieur l'abbé d'angager monsieur Dacier a voire six feuilles de son Horace par semaine. C'est a dire 3 de chaque imprimeur. Je suis tres fachez d'avoir entrepris cet ouvrage, car je vois que l'interet de mon argent ira plus haut que le profit que je pouray faire et j'aurois pu employer mon fond a quelque autre livre, que j'aurois fait imprimer sous mes yeux. Faite moy ausi l'amitiez de me dire si madame DacierGa naar eind71 travaille a l'Hodissée d'Homere, car je say que l'Illiade est tout prest. Je pourois bien m'acomoder de cet ouvrage, mais je ne voudrois pas l'un sans l'autre. Je suis avec respect votre etc. | |
Du 12 decembre 1707 MonsieurJ'ay receus la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire le 5 du courant. Je ne say point mentir, quand j'ay eu l'honneur de vous dire que je vous ay envoyez ce qui est contenu dans votre facture. Je vous ay dit la veritéz. Vous pouvez prendre la peine d'aller chez madame Boudot, qui a le connoissement de 4 balles que je lui envoye, qui vous en convincrat. Dans les dites balles il y a un seul exemplaire des Tragedies de Sophocle. Madame Boudot aimera autant vous les vendre qu'a un autre, mais il faut les retenir incessament. C'est a la dite dame a qui j'envoye les Gruter. A l'egard du Vossius, je ne le puis donner qu'en argent. J'en ay plus besoin que vous monsieur, puisque j'ay pour plus de 20000 l. sous presce. Au reste mon Vossius est charmant, grande marge. En un mot, il merite place dans votre cabinet. J'en envoye a madame Boudot deux exemplaires en petit papier, mais quand on a vû le grand papier cela paroit infame. Dans le premier envoye que je feray, je vous enveray les Lettre d'Erasme grand papier et tout ce que vous me demandez. J'envoye a madame Boudot deux St. Irenée grand papier. Je crois que vous pouray en avoir un. Je ne vous l'ay pas envoyez, parce qu'il n'estoit pas sur votre memoire. Monsieur Dacier m'a écrit. Il me promet de coriger 5 feuilles de l'Horace par semaine. Pourvû qu'il tienne parolle, je suis content. | |
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Je scay que madame Dacier n'a point traduit l'Odysée, mais comme je luy dit que je ne voudrois point de l'Illiade sans celui-la, je cru entrevoir qu'elle n'estoit pas elloignée d'y travailler. Si elle est chere, je say bien qui ne l'imprimera pas. Je n'ay pu trouver Suidas ici. Je suis obligez d'en faire venir d'Engleterre pour monsieur Pinart. Je vous prie de rendre l'incluse a monsieur l'abbé Fraguier, qui aura la bonté de la faire tenir au reverend pere Hardouin. Je lui enveray a monsieur Fraguier la semaine prochaine les feuilles que le dit pere me redemande. Je suis avec respect votre etc. | |
Du 29 mars 1708 MonsieurJ'ay receu la lettre que vous m'avez fait la grace de m'ecrire le 22 du courant. Je suis ravis, que vous aiez enfin receu les livres que je vous ay envoyé et que vous en soyez content. J'ay tiré aujourd'huy sur vous un billet de 182 l. 10 s., payable a 15 jours de vue et a l'ordre de monsieur van Zanten. J'espere monsieur, que vous y ferez honneur. C'est pour le payement des livres que je vous ay envoié. Dans le 1e envoy que je feray pour Paris je ne manqueray pas a vous envoier tout ce que vous me demandez, le tout en grand papier, autant que faire se pourra. L'Aristophane est sous presse. Il y en a deja 40 feuilles de faites. Tout l'ouvrage n'en aura que 100 sans compter les notes critiques et historiques que monsieur Kuster ne commencera a imprimer qu'a la fin de l'Aristophane. J'ay communiqué au dit sieur ce que vous me faite l'honneur de me dire sur les Lecons de Casaubon, qui se trouve dans la Bibliotheque du Roi. Il m'a dit que vous luy fairez plaisir de les luy faire avoir. Il m'a promis de m'envoyer un billet pour vous monsieur avant que je ferme ma lettre. Le 2e volume de Spanheim est sous presse en Angleterre, mais je ne scay pas quand il sera fait. Je vous enveray mon Vossius grand papier a la 1e occasion pour de l'argent et non pour des livres. J'ay deux grand magazins qui en sont tout plaints et j'ay une fort petite bource, ou il n'y a pas un sol. On est tres en colere icy contre monsieur l'abbé Fraguier de ce qu'il donne pas son Platon. Personne ne l'est plus que moy de ce qu'il ne m'a pas tenu le secret sur ce que je luy ay dit du pere Hardouin. Je suis etc. |