Hogendorp’ te 's Gravenhage, die hij als ‘un jeune Hollandois’ onder zijn bewonderaars gezien had. Men ziet de glimlach waarmee hij over dit antwoord, dat hem eerst na een jaar gewerd, zal hebben gedisponeerd. Hogendorp echter bleek nog volstrekt niet tevreden. Men had hem blijkbaar opnieuw over de zaak gesproken, en hij wenste nu ook nog zijn kans te beproeven om gelijk te krijgen bij de in zijn ogen niet minder verdienstelike auteur van de ook in Holland zoveel gelezen Belisarius, bij Marmontel. Hij wendde zich tot deze:
Monsieur,
Tandis que vous nous donnez de jolis contes et de charmans opéra, que vous vous rendez célèbre par d'excellens ouvrages philosophiques, tels que le Bélisaire, qui malgré l'Envie et la Superstition percera les Siècles, et sera lu tant qu'il y aura des hommes sensibles à la vertu, et des souverains qui la protègent, oserois-je, Monsieur, vous communiquer une petite dispute de Littérature, que j'ai eue avec Monsieur Diderot, et sur laquelle vous m'obligeriez beaucoup, de me dire sincèrement votre avis.
Vous verrez par le contenu des Lettres, que j'ai l'honneur de vous envoyer, qu'il s'agit de sçavoir si les mots en ace ou asse bref et long riment, et s'il vaut mieux en croire les Prosodistes, qui semblent avoir voulu donner des entraves à la Poësie, que les grands Maîtres, qui ont excellé dans cet art.
Je n'ai jamais soutenu, Monsieur, que la rime des a longs et des a brefs fut riche, mais j'ai dit qu'on pouvoit l'employer dans la nécessité.
Il me reste encore à vous donner, Monsieur, quelques éclaircissemens sur la manière, dont cette dispute a été traitée; et peut-être le ton, qui règne dans ma réponse à Monsieur Diderot les exige pour ma justification; consulté par le Prince de Gallitzin sur la rime des a longs et des a brefs, il lui répondit qu'on ne trouve ces rimes dans aucun des bons auteurs, tout au plus dans la Pucelle, ou dans quelques pièces fugitives, où l on souffre des rimes normandes etc.
Vous sentez, Monsieur, avec quel avantage j'aurois pu combattre Monsieur Diderot dans le commencement, si j'avois voulu l'attaquer sur cette réponse; mais j'ai préféré d'être honnête, et de lui proposer le cas de la dispute, tel que vous le verrez dans ma première Lettre; je m'étois flatté, Monsieur, de recevoir une réponse satisfaisante, et digne d'un Sçavant né parmi la Nation la plus polie de l'Europe; j'ai reçu celle, que vous trouverez dans ce paquet; je pris d'abord le parti de n'y point répondre, parce que le ton de la plaisanterie n'est pas mon fait dans une Langue qui m'est étrangère; mais enfin on m'a tant tourmenté, on m'a donné un défi si formel, que je me suis vu, pour ainsi dire, forcé d'y faire une réplique.
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Quoique ma réponse vous paroîtra peut-être un peu forte, je puis vous assurer, Monsieur, que j'estime beaucoup Monsieur Diderot, ainsi qu'un grand nombre de gens de Lettres, que votre patrie produit, et qui rendent ce Siècle égal aux plus beaux jours d'Athènes et de Rome.
Je ne me serois pas enhardi, Monsieur, à vous envoyer cette Lettre, si je ne connoissois votre politesse, et la douceur de votre caractère; je me souviens d'avoir eu l'honneur, de vous voir souvent chez Madame Geoffrin; vous ne répondrez pas par des indécences, et sur un ton magistral à un Etranger, qui ne demande que d'être instruit de la Prosodie de votre Langue, dans laquelle il fait quelquefois de méchans vers, quoiqu'il s'y connoisse assez, pour distinguer toute l'harmonie des vôtres.
J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus distinguée, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
La Haye ce 19. Juillet 1772.
[DE HOGENDORP.]
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