E. du Perron
aan
F. Hellens
Brussel, vermoedelijk 1 februari 1929
Bruxelles, vendredi soir.
Mon cher ami,
J'ai bien vivement regretté de ne pas avoir été chez moi, hier, à l'heure de ta visite. J'étais chez des amis chez qui j'avais dîné et ma mère n'est venue m'y chercher en auto qu'assez tard. Aujourd'hui je serais certainement venu chez toi si j'avais eu à ma disposition ‘l'ombre d'une voix’, - mais voilà: depuis mercredi soir j'ai attrapé une nouvelle chose en ite et aujourd'hui matin je me suis éveillé aphone. (Il y a de ces réveils moins gais que celui, si fameux, de ByronGa naar voetnoot1.).
Je continue donc de t'attendre, pour le moment sous les couvertures et tout en empestant la chambre de l'odeur d'alcool camphré et d'autres remèdes du même genre. Si tu venais dans 3 ou 4 jours je te parlerais peut-être de ma voix ordinaire et je pourrais essayer de charmer ton ouïe pas des sons amicaux et dévoués; - mais si tu venais demain je ne réponds pas de l'effet que je pourrais te produire. Je te dis tout ceci sachant que tu es un raffiné du gramophone, et que, pour te charmer, par une cacophonie, il faudrait que la cacophonie soit étudiée et pour le moins volontaire. Il paraît que tu as vu mon gosse et une autre pièce de la collection de ma mère: ma soeur adoptive javanaiseGa naar voetnoot2.; mais tu as échappé à une vieille dame qui eu fait par-tie, elle aussi, et qui est une cousine authentique de Vincent van Gogh.Ga naar voetnoot3. Tranquillise-toi pourtant, pour que tu y tiennes, tu ne perdras rien pour attendre.
Je te montrerai même cela. - Greshoff m'a dit qu'il irait peut-être chez toi demain soir (samedi). Fais mes compliments à tout le monde et crois-moi bien à toi
EdP.
Tu excuseras mon style et mes ratures: j'ai pris, depuis hier, nombre et choix aussi de remèdes intérieures.