Brieven. Deel 4. 2 januari 1933-30 april 1934
(1978)–E. du Perron– Auteursrechtelijk beschermd1535. Aan F. Hellens: Bellevue, 30 maart 1933aant.Bellevue, ce 30 mars '33. Mon cher Hellens, La misère dans laquelle je me débats depuis la mort de ma mère | |
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me dégoûte trop pour t'en parler longuement sur papier. Greshoff, du reste, peut te dormer tous les détails. Un jour on en parlera de vive voix. Où j'en suis? - au beau milieu; rien d'autre! J'essaie de travailler, pour autant que ma sitúation et embêtements matériels ne me l'empêchent pas. J'espère arriver à un résultat. Seulement, les éditeurs hollandois ont l'air de vous demander un roman de 400 pages avec insistance; puis ils vous offrent fl. 350. - Et il faut considérer cela comme un don du bon Dieu, à entendre Greshoff. Cela aussi me décourage énormément. Qu'est-ce que j'attends pour me faire aide-maçon? J'ai vu Méral dans des circonstances plutôt drôles: il a joué l'expert belge en livres érotiques et autres, dans un procès qu'a eu Bonnel. Il était très bien. Je lui ai fixé rendez-vous pour quelques jours plus tard; il m'a télégraphié de Touraine qu'il était retenu là-bas. Je n'ai pas eu envie de le relancer à son Chatham - j'attends. Je suis curieux de voir ton roman sans ‘je’. Tu le feras sans doute, comme je te connais; il n'y a aucun doute pour cela. Quant au Disque Vert,Ga naar voetnoot1. du moment que je n'aurai pas à ‘traduire’ moi-même, toute ma prose est à ta disposition. Malraux m'a consulté pour le Havelaar, je lui en ai longuement parlé en l'encourageant. Il est évident qu'un type de tout premier ordre comme Multatuli doit être traduit, et non seulement le Havelaar. Mais est-ce que ton type est capable de rendre le ton de Multatuli, qui est un ton unique, extrêmement personnel et plein de naturel? Surtout maintenant, puisque les choses qu'il avait à dire ont tout de même un peu vieilli, il faudrait rendre tout le prestige de l'accent; et il s'agit d'un type qui, sans en avoir l'air, écrivait extrêmement bien; ce sont les plus difficiles à traduire. - J'ai beaucoup moins peur pour ma prose que pour celle de Multatuli; du reste, il importe moins. Si Multatuli en français rate, ce sera le Hollandais le plus génial qui jamais ait manié la plume qui fera mauvaise figure. - Mais il y a eu déjà une traduction, et même deux, je crois, en français, du Havelaar?Ga naar voetnoot2. Le sais-tu? Pour ma prose: si tu prends qq. chose dans Nutteloos Verzet, je préfère que ce soit dans l'édition revue, qui est maintenant sous presse chez van Kampen, mais qui sortira fin de l'année. | |
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Je serais heureux de te voir à Lisboa, ainsi que ta soeurGa naar voetnoot3.; mais rien n'est encore sûr - absolument rien - avec nous! Nous pourrions être Dieu sait où, quand nous serons libérés de cet appartement, c.à.d. vers Octobre. Peut-être en Hollande, peut-être aux Indes - moi, en tout cas - peut-être à Lisboa ou en Espagne, peut-être tout simplement à Paris, dans un taudis quelconque. Et v'là. Crois bien que si je ne t'écris pas, c'est pour beaucoup par ces damnées ‘circonstances’. J'espère bien te revoir ici, avant notre départ. Amitiés à Maroussia et de Bep, et la main de ton E.
P.S. - Peux-tu avoir des détails concernant Lisbonne, de ta soeur, mais actuelles? Prix, climats, vie intellectuelle, sorties, etc. Enfin, estce qu'on y peut vivre et pour combien? Merci! |
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